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Possibilité de vie sur Encelade: la Nasa spécule-t-elle un peu trop?

La quête pour détecter la présence d'une vie extraterrestre est l'une des grandes missions dont l'agence américaine s'est saisie. Mais est-elle en train de jouer sur les mots?

Il ne fait aucun doute que les découvertes réalisées par la Nasa sont fascinantes. L'agence spatiale américaine a rendu compte ce jeudi de 13 ans d'observation d'Encelade, une lune de Saturne, et confirmé ce qu'on soupçonnait déjà: la présence d'un océan liquide sous une épaisse couche de glace. Mieux, en octobre 2015, les scientifiques ont fait traverser à la sonde les geysers du satellite pour analyser à l'aide d'un spectromètre la composition des jets produits à son pôle sud. Et ils y ont trouvé des traces d'hydrogène et la preuve d'une interaction avec la roche qui compose une sous-couche. 

"Cette découverte représente vraiment une trouvaille pour la mission Cassini, car nous savons maintenant que le satellite Encelade réunit presque tous les ingrédients nécessaires à l'apparition de la vie", a commenté jeudi l'astronome Linda Spilker, scientifique sur la mission Cassini.

Dans cette déclaration, l'adverbe "presque" fait malheureusement toute la différence. Quant à la découverte d'une exobiologie au sens propre du terme, il faudra encore patienter.

La Nasa s'avance-t-elle un peu trop?

Les scientifiques de la Nasa ont certes pris les précautions d'usage: "Bien que nous n'ayons pas détecté la vie, nous avons trouvé une source d'alimentation de la vie", a expliqué Hunter Waite, du Southwest Research Institute à San Antonio au Texas.

"C'est un peu comme un magasin de confiseries pour des microbes."

Dont acte. Mais Daniel Cordier, planétologue et chercheur au CNRS de Reims interrogé par RTL, porte un jugement plus circonspect sur l'annonce de jeudi. Il relève "la marque d'une interaction entre l'océan d'eau liquide etles roches qu'il y a dans les régions plus internes d'Encelade". Quant à la présence de micro-organismes, c'est dit-il, "s'avancer vraiment beaucoup".

La Nasa suppute ensuite que l'hydrogène détecté pourrait être utilisé comme source d'énergie par des micro-organismes. Ainsi, selon les estimations des scientifiques, Encelade offre l'équivalent en énergie de 300 pizzas par heure ce qui serait amplement suffisant pour subvenir aux besoins d'une éventuelle vie microbienne. "C'est la première fois que nous sommes en mesure de compter les calories d'un océan extraterrestre", a relevé Christopher Glein, géochimiste de l'institut de recherche texan. 

"Là on entre dans la science-fiction", tranche le planétologue français.

Difficile à vérifier autrement qu'en se rendant sur place

Pour vérifier la présence d'une vie microbienne sur Encelade le planétologue en vient à la conclusion que le meilleur (le seul?) moyen serait de se rendre sur place. Deux obstacles s'opposent à cette expédition: la distance de 1,272 milliard de km et la nécessité de percer l'épaisse couche de glace qui entoure le satellite saturnien. 

Du côté de Jupiter, la lune Europe intéresse également la Nasa. Grâce au télescope spatial américain Hubble, des scientifiques ont observé en 2016 ce qui paraît être un geyser d'une centaine de kilomètres de hauteur. Comme Encelade, le satellite possède lui aussi un océan sous une couche de glace. Dans les années 2020, la mission Clipper ira voir cela de plus près.

David Namias