Pour plus d'1 Français sur 2, les théories scientifiques ne sont que des "hypothèses parmi d'autres"

Le cabinet Gece a publié ce mardi les résultats de son sondage conduit auprès de plus de 3200 Français, pour Franceinfo, La Croix et Universcience, explorant le rapport entretenu par nos concitoyens avec la science et les scientifiques. Il en ressort une impression de scepticisme.

L'enquête se veut une Etude sur le développement de l'esprit critique des Français en 2021, comme l'annonce son titre, dans le contexte de la pandémie. Pilotée par le cabinet Gece pour franceinfo, La Croix et Universcience - l'établissement public regroupant la Cité des sciences et de l'industrie - qui l'ont publiée ce mardi, elle saisit le regard que posent nos compatriotes sur la science mais aussi les scientifiques. C'est un curieux mélange de scepticisme à l'égard de ce domaine et de confiance placée en ses professionnels qui en ressort.

Un fait scientifique n'est un fait que pour 27% des Français

Ce "Baromètre de l'Esprit critique" a donc cherché à explorer le rapport nourri par les Français à l'égard de la science, de ses praticiens et des chercheurs. Ainsi, ils sont 53% à estimer que les "théories scientifiques ne sont que des hypothèses parmi d'autres". En face de ce contingent, on ne trouve que 36% de partisans résolus des pistes ouvertes par la science.

Toutefois, du point de vue scientifique lui-même, une "théorie" n'est pas un fait. C'est pourquoi le sondeur a aussi demandé aux Français s'ils jugeaient qu'un "fait scientifique" ne pouvait "pas être discuté ou débattu". Seuls 27% des membres du panel ont répondu qu'on ne pouvait pas remettre en cause un fait scientifique, contre 65% s'insurgeant contre une telle impossibilité.

Pourtant, pour 43% des Français la science est bien "indépendante pour valider ses découvertes", contre 40% de contradicteurs. "La science est-elle la seule source fiable de savoir sur le monde?" 41% des sondés le pensent en tout cas, au contraire d'un nombre à peu près égal des interrogés (40%). Quant à savoir si la science doit "douter de ce qui n'a pas encore été prouvé ou vérifié", ils sont 81% à reprendre cette assertion à leur compte.

Les Français ont confiance en leurs médecins

Le cabinet Gece a aussi questionné le facteur humain. Il apparaît ici que parmi les professions scientifiques, ce sont les médecins qui inspirent la plus grande confiance aux Français. 51% de nos compatriotes disent l'accorder à l'intégralité ou à la majorité d'entre eux. Total qui s'étoffe encore des 38% déclarant s'en remettre du moins à "certains". 44% des Français ont confiance en les chercheurs et scientifiques, 40% en seulement quelques-uns d'entre eux.

Ce n'est certes pas tout à fait un plébiscite mais le tableau est plus flatteur que la perception renvoyée à d'autres catégories. Ils sont par exemple 9% à faire confiance à tous les politiques ou à l'essentiel d'entre eux, 36% à compter la leur à quelques-uns parmi eux, et un raz-de-marée de 50% à dire ne pouvoir se fier à "aucun" de ces responsables.

Il faut reconnaître que la popularité des journalistes n'est pas bien gaillarde non plus: 15% des sondés leur prêtent largement crédit, et 51% acceptent d'accorder leur confiance à certains. 29% les rejettent en revanche en bloc.

L'audiovisuel, première source d'information des Français

La problématique des sources d'information se pose alors. Malgré la défiance affichée envers la presse, il apparaît que ce sont bien les médias - audiovisuels surtout - qui demeurent le principal fournisseur des Français en ce domaine. Ils sont en effet 42% à citer les journaux radio et télé, 44% les documentaires spécialisés et 27% les sites scientifiques.

Enfin, 81% des sondés assurent "prendre en compte un maximum d'opinions" avant de s'en forger une propre. 51% des personnes interrogées affirment "préférer discuter avec des gens ayant des opinions différentes des leurs", tandis que 46% admettent l'inverse.

Sondage réalisé du 17 au 28 février dernier auprès de 3218 personnes constituant un échantillon représentatif de la population française. La méthode des quotas a été appliquée.

Robin Verner Journaliste BFMTV