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La sûreté des centrales nucléaires françaises à la traîne

La centrale nucléaire de Cattenom, dans l'est de la France, le 12 octobre 2017. (Photo d'illustration)

La centrale nucléaire de Cattenom, dans l'est de la France, le 12 octobre 2017. (Photo d'illustration) - Patrick Hertzog - AFP

Toutes les mesures décidées après l'accident de Fukushima, en 2011, ne sont pas encore mises en oeuvre.

Nos centrales nucléaires sont-elles vraiment sûres? Une catastrophe telle que Fukushima peut-elle se produire en France? Après la catastrophe japonaise de 2011, l'autorité de sûreté nucléaire a imposé à EDF une série de nouvelles normes. Le fournisseur d'électricité les a-t-il prises en compte? 

"J’ai pris toutes les infos, donc je vais faire le briefing, à tout à l'heure", lâche au téléphone Thierry Queverdo. Cet agent EDF, que BFMTV a suivi dans son travail, est un peu spécial: il est membre de la FARN, la Force d'action rapide nucléaire.

300 agents EDF entraînés aux situations d'urgence

"On a été déclenchés cet après-midi à 13h pour une alerte sur le site du Blayais", explique-t-il à ses collègues après son coup de téléphone. Expert de l’urgence, il conduit des simulations d’intervention à risque. Ce jour-là, dans l'exercice, la centrale du Blayais en Gironde est touchée par une forte tempête. "Le site est isolé, les routes d'accès sont sous 50 cm d'eau", lit-il à ses coéquipiers. Une simulation pas si fictive: en 1999, la centrale a été inondée lors de la tempête Martin.

L'objectif de la FARN: éviter l’accident nucléaire. Créée en 2012, la structure est unique au monde. Elle regroupe 300 agents EDF qui, comme Thierry, s'entraînent toute l'année.

"Le scénario peut être un séisme, une inondation, une tempête; son objectif est de pouvoir porter assistance à un site en moins de 24h et maintenir le refroidissement des réacteurs de façon à ce que la sûreté soit garantie en toutes circonstances", développe sur notre antenne Pierre Eymond, directeur de la FARN. 

Le retard des diesels d'ultime secours

Pourtant, c'est insuffisant pour l'Autorité de sûreté nucléaire. Huit ans après Fukushima, EDF n'a toujours pas installé les diesels d'ultime secours. Ce dispositif vise à garantir une alimentation en eau et en électricité en cas de catastrophe. Sur les 58 réacteurs du parc nucléaire français, seuls deux sont équipés. 

Une situation à risque qui inquiète les associations de protection de l’environnement.

"Les exploitants, globalement, retardent systématiquement leurs travaux, avant tout pour des raisons financières. Ce n'est pas nous qui le disons, c'est l’autorité de sûreté nucléaire: un accident type Fukushima est possible demain en France", assure au micro de BFMTV Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire à Greenpeace France.

Il reste moins d'un an et demi à EDF pour mettre toutes les centrales nucléaires aux normes post-Fukushima.

Amélie Rosique, Benoît Durand-Kriegel et François Pitrel avec Liv Audigane