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C'est confirmé, l’homme de Néandertal était cannibale

Des personnes regardent une oeuvre de l'exposition "Première humanité" au musée national de Préhistoire, le 2 juillet 2008 aux Eyzies-de-Tayac, Dordogne. (photo d'illustration)

Des personnes regardent une oeuvre de l'exposition "Première humanité" au musée national de Préhistoire, le 2 juillet 2008 aux Eyzies-de-Tayac, Dordogne. (photo d'illustration) - Pierre Andrieu - AFP

Corps dépecés, os fracturés pour en consommer la moelle... Les preuves sont là. Il arrivait au prédécesseur de l’homme de Cro-Magnon de manger leurs congénères. Une nouvelle étude dans les grottes de Goyet, sur le territoire belge actuel, le montre à nouveau.

C’est une première en Europe du Nord. Une étude prouve que des Néandertaliens sont morts et ont été mangés par leurs congénères dans les grottes de Goyet, sur le territoire de l’actuelle Belgique.

"C'est irréfutable, ici aussi on pratiquait le cannibalisme", explique l'archéologue belge Christian Casseyas en parcourant du regard la "Troisième caverne" de ces grottes situées dans une vallée aux portes de l’Ardenne belge.

Des os reconstitués à partir de fragments

Que l’homme de Néandertal soit cannibal n’a rien de neuf. Des cas de cannibalisme étaient déjà avérés, mais il s'agissait de populations établies dans le sud de l'Europe, en Espagne (El Sidrón et Zafarraya) et en France (Moula-Guercy et Les Pradelles). Une étude parue en 2011 avançait déjà "que les premiers humains qui ont re-colonisé la Grande-Bretagne après l'âge de glace pratiquaient le cannibalisme", comme le notait Slate.

A la tête d'une équipe internationale, l'anthropologue française Hélène Rougier, de la California State University Northridge (Etats-Unis), a quant à elle reconstitué des os à partir de fragments épars et a donc réussi à prouver qu'à Goyet, l'homme de Néandertal était anthropophage.

Plusieurs os humains, issus de six individus (un nouveau-né, un enfant et quatre adultes ou adolescents), montrent en effet des traces de découpe, "pour les désarticuler et en enlever la chair", relève Christian Casseyas. Les Néandertaliens ont "cassé ces os de la même manière qu'ils cassaient ceux des rennes et des chevaux qu'on a trouvé à l'entrée de la grotte, certainement pour en extraire la moelle", ajoute l'archéologue.

Pratique mystérieuse

"Quelques-uns de ces os ont en outre été utilisés pour en faire des outils", pour "retoucher le bord des silex taillés pour les réaffuter", souligne Mme Rougier.

Les raisons de ce cannibalisme et l'ampleur du phénomène restent mystérieux et l'anthropologue ne peut avancer que des hypothèses. "Etait-ce systématique? Est-ce que ça n'a été qu'à certains moments particuliers?", s'interroge-t-elle.

"Je ne sais pas non plus interpréter la raison qui était derrière ce cannibalisme. Cela peut être purement alimentaire, mais ça peut être aussi symbolique... La raison reste ouverte", ajoute Hélène Rougier dont les travaux sur la grotte belge ont été publiés en juillet par Scientific Reports, un journal du groupe Nature.

Néandertal prenait aussi soin des corps des défunts (sans les manger)

Longtemps considéré comme un être rustre, l'homme de Néandertal, dont le cerveau est légèrement plus volumineux que celui de l'homme moderne, était parfois cannibale mais cela ne l’empêchait pourtant pas de prendre soin des corps des défunts, puisqu'il existe des exemples de sépultures néandertaliennes.

C'était il y a environ 40.000 ans, et la présence sur terre de l'homme de Néandertal touchait à sa fin. Bientôt, après avoir cohabité avec lui, il laisserait la place à l'homme de Cro-Magnon, notre ancêtre direct.

B.L. avec AFP