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Rosetta: le robot Philae a "reniflé" des molécules organiques sur la comète

Une maquette réalisée par l'Agence spatiale européenne montre le robot atterrisseur Philae, à la Cité de l'espace de Toulouse.

Une maquette réalisée par l'Agence spatiale européenne montre le robot atterrisseur Philae, à la Cité de l'espace de Toulouse. - Remy Gabalda - AFP

Avant de "s'assoupir" faute d'énergie solaire à l'ombre de sa comète, le module Philae a pu "renifler" l'atmosphère de 67P et trouver des molécules organiques, ont confirmé des scientifiques.

L'Agence spatiale européenne (ESA) n'en a pas encore officiellement rendu compte, mais le spectromètre et chromatographe (système COSAC) de Philae a pu "renifler" des molécules de "carbone organique" dans le nuage de poussière formé juste après l'atterrissage du module. Le professeur Fred Goessmann, de l'Institut Max Planck de recherche sur le Système solaire, responsable de l'appareil de conception allemande à l'origine de cette découverte, l'a confirmé à BBC News.

Le scientifique a aussi ajouté que les scientifiques étaient encore en train d'interpréter ces résultats, notamment pour déterminer le degré de complexité de ces briques de matière carbonée. Voici confortée l'hypothèse selon laquelle les comètes pourraient être à l'origine de la vie sur Terre: en percutant sa surface il y a des milliards d'années, elles lui auraient "livré" ces premiers assemblages moléculaires indispensable à l'émergence de toute forme de vie, telle que nous sommes capables de la définir.

Un autre instrument, Mupus, chargé de sonder la surface, a quant à lui montré que la comète Tchourioumov-Guérassimenko était "dure comme de la glace".

Les données du forage toujours incertaines

Parmi la dizaine d'instruments scientifiques embarqués par Philae, beaucoup d'espoirs reposaient sur l'outil de forage SD2. Malheureusement, si un forage a bien été effectué avec les dernières forces du robot, de nombreuses incertitudes subsistent. Ainsi, Fred Goesmann déplore un manque d'information "sur la quantité ou la masse de l'échantillon". Les scientifiques ne sont pas non plus certains que le résultat du forage ait pu être analysé par un autre instrument, l'analyseur de gaz Ptolémée. Un prélèvement de la comète aurait bien été déposé dans le four approprié pour pratiquer les tests, mais les données ne sont pas parvenues aux scientifiques.

Selon un communiqué du DLR (Centre allemand pour l'aéronautique et l'aérospatial), il faudra attendre le printemps prochain pour voir si l'ultime manœuvre de réorientation des panneaux solaires de Philae a réussi, et si celui-ci pourra se réveiller et transmettre des données qui resteraient en suspens. Car outre sa pile, qui était prévue pour durer une soixantaine d'heures et assurer la première séquence scientifique, Philae est doté de batteries rechargeables. Stephan Ulamec, responsable de l'atterrisseur à l'agence allemande, se dit "très confiant sur le fait que Philae reprendra contact avec nous et sera capable de faire à nouveau fonctionner ses instruments", quand la comète se rapprochera de notre étoile.

Philae à l'ombre, un mal pour un bien?

Mais ce rapprochement vers le Soleil comporte aussi sa part de risque pour le robot. Il y a une période idéale limitée, "un compromis avant que Philae n'ait trop chaud et ne meure", explique le professeur Mark McCaughrean, de l'ESA. Selon le scientifique, le fait que Philae soit tombé à l'ombre d'une falaise pourrait se révéler un avantage. "Cela pourrait nous permettre d'atteindre un ensoleillement maximum, sans que la température ne monte trop et provoque une surchauffe". L'avenir dira si les optimistes avaient raison sur la suite de la mission Rosetta.