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Pourquoi la Nasa va envoyer la sonde Cassini se désintégrer dans l'atmosphère de Saturne

La sonde Cassini lors de son dernier passage en orbite de Saturne va se brûler les ailes et disparaître dans l'atmosphère de la planète.

La sonde Cassini lors de son dernier passage en orbite de Saturne va se brûler les ailes et disparaître dans l'atmosphère de la planète. - Nasa

La sonde américaine Cassini a émis son dernier message vendredi en plongeant vers Saturne, a annoncé la Nasa.

C'est son baroud d'honneur. Après 20 ans d'aventure spatiale, la sonde Cassini s'est écrasée sur la planète pour l'observation de laquelle elle fut conçue: Saturne. Cette gigantesque masse d'hydrogène et d'hélium (principalement, mêmes si des gaz rares ont été recensés), entourée de ses mythiques anneaux sera le cimetière de l'engin spatial.

En entrant au contact de la haute atmosphère, Cassini s'est désintégrée, sans autre forme de procès après avoir émis son dernier message.

Le "Grand Final" comme l'appelle la Nasa avec un certain sens de la dramaturgie a en réalité débuté dès ce 26 avril 2017. La manœuvre consiste à effectuer 22 passages entre la surface de la planète et ses anneaux.

Mais pourquoi sacrifier la sonde placée en orbite autour de Saturne depuis le 30 juin 2004? Quelle mouche a donc piqué les ingénieurs de la Nasa?

Un sacrifice utile et inéluctable

Il existe deux bonnes raisons de précipiter Cassini à sa perte. De façon très pragmatique, la première tient au fait que la sonde arrive à court de carburant. "Comme on est à la fin, on peut prendre des risques, frôler cette énorme planète en passant entre elle et ses anneaux, et ce faisant, faire plein de mesures", avance auprès de France 24 François Forget, planétologue et directeur de recherche au CNRS.

La seconde procède de considérations un peu plus lointaines. Il s'agit de ne pas menacer l'intégrité du système saturnien. L'épopée de Cassini en orbite autour de la géante gazeuse depuis 2004 est parsemée d'au moins deux moments marquants qui expliquent pourquoi l'humanité prend autant de précautions. La première rencontre s'est faite six mois après la mise en orbite avec Titan. Sur ce satellite naturel, Cassini a largué Huygens, le robot atterrisseur mis au point par les Européens. Un monde semblable à la Terre par bien des aspects, mais en réalité beaucoup plus froid, et où le méthane liquide à cette température aurait "remplacé" l'eau. Plus tard, Cassini a scruté Encelade, autre lune dont jaillissent des geysers d'hydrogène alors que sous la surface gelée s'agite un océan liquide.

Or, ces deux satellites seraient susceptibles d'abriter - pourquoi pas? - une forme de vie, fut-elle exotique et se fondant sur une autre chimie que celle du carbone. En entrant dans la haute atmosphère de Saturne, la sonde qui aura coupé sa caméra pour réduire au maximum les données à transmettre tentera de garder son antenne pointée vers la Terre afin de communiquer avec nous jusqu'à la dernière milliseconde.

De tous derniers instants qu'il sera possible d'apercevoir depuis la Terre avec un télescope. Mais il ne sera pas facile de capter ce flamboyant et furtif final, Cassini déboulant à plus de 120.000 km/h sur Saturne.

David Namias