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Dépression, addictions, troubles du métabolisme: la faute à Neandertal?

Des personnes regardent une oeuvre de l'exposition "Première humanité" au musée national de Préhistoire, le 2 juillet 2008 aux Eyzies-de-Tayac, Dordogne.

Des personnes regardent une oeuvre de l'exposition "Première humanité" au musée national de Préhistoire, le 2 juillet 2008 aux Eyzies-de-Tayac, Dordogne. - Pierre Andrieu - AFP

Une petite part de nos gènes héritée des néandertaliens serait responsable d'une douzaine de maladies dont nous, homo sapiens sapiens, pâtissons encore.

Le métissage tardif d'homo sapiens avec homo neanderthalensis n'a pas donné que du bon. Plusieurs maladies, dont la dépression, des dérèglements du métabolisme ou certaines allergies seraient héritées de ces lointains et partiels ancêtres, révèle une étude parue dans la revue américaine Science. Cet encombrant legs génétique représente de 1,5 à 4% de notre génome. Il concerne tous les "non-Africains" précise la publication.

Les génomes de 28.000 Européens passés au crible

Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs de l'université de Vanderbilt de Tennessee ont directement comparé l'ADN de néandertaliens présent dans les génomes de 28.000 adultes de descendance européenne.

"Notre conclusion c'est que l'ADN des néandertaliens influence les traits cliniques des hommes d'aujourd'hui. Nous avons ainsi découvert une relation entre l'ADN de néandertalien et un large éventail de traits immunologiques, dermatologiques, neurologiques, psychiatriques ainsi qu'avec des maladies du système reproductif", explique dans un communiqué John Capra, biologiste et principal auteur de l'étude.

Avec un "degré de certitude élevé", les recoupements des chercheurs postulent que 135.000 variants génétiques sont hérités des gènes néandertaliens. L'étude en complète donc une autre, publiée en janvier 2016 dans la revue American Journal of Human Genetics, qui exposait que si les gènes néandertaliens favorisaient une capacité à écarter les infections, ils favorisaient aussi la manifestation d'allergies. Ainsi, le rhume des foins, l'asthme.

Un héritage pour le meilleur et pour le pire

"Nous avons établi des liens avérés avec une douzaine de traits dont la dépression, l'infarctus du myocarde et des problèmes sanguins. Il est possible que certains de ces traits génétiques aient constitué un bénéfice avant que ces populations ne quittent l'Afrique et qu'elles soient devenues néfastes dans un environnement plus moderne", explique Corinne Simoniti, coauteure de l'article.

Un avantage comparatif vieux de 40.000 ans en est-il toujours un? C'est la question qui se pose pour certaines adaptations de ces temps lointains. Souvent blessés à cause de leur mode de vie très actif, le néandertaliens possédait un sang qui coagulait très rapidement. Ils étaient ainsi moins exposés aux agents pathogènes. Avec notre manière de vivre contemporaine, cet avantage se mue en handicap qui peut favoriser la formation de caillots dans le sang et l'avènement d'accidents vasculaires cérébraux. 

De même, une lenteur du métabolisme par temps froid et en période de pénurie était un atout, en ce qu'elle signifiait une plus faible dépense calorifique. Aujourd'hui, c'est moins évident.

Autres facteurs de risques, une part des addictions, par exemple à la nicotine, serait liée à la présence de ces allèles néandertaliens. Ces mutations génétiques influenceraient encore nos cellules kératinocytes protégeant notre peau des rayons ultraviolets.