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Pyrénées: des microparticules de plastique détectées dans l'air au sommet du pic du Midi

Le Pic du Midi de Bigorre, image d'illustration.

Le Pic du Midi de Bigorre, image d'illustration. - PASCAL PAVANI / AFP

Si la présence de microplastiques avait déjà été confirmée dans la neige du Mont-Blanc et de l'Everest, la pollution de l'air à ce type de particules restait encore "relativement inexplorée" selon les chercheurs.

Une première dont les scientifiques se seraient bien passés. Des microparticules de plastiques ont été détectées pour la première fois dans l'"air pur" des montagnes du pic du Midi, dans les Pyrénées, soit dans l'air brassé au-dessus des nuages, selon des résultats publiés mardi par la revue Nature Communications.

Si l'on sait bien les océans touchés par une forte pollution au plastique et que la présence de microplastiques a déjà été aussi confirmée dans la neige du Mont-Blanc et de l'Everest, la pollution de l'air à ce type de particules restait encore "relativement inexplorée", selon des chercheurs du CNRS.

Ils viennent de confirmer que du plastique est bien présent en suspension dans l'air, bien que sous la forme de résidus mesurant seulement quelques millimètres, à 2877 mètres d'altitude. L'"air pur" des sommets n'est donc finalement pas épargné non plus par la pollution.

1 microplastique tous les 4m3

Pour parvenir à ces résultats, une équipe de scientifiques du CNRS, comptant des chercheurs de l'Université Grenoble Alpes 2 et de l'université de Strathclyde en Écosse, a utilisé une pompe à air installée à l'Observatoire du Pic du Midi. Pendant quatre mois, l'engin a filtré l'air à haute altitude grâce à des filtres au maillage très serré. Les filtres ont ensuite été analysés et ont révélé la présence d'un microplastique tous les 4 m3.

"Si leur présence ne représente pas de risque direct, elle reste surprenante dans un endroit éloigné des sources de pollution", souligne le CNRS dans ses conclusions.

Comment des particules de plastiques issus de notre vie quotidienne, comme le polystyrène et le polyéthylène, ont-elles donc pu se retrouver dans l'air à une telle altitude? Pour le comprendre, les scientifiques ont utilisé des modélisations mathématiques permettant d'analyser le déplacement des masses d'air.

Des particules venues d'Afrique et d'Amérique du Nord

Ils ont ainsi découvert que les plastiques n'avaient pas une origine locale, mais qu'ils avaient traversé les mers et les océans. "Elles peuvent ainsi provenir d’emballages décomposés en Afrique et en Amérique du Nord ou encore dans l’océan Atlantique", explique Jeroen Sonke, rattaché au laboratoire de Géoscience de Toulouse, au Parisien.

Pour le chercheur Steve Allen, auteur principal de ces travaux, c'est l'origine marine d'une part de ces particules qui constitue l'enseignement le plus saillant de l'étude.

"Que le plastique soit tiré de l'océan jusqu'à de telles altitudes montre qu'il n'y a pas de puits de stockage éventuel, il tourne en rond dans un cycle perpétuel. Ça montre qu'on ne peut pas juste envoyer le plastique à l'étranger, car il va vous revenir" sous une autre forme, explique-t-il à l'AFP.

D'autant que certaines des particules analysées, de l'ordre du micron, "sont d'une taille que nous pouvons respirer," ajoute Deonie Allen, également auteure de l'étude. Ces résultats "montrent qu'il s'agit bien d'un problème mondial", ajoute la chercheuse.

Juliette Desmonceaux avec AFP