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C’est prouvé, dire des gros mots fait du bien

Trois députés Sud-Coréens échangent des insultes, sous l'oeil des journalistes, après une session parlementaires le 18 décembre 2008 à Séoul. (PHOTO D'ILLUSTRATION)

Trois députés Sud-Coréens échangent des insultes, sous l'oeil des journalistes, après une session parlementaires le 18 décembre 2008 à Séoul. (PHOTO D'ILLUSTRATION) - Park Kyung-Mo - AFP

Blasphémer est bien plus utile que vous ne pourriez l’imaginer. Deux chercheurs américains assurent que les insultes nous libèrent physiquement, davantage que n’importe quel autre mot.

Le Capitaine Haddock et Donald Trump en savent quelque chose: dire des jurons soulage. Les scientifiques d’une université américaine ont examiné des phrases prononcées dans lesquelles se trouvent des gros mots, rapporte l'hebdomadaire américain Time Magazine. Certains pourraient moquer la vacuité apparente du sujet choisi, mais le psychologue Timothy Jay s’en défend.

"Si vous n'étudiez pas ce genre de langage, vous manquez une partie importante de l'être humain".

Il est vrai que beaucoup d’entres nous ne peuvent réprimer une injure lorsqu’ils se blessent ou lors d’une dispute. Parce qu’ils sont mal considérés par la société, ils heurtent plus que n’importe quel autre mot. La puissance d’un juron est donc bien supérieure à celle d'un mot policé.

"Ils nous permettent de nous libérer de nos émotions"

"On nous dit que ce sont des mots, dès le début, que vous ne pouvez pas dire. Nous punissons les personnes qui osent les exprimer", explique Benjamin Bergen. Ce chercheur en sciences cognitives explore la portée de la profanation dans son dernier livre "What the F".

"Nous éduquons socialement les enfants à considérer ces mots comme puissants".

Un avis que partage Timothy Jay. Celui-ci a enregistré et analysé des milliers de personnes en train de jurer, au cours de sa carrière au Massachusetts College of Liberal Arts. Selon lui, il existe deux raisons principales pour lesquelles nous blasphémons. Dans un premier temps, ces "gros mots" nous permettent d'extérioriser et de nous libérer de nos émotions. Aussi, ils livrent nos sentiments très efficacement, presque de manière immédiate, assure le psychologue et chercheur américain.

Ecrire ou lire une insulte n’a pas la même puissance

Etant donné que nous apprenons depuis notre plus tendre enfance que les jurons sont prohibés, lorsque nous les prononçons, notre corps réagit en fonction. "Les pores de la peau s’ouvrent et vous commencez à suer. Votre rythme cardiaque augmente et vos pupilles se dilatent", estime Benjamin Bergen, de l’université de San Diego, en Californie.

Aussi, lire ou écrire un juron n’a pas la même puissance que le proférer ou l’entendre. Mais nous ne les contrôlons pas tout le temps, c’est pourquoi les chercheurs estiment que les insultes ressemblent davantage à des éternuements, qu’à des phrases classiques.

Dire trop d'injures peut atténuer leur efficacité

Au-delà, les deux universitaires sont persuadés que les grossièretés peuvent aussi nous soulager. Les chercheurs ont ainsi noté que les personnes qui disaient un gros mot parvenait à mieux supporter la douleur ou l’inconfort, que ceux qui disaient un mot poli dans la même situation.

Dans la même étude -ils demandaient à leurs cobayes de plonger les mains dans de l’eau froide- ils notent que les patients les moins habitués à prononcer des jurons sont davantage soulagés que ceux qui ont en l’habitude. Attention donc à ne pas -trop- en dire, sans quoi l'on risque d’atténuer leur efficacité.

Brice Laemle