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Rosetta-Philae: un succès historique pour la conquête spatiale

La comète "Tchouri" vue depuis la sonde Philae, lors de son approche, ce mercredi 12 novembre 2014.

La comète "Tchouri" vue depuis la sonde Philae, lors de son approche, ce mercredi 12 novembre 2014. - ESA

Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, l'Europe a réussi à faire atterrir un robot à la surface d'une comète, à près de 500 millions de km de la Terre. BFMTV.com vous fait revivre les grands moments de cet événement inédit.

12 novembre 2014: pour les scientifiques comme pour les férus de conquête spatiale, ce jour restera à jamais comme celui où, pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, un robot, Philae, transporté à bord de la sonde Rosetta, s'est posé à la surface d'une comète de la galaxie solaire, Tchourioumov-Guérassimenko.

L'Europe est à l'origine de cette prouesse phénoménale à près de 500 millions de kilomètres de la Terre, qui a demandé plus de vingt ans de travail, et un voyage interplanétaire long de plus de dix ans. "C'est un grand pas pour la civilisation humaine", a résumé Jean-Jacques Dordain, directeur général de l'Agence spatiale européenne. 

Retour en cinq actes sur une journée hors du commun.

> Le largage de Philae

Il est précisément 8h08 du matin en France lorsque l'Agence spatiale européenne confirme sur Twitter que le "jour J" est arrivé. La sonde spatiale Rosetta, lancée le 2 mars 2004, va enfin larguer le robot Philae qu'elle transporte à son bord, pour qu'il tente d'aller se poser sur la comète Tchourioumov-Guérassimenko. Un exploit inédit et phénoménal.

Peu après 10 heures, Philae est expulsé hors de la sonde, qui tourne en orbite autour de la comète depuis plusieurs mois. Le petit robot, qui pèse 100 kilogrammes sur Terre, mais seulement un gramme dans l'espace, est largué à 20 kilomètres de la surface de la comète. Il entame une chute libre qui va durer près de 7 heures, en se déplaçant à la vitesse d'un marcheur, soit 3,5 km/h. La comète, elle, évolue à une vitesse de... 18 km/seconde!

> Le contact rétabli

Comme prévu, deux heures après la séparation, l'atterrisseur Philae rétablit le contact avec la sonde Rosetta. A 12h06, sur Twitter, l'Agence confirme l'information. Dans la salle de contrôle du Centre européen d'opérations spatiales, en Allemagne, filmée en direct et diffusée sur le site de l'Agence, les téléspectateurs peuvent voir le poing victorieux levé en l'air par Andrea Accomazzo, directeur de vol de la mission Rosetta.

"Rosetta reçoit un signal de Philae", confirme Paolo Ferri, chef des opérations. "C'est un moment très important." "Tout semble normal pour le moment", commente pour sa part Stephan Ulamec, responsable de l'atterrisseur Philae. Les scientifiques, qui voient là le résultat de très nombreuses années de recherche, ne peuvent masquer leur fébrilité. 

Sur Twitter, Philae, qui possède un compte où ses aventures dans l'espace sont narrées à la première personne du singulier, s'amuse du "bien fou que ça fait d'étirer ses jambes après plus de dix ans" d'hibernation, alors que son train d'atterrissage vient d'être déployé. 

> Les "cartes postales" de l'espace

A 15h17, Philae interpelle la sonde Rosetta sur Twitter. "Tu as bien reçu ma première carte postale?" La réponse ne se fait pas attendre. Une minute après, sur le compte de Rosetta apparaît une photo légèrement floue, où l'on aperçoit la sonde. C'est la première photo prise par l'atterrisseur Philae. Le cliché a été effectué par l'instrument CIVA installé sur le robot, et composé de six micro-caméras, qui ont pour but de photographier la surface de la comète "Tchouri". 

Dans l'après-midi, d'autres photos vont suivre sur Twitter, prises successivement par Philae et par Rosetta. BFMTV.com les a rassemblées dans un diaporama.

> L'atterrissage...

Explosion de joie à 17h03: la confirmation est officielle, le petit robot Philae a atterri sur la surface de "Tchouri". Les scientifiques s'embrassent et se félicitent mutuellement (voir la vidéo ci-dessous), la prouesse est inestimable. "Nous sommes les premiers à l'avoir fait et c'est ce qui restera pour toujours!" lance le directeur général de l'Agence spatiale européennne, Jean-Jacques Dordain, qui parle d'un "grand pas pour la civilisation humaine".

A Paris, dans l'auditorium de la Cité des sciences, le président François Hollande prend la parole. "Les mots me manquent: exploit, réussite, succès... Vous avez gagné. C'est une avancée considérable de la conquête spatiale. Ce rêve doit être transmis à toutes les générations. Il y a d'autres limites à repousser, d'autres espaces à gagner. D'où nous venons, c'est une question grave. Moi je cherche à savoir où nous allons. C'est une victoire pour la science, pour le progrès, et pour l'humanité", conclut le chef de l'Etat.

> ...Et les premiers doutes, vite balayés

La joie retombe soudainement quand, à 18h40, l'Agence spatiale européenne confirme qu'un problème technique a été détecté: les harpons de Philae ne se sont pas ancrés correctement sur la surface de la comète. "Nous avons des indications que les harpons pourraient ne pas s'être activés, ce qui voudrait dire que nous sommes posés sur un matériau meuble et que nous ne sommes pas arrimés", indique Stephan Ulamec, en charge de Philae. "Nous devons analyser la situation".

Le doute s'installe: et si la mission avait tout simplement échoué? Finalement, le suspense prend fin en début de soirée, peu après 20 heures, lorsque le directeur de l'Agence spatiale européenne annonce la bonne nouvelle: "Philae va bien!" Le robot a survécu à l'atterrissage, et le contact radio fonctionne toujours. Par ailleurs, "Philae a encore de la batterie", précise le responsable. Selon les premiers éléments, le robot aurait peut-être rebondi doucement avant de se reposer une seconde fois.

Mais l'essentiel est là: une sonde qui a voyagé plus de dix ans dans l'espace a réussi à larguer avec succès un robot sur la surface d'une comète, découverte en 1969 par un homme et une femme soviétiques. Une page de l'Histoire s'est tournée en ce 12 novembre 2014.