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Sciences

Des scientifiques américains veulent ressusciter le dodo

Cette photo prise le 16 septembre 2014 montre le squelette d'un dodo, un oiseau éteint, dans la grande galerie de l'Évolution du Muséum d'histoire naturelle de Paris.

Cette photo prise le 16 septembre 2014 montre le squelette d'un dodo, un oiseau éteint, dans la grande galerie de l'Évolution du Muséum d'histoire naturelle de Paris. - JOEL SAGET / AFP

Grâce à un séquençage de son génome puis un mélange de son ADN avec un animal proche actuellement vivant, le dodo pourrait revivre, selon ces chercheurs qui entendent faire de même avec le mammouth ou le loup de Tasmanie. Un projet qui soulève également des critiques.

Il est le symbole de l'extinction des espèces. Aujourd'hui, des scientifiques veulent faire revivre le dodo, ce drôle de gros oiseau incapable de voler, disparu à la fin du 17e siècle.

Le dodo vivait notamment sur l'île Maurice, dans l'océan Indien, isolé de tout prédateur - ce qui explique pourquoi il n'avait pas besoin de voler. Lors de l'arrivée des Européens, le dodo ne montrait aucune peur à l'égard des humains, ce qui en a fait une proie facile pour la chasse.

En outre, les hommes ont aussi apporté avec eux d'autres animaux comme des chiens, des chats ou des rats, qui ont accéléré la disparition de cette espèce, qui s'est éteinte en quelques décennies seulement.

Mélanger des ADN

Une équipe de la start-up Colossal Biosciences entend le ressusciter grâce au séquençage de son génome. Beth Shapiro, professeure à l'Université de Californie, explique à CNN que cette étape est déjà un succès, grâce à des extraits de matériel génétique pris sur des restes de dodos au Danemark.

L'étape suivante consiste à comparer ces informations génétiques avec celles d'oiseaux proches du dodo encore vivants, notamment dans la famille des pigeons. L'idée est ensuite de mélanger les deux ADN.

L'approche consiste à retirer les cellules germinales primordiales d'un œuf, à les cultiver en laboratoire et à modifier les cellules avec les traits génétiques souhaités avant de les réinjecter dans un œuf au même stade de développement, a expliqué Beth Shapiro.

Protéger d'autres espèces d'oiseaux en danger

Selon l'équipe de Colossal Biosciences, ces techniques utilisées pourraient permettre aux scientifiques de déplacer des traits génétiques spécifiques entre les espèces d'oiseaux afin de les protéger à mesure que les habitats se réduisent et que le climat se réchauffe. Ils espèrent que le projet ouvrira la voie à de nouvelles techniques de conservation des oiseaux.

"Nous sommes clairement au milieu d'une crise d'extinction. Et il est de notre responsabilité de raconter des histoires et de susciter l'enthousiasme des gens de manière à les inciter à réfléchir à la crise qui sévit actuellement", a déclaré Beth Shapiro.

En outre, les chercheurs ne souhaitent pas uniquement faire renaître un dodo, mais lui redonner vie jusqu'au bout avec un "réensauvagement", c'est-à-dire de réintroduire l'espèce dans son habitat naturel.

69% de la faune a disparu depuis 1970

Même si l'équipe réussit, elle ne fabriquera toutefois pas une copie conforme du dodo qui vivait il y a quatre siècles, mais une forme modifiée et hybride. L'entreprise Colossal Biosciences avait déjà fait l’actualité il y a quelques mois, annonçant lancer des travaux pour faire revivre le mammouth, mais aussi le loup de Tasmanie.

Le projet soulève toutefois des critiques. Certains spécialistes affirment que les sommes d'argent considérables en jeu pourraient être mieux utilisées pour protéger les quelque 400 espèces d'oiseaux, ainsi que de nombreux autres animaux et plantes, actuellement en danger d'extinction.

"Pourquoi se donner la peine d'essayer de sauver quelque chose qui n'existe plus depuis longtemps, alors qu'il y a tant de choses qui ont désespérément besoin d'aide maintenant", a déclaré à CNN Julian Hume, paléontologue qui étudie le dodo au Muséum d'Histoire Naturelle de Londres.

Dans son rapport de 2022, le Fonds mondial pour la nature (WWF) fait état d’un déclin de 69% des populations des espèces de vertébrés suivies entre 1970 et 2018.

Salomé Robles