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Variole du singe: ce qu'il faut savoir sur le vaccin Imvanex, recommandé pour les cas contacts à risque

Mardi, la Haute autorité de santé a recommandé le recours aux vaccins antivarioliques de troisième génération dans le cadre de la propagation de la variole du singe, une maladie proche de la variole.

Alors que la variole du singe se répand progressivement en Europe et en Amérique du Nord, les vaccins antivarioliques regagnent en intérêt dans les pays où se détectent la maladie. Laissés de côtés dans les années 80 avec l'éradication de la variole, ces sérums se révèlent efficaces à 85% contre la variole du singe, de par la proximité entre les deux infections.

Imvanex, un vaccin danois développé par la firme Bavarian Nordic, est celui qui concentre toutes les attentions. De troisième génération, il est réputé pour engendrer moins d'effets secondaires que les vaccins antivarioliques utilisés dans les années 70. L'Espagne a déjà annoncé avoir passé commande pour de nombreuses doses, et la Haute autorité de santé (HAS) a annoncé mardi qu'elle recommandait la vaccination des cas contacts à risques des malades de la variole du singe uniquement avec ce produit.

BFMTV.com revient sur ce vaccin développé au début des années 2000, aujourd'hui appelé à jouer un rôle majeur dans la réponse mondiale à la variole du singe.

• D'abord développé pour répondre à une menace bioterroriste

En 1980, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) déclare officiellement la variole éradiquée à l'échelle mondiale. Les États du monde entier sont invités à détruire leurs souches conservées en laboratoire du virus, pour éviter un accident bactériologique. Mais comme le souligne un document de 2006 du ministère de la Santé, il est "possible (...) que des virus aient été conservés ou obtenus de façon illégale".

Une crainte qui pousse certains pays et laboratoires à continuer à travailler sur de nouvelles formules de vaccins antivarioliques. Aux États-Unis, les répercussions du 11 septembre justifient le développement du programme BioShield, destiné notamment à faire face à une épidémie de variole.

C'est ainsi pour le compte des États-Unis que Bavarian Nordic, une entreprise danoise, développe son vaccin antivariolique Imvanex au début des années 2000, avant qu'une première commande ne soit passée en 2009.

"Depuis 2010, Bavarian Nordic a livré son vaccin au stock stratégique national américain pour une utilisation d'urgence chez les personnes immunodéprimées, comme celles porteuses du VIH, pour qui l'injection de vaccins antivarioliques traditionnels n'est pas recommandé. Imvanex a également été fourni à d'autres gouvernements dans le monde", détaille un communiqué de presse de Bavarian Nordic datant de 2013.

• Quels effets indésirables?

Si le vaccin Imvanex est aujourd'hui recommandé par la Haute autorité de santé, c'est car il présente moins de risques que les vaccins antivarioliques "traditionnels", qui étaient administrés à travers le monde avant les années 80. La HAS évoque ainsi pour le vaccin Imvanex, de troisième génération, un "profil de tolérance, meilleur que celui des vaccins de 1re et 2e génération", ainsi qu'une meilleure efficacité.

Comme le précise la HAS dans son avis, les vaccins de 1re et 2e génération nécessitaient une technique d'injection particulière, avec une aiguille bifurquée, et pouvaient présenter une réponse immunologique et des effets indésirables graves, comme des encéphalites et des atteintes cardiaques. Pour ces raisons, ils sont contre-indiqués chez la femme enceinte, les personnes immunodéprimées ainsi que les enfants de moins d'un an.

Le vaccin Imvanex, autorisé par l'Agence européenne des médicaments depuis 2013, ne présente pas ces désavantages. "Il présente un mode d’administration et un profil de sécurité beaucoup plus favorable que ceux des vaccins de 1re et 2ème génération, tout en assurant une immunogénicité comparable. Il a été montré que la vaccination antivariolique avait une efficacité de 85 % pour la prévention de Monkeypox (le terme anglais pour 'variole du singe', ndlr)", détaille la HAS.

Imvanex est injecté à l'aide d'une aiguille "classique", dans la partie supérieure du bras. Quant aux effets secondaires, ils sont mineurs.

"Les effets indésirables les plus couramment observés sous Imvanex (qui peuvent toucher 1 personne sur 10) sont les maux de tête, les nausées, les myalgies (douleurs musculaires), la fatigue et les réactions au site d'injection (douleur, rougeur, gonflement, durcissement et démangeaisons)", explique l'Agence européenne des médicaments.

• Comment fonctionne ce vaccin?

La technologie d'Imvanex repose sur l'injection d'une "forme modifiée vivante du virus de la vaccine appelée 'vaccine Ankara' apparentée au virus de la variole", détaille un rapport de l'agence européenne des médicaments. La vaccine Ankara n'est pas dangereuse pour l'homme, et ne peut pas se reproduire dans les cellules humaines.

Ainsi, le sérum va "apprendre" à notre organisme comment se défendre face à la maladie. Quand une personne reçoit l'injection, son système immunitaire identifie le virus comme un corps étranger et fabrique des anticorps pour le combattre. Si une exposition à ce virus ou à un qui lui est proche se reproduit, les anticorps fabriqués lors de l'injection se manifestent pour le neutraliser.

Plusieurs études menées sur des personnes n'ayant jamais reçu le vaccin contre la variole ont montré que le niveau d'anticorps après la vaccination avec Imvanex était au moins aussi élevé qu'avec un vaccin antivariolique conventionnel.

• Combien de doses sont nécessaires?

Dans sa recommandation concernant la variole du singe, la HAS précise que les personnes recevant le vaccin Imvanex doivent recevoir deux doses de 0.5ml.

"Le schéma vaccinal de primovaccination comprend deux doses de 0,5 ml administrées par voie sous-cutanée avec un intervalle d’au moins 28 jours entre les deux doses".

Concernant les personnes qui ont déjà été vaccinées contre la variole, majoritairement les personnes âgées de plus de 50 ans, l'Agence européenne des médicaments recommande l'inoculation d'une dose unique, à l'exception des personnes immunodéprimées, qui doivent recevoir deux doses à 28 jours d'intervalle.

• Qui est concerné?

Quel public est appelé en France à recevoir ce vaccin? Comme l'a précisé la HAS dans son avis, ce sont d'abord les cas contacts à risque ainsi que les personnels soignants sans protection qui sont invités à recevoir le sérum danois.

En clair, "toute personne ayant eu un contact physique direct non protégé avec la peau lésée ou les fluides biologiques d’un cas probable ou confirmé symptomatique, quelles que soient les circonstances y compris rapport sexuel, actes de soin médical ou paramédical, ou partage d’ustensiles de toilette, ou contact avec des textiles (vêtements, linge de bain, literie) ou de la vaisselle sale utilisés par le cas probable ou confirmé symptomatique".

Mais également "toute personne ayant eu un contact non protégé à moins de 2 mètres pendant 3 heures avec un cas probable ou confirmé symptomatique".

Pour ce public, la vaccination doit avoir lieu "idéalement dans les 4 jours après le contact à risque et au maximum 14 jours plus tard", ajoute la HAS.

• Quel est l'état des stocks en France?

Mais la France dispose-t-elle des stocks suffisants d'Imvanex pour vacciner les cas contacts à risque des malades de la variole du singe? Oui, a répondu mercredi la nouvelle ministre de la Santé Brigitte Bourguignon.

"Les stocks sont là, nous avons des stocks stratégiques et il s'agira de vaccination ciblée, on ne parle pas de vaccination totale", a indiqué la ministre lors d'un déplacement à l'Institut Pasteur. Avant d'ajouter: "Les stocks sont parfaits pour l'instant, je ne peux vous en dire plus".

Aucune flambée épidémique de la maladie n'est d'ailleurs attendue, a précisé Brigitte Bourguignon. Mercredi, 7 cas avérés de la maladie étaient présents dans l'Hexagone. La variole du singe se manifeste d'abord par de la fièvre, des douleurs, avant d'évoluer vers des éruptions cutanées, caractérisées par d'impressionnantes pustules.

Jules Fresard