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La première centrale nucléaire flottante est prête pour un voyage de 5000 kilomètres

Cette centrale nucléaire flottante, la première du monde, est équipée de deux réacteurs capables d'alimenter une ville de 100.000 habitants

Cette centrale nucléaire flottante, la première du monde, est équipée de deux réacteurs capables d'alimenter une ville de 100.000 habitants - Alexander Nemenov - AFP

L'Akademik Lomonosov va bientôt quitter Mourmansk pour jeter les amarres dans l'extrême-orient russe à Pewek. Ce n'est pas un simple navire. A son bord, deux réacteurs nucléaires de 35 MW chacun ont été installés.

La Russie tient son calendrier. Dix ans après le lancement de sa construction, la première centrale nucléaire flottante du monde devrait entrer en fonctionnement cet été, comme prévu. Et pour montrer que tout est calé, l'agence publique russe de l'atome, Rosatom a convié une poignée de journalistes pour une visite de l'Akademik Lomonosov. Ce navire unique au monde de 140 mètres de long ressemble à une péniche. Fraîchement repeint aux couleurs de la Russie, il y a à bord, deux réacteurs KLT-40S capable de produire jusqu'à 70 MW d'électricité.

Cette centrale flottante s'apprête à quitter le port de Mourmansk, à quelques encablures de la Norvège, pour se rendre dans celui de Pewek, en Sibérie orientale dans l'extrême-orient russe. Arrivé sur place, l'Akademik Lomonosov sera reliée au réseau électrique local pour alimenter la populations et les entreprises de la région. Dès le mois d'août, cette centrale remplacera deux centrales hors d'âge, l'une thermique, l'autre nucléaire. La première a été lancée en 1961, la seconde en 1974.

De l'uranium enrichi à bord

Tout semble bien ficelé, mais pour Greenpeace, c'est un projet à haut risque. D'abord, le trajet entre Mourmansk et Pewek est celui de tous les dangers. Ce voyage maritime de 5000 km passera par la route du nord entre l'océan Atlantique et l'océan Pacifique par l'océan Arctique. Les défenseurs de l'environnement la considèrent comme un "cauchemar flottant". En effet, le navire partira avec l'uranium enrichi qui a été chargé à Moursmank pour faire tourner les deux réacteurs. Pour éviter tous risques lors du trajet, le navire sera remorqué et ne se servira pas de ses huit moteurs diesel. 

Trajet de l'Akademik Lomonosov entre Mourmansk et Pevek
Trajet de l'Akademik Lomonosov entre Mourmansk et Pevek © Google Maps

Après le succès de la série Tchernobyl, le spectre d'un accident hante les esprits. Selon L'Usine Nouvelle, qui a visité l'installation, "le confinement à double niveau des réacteurs est parfaitement étanche". L'article explique que dans ce domaine, le savoir-faire de Rosatom provient "des sous-marins et brise-glace atomiques, dont le précurseur, le Lenin, armé en 1959 et désarmé en 1989, a été transformée en musée aujourd’hui amarré dans le port de Mourmansk".

Mais pour Greenpeace, il y a un autre problème. L'association s'étonne du choix de Pewek. Pourquoi cette centrale capable d'alimenter 100.000 personnes va s'installer dans une bourgade de 5000 âmes? "La Russie suit une logique perverse", estime Greenpeace qui accuse le pays de "prévoir l’époque à laquelle le réchauffement climatique aura fait disparaître la glace des ports sibériens". Greenpeace précise que Pewek est le "fameux passage du nord-est reliant l’océan Atlantique et l’océan Pacifique et qui, avec le réchauffement climatique, ne devrait plus avoir de banquise l’hiver".

Pascal Samama