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Vaccination: l'objectif de 20 millions de Français vaccinés à la mi-mai est-il tenable?

Jean Castex a dévoilé jeudi les objectifs du gouvernement en termes de vaccinations: 20 millions de personnes vaccinées d'ici la mi-mai, et jusqu'à 30 millions d'ici l'été. Les médecins pensent la chose possible, mais à condition que l'intendance suive.

Le ton est volontaire, l'objectif ambitieux. "Nous devrions avoir vacciné au moins 20 millions de personnes" pour la mi-mai, a déclaré le Premier ministre Jean Castex lors de sa conférence de presse jeudi soir. 20 millions de personnes qui couvriraient tous les plus de 50 ans volontaires. "D'ici l'été, nous aurons reçu suffisamment de doses pour avoir proposé la vaccination à 30 millions de personnes, soit les deux tiers de la population de plus de 18 ans", a-t-il ajouté.

Pourtant, la réalité présente est pour le moins plus modeste en ces premiers jours du mois de mars. On compte à ce stade 3,2 millions de personnes ayant reçu une première injection, et environ 1,7 million ayant été vaccinées, c'est-à-dire ayant reçu les deux doses.

Autant dire que la marche est haute et que pour la gravir, il va falloir augmenter l'amplitude et la cadence de la marche. L'Etat veut donc impulser un nouveau rythme à la campagne de vaccination, afin qu'elle se poursuive sept jours sur sept, et ce, dès ce week-end.

"Il faut profiter des week-ends"

"Oui, c’est possible. Ça va d’ailleurs débuter à l’Assistance Publique via l’Hôtel-Dieu, ce sera sept jours sur sept, il y aura une période de tests dans les prochains jours", a assuré devant nos caméras Benjamin Davido, infectiologue à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches, dans les Hauts-de-Seine. L'extension aux week-ends est aussi rendue nécessaire par les difficultés de concilier vie active, rendez-vous vaccinal et couvre-feu pour le praticien:

"On sait que pour les Français qui travaillent, c’est très difficile avec le couvre-feu, en plus de ça s’il faut trouver des créneaux pour se faire vacciner, ça va devenir très compliqué." "Il faut donc profiter de ces week-ends", a-t-il ajouté, évoquant cependant un simple "geste symbolique".

De nouveaux centres de vaccination

Afin de proposer des rendez-vous le week-end et que ce geste "symbolique" trouve tout de même une efficacité concrète, de nouveaux centres de vaccination doivent voir le jour. Le volume horaire de ces établissements nouveaux sera parfois augmenté pour renforcer les capacités de vaccination.

Mais pour le médecin généraliste Ludovic Toro, médecin généraliste et maire de Coubron en Seine-Saint-Denis, renforcer les capacités de vaccination, c'est d'abord expédier un nombre correct de doses.

"Tout est possible si on est clair avec nous. Donc, il faut que je sache la capacité. Si je préviens tout le monde et que je me retrouve avec quatre ou cinq flacons, ça ne va pas être suffisant pour ma ville. Il faut vraiment que ce soit carré, organisé, anticipé", a-t-il dit, intervenant sur notre antenne.

Le gouvernement a annoncé l'envoi dès jeudi soir de 135.000 doses supplémentaires dans les 23 départements placés sous surveillance. Mais à bien examiner les temps de passage à satisfaire pour être à l'heure au rendez-vous fixé par Jean Castex à la mi-mai, il faudra que l'effort soit continu.

Le renfort des pharmacies... et de Johnson & Johnson?

"L’objectif voudrait dire qu’à la mi-avril, on devrait mener 162.000 vaccinations par jour. On en est loin car on est aux alentours de 90.000", a d'ailleurs relevé sur notre plateau ce vendredi le médecin généraliste et consultant santé de BFMTV, Alain Ducardonnet, qui a toutefois repris aussitôt:

"Mais la situation est un peu trompeuse parce qu’en fait l’évolution, elle, est franche. Premièrement: les médecins généralistes n’ont qu’un à trois flacons de vaccin, ils vont en avoir plus, et c’est d’ailleurs à ce niveau-là que la programmation devra être plus précise. On sait que 30.000 médecins généralistes sont prêts à vacciner. Deuxième élément: les pharmacies".

Les pharmacies, en effet, vont commencer à administrer le vaccin AstraZeneca et ce dès ce vendredi. "Les pharmaciens et les sages-femmes peuvent vacciner depuis aujourd’hui", a ainsi affirmé le ministre de la Santé Olivier Véran sur notre plateau ce vendredi alors même que la veille, le Premier ministre avait fixé cet horizon à "la semaine du 15 mars". "On dispose en gros de 22.000 pharmacies et 80% d'entre elles ont déjà participé à la vaccination contre la grippe. Il y a donc une démultiplication importante de la possibilité de vacciner", a évalué Alain Ducardonnet avant de conclure: "Donc clairement, l’objectif est réalisable, il faut juste que les vaccins arrivent."

Un nouveau vaccin pourrait d'ailleurs débarquer très bientôt: le vaccin Johnson & Johnson, qui serait commercialisé en Europe par la filiale européenne de la société américaine, Janssen. L'Agence européenne du Médicament va décider de l'opportunité ou non de le mettre sur le marché: elle devrait rendre sa sentence autour du 11 mars.

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV