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Les images du transit de Mercure devant le Soleil

Photo prise à travers un télescope depuis l'Observatoire royal de Greenwich, au Royaume-Uni, montrant Mercure (le point noir à gauche) se déplaçant devant le Soleil, le 9 mai 2016.

Photo prise à travers un télescope depuis l'Observatoire royal de Greenwich, au Royaume-Uni, montrant Mercure (le point noir à gauche) se déplaçant devant le Soleil, le 9 mai 2016. - Leon Neal - AFP

Rare, ce phénomène a duré sept heures et demie. Mercure a donné l'impression de grignoter l'un des bords du Soleil puis il l'a traversé très lentement avant de ressortir de l'autre côté.

Un tel événement ne s'était pas produit depuis dix ans. En France, il n'avait pas été vu depuis 2003. Mercure, la plus petite planète du système solaire, est passée ce lundi entre la Terre et le Soleil, apparaissant comme un tout petit disque noir se déplaçant devant notre astre.

Le phénomène a commencé à 13h12 heure de Paris et s'est achevé à 20h42 heure de Paris. Sous réserve de météo favorable, il était visible dans la partie du monde où il faisait encore jour à ce moment-là, en Europe de l'Ouest et en Amérique du Nord et du Sud.

Avant l'événement, les astronomes avaient insisté sur la nécessité de respecter des consignes de sécurité car regarder le Soleil directement sans protection provoque des lésions oculaires irrémédiables. 

Pour découvrir le spectacle, il fallait disposer d'instruments astronomiques: la planète étant trop petite, les lunettes spéciales pour les éclipses solaires n'étaient d'aucune utilité. Il fallait "un instrument astronomique pour grossir l'image du Soleil", explique Pascal Descamps, astronome à l'Observatoire de Paris. Les astronomes amateurs pouvaient utiliser lunettes et télescopes à condition de les protéger par des filtres solaires appropriés.

Un phénomène rare

A moins de le suivre sur internet grâce à diverses institutions scientifiques, notamment le compte Twitter de la NASA, l'agence spatiale américaine. Ou de l'Observatoire de Paris, qui avait mis en place un direct depuis son site de Meudon (Hauts-de-Seine), malgré un ciel voilé en région parisienne.

"A Paris, nous avons profité d'une percée du Soleil pour faire nos observations", indique Pascal Descamps. L'événement était "rare car il exige un alignement presque parfait du Soleil, de Mercure et de la Terre", souligne-t-il.

"Excitant"

Encore peu explorée, la mystérieuse Mercure est la planète la plus proche du Soleil. Son orbite est très excentrique: son point le plus proche du Soleil se trouve à 46 millions de kilomètres de lui (périhélie), et le plus éloigné à 70 millions de km. La température à sa surface varie de -173 degrés Celsius à +427 C.

Toute petite (son diamètre est de 4.780 km seulement), la planète est rapide: elle fait le tour du Soleil en 88 jours. Elle passe tous les 116 jours entre la Terre et notre étoile. Mais du fait de l'inclinaison de son orbite autour de l'astre par rapport à l'orbite de la Terre, elle nous paraît la plupart du temps se trouver au-dessus ou en dessous du Soleil.

De ce fait, les transits de Mercure devant le Soleil sont peu fréquents: il y en a 13 ou 14 par siècle. Les prochains seront en novembre 2019, en novembre 2032 et en mai 2049.

"C'est toujours excitant de voir des phénomènes astronomiques rares de ce type", a jugé Martin Barstow, président de la Royal Astronomical Society, dans un communiqué.

Observé pour la première fois en 1631

C'est un savant français, Pierre Gassendi, qui a observé pour la première fois en 1631 un passage du "rusé" Mercure, selon sa propre expression, devant le Soleil. Ce transit avait été prédit quelques années plus tôt par Johannes Kepler, décédé en 1630 avant d'avoir pu le voir. Mercure tourne très lentement autour de lui-même.

La planète a été observée par deux sondes spatiales américaines, d'abord par Mariner 10 en 1974 et 1975 puis par Messenger qui a fini sa mission en 2015. L'Europe et le Japon se préparent à lancer en 2018 un duo de sondes pour la mission BepiColombo qui rejoindra Mercure en 2024.

"Les transits, tels que celui de Mercure devant le Soleil, nous aident à trouver des planètes gravitant en orbite autour d'autres étoiles", rappelle par ailleurs la NASA dans un tweet.

V.R. avec AFP