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Une étude prouve que bien dormir limite drastiquement les risques d’infarctus et d’AVC

Selon une étude de l’INSERM, une partie des accidents cardiovasculaires pourraient être évités grâce à un sommeil optimal. Chaque paramètre compte et peut nous aider à réduire les risques.

Un meilleur sommeil peut-il éviter certains accidents cardiovasculaires comme des infarctus du myocarde ou des AVC? C’est la question à laquelle ont tenté de répondre des chercheurs de l’Inserm en collaboration avec le Centre hospitalier universitaire vaudois.

Dans une étude parue dans l’European Heart Journal ce vendredi 20 octobre, ils se sont intéressés au lien entre le risque d’accidents cardiovasculaires et cinq composantes de notre sommeil: la durée, le chronotype (être du matin ou du soir), la fréquence des insomnies, des somnolences diurnes excessives et les apnées du sommeil.  

"Les troubles du sommeil nous concernent tous", explique à BFMTV.com Jean-Philippe Empana, directeur de recherche à l’INSERM. "On a souhaité avoir une vision plus globale du sommeil, à la fois en quantité et en qualité, qu'on a essayé de mettre en relation avec le risque de pathologies cardiovasculaires".

"Le sommeil est un problème de santé publique", ajoute Aboubakari Nambiema, premier auteur de ce travail et chercheur postdoctoral à l’Inserm. "La plupart des études n’ont travaillé que sur une seule dimension du sommeil (…) mais pas l’ensemble de ces composantes".

60% des accidents cardiovasculaires évitables

Pour cette étude, ils ont fait remplir un questionnaire aux participants de 2 enquêtes. L’une a été menée à Paris et a inclus 10.157 adultes de 50 à 75 ans et l’autre a été menée en Suisse à Lausanne avec 6.733 participants de plus de 35 ans détaille l’INSERM.  

"Il faut imaginer qu'on a travaillé sur plus de 12.000 sujets, donc on ne pouvait pas faire ce qu'on appelle une polysomnographie, un enregistrement nocturne, donc on a utilisé des questionnaires", pour analyser le sommeil des participants explique Jean-Philippe Empana.  

Le questionnaire a permis de déterminer pour chaque personne un score qui varie de 0 à 5. Et pour avoir un score optimal selon les chercheurs il fallait avoir "7 à 8 heures de sommeil par nuit, être du matin, ne pas avoir d’insomnies, d’apnées ni de somnolence excessive en journée". En combinant les données des deux enquêtes, les équipes de l’INSERM ont montré que plus le score est élevé, plus le risque d’accident cardiovasculaire est faible.  

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Selon l’INSERM, le risque de pathologies cardiovasculaires est réduit de 38 % pour un score de 4 (27 % des participants) et 63 % pour ceux qui ont le meilleur score de 5 (10 % des participants). Ce qui signifie en d’autres termes que "près de 60 % des accidents cardiovasculaires pourraient potentiellement être évités si les individus présentaient tous un score optimal de sommeil", résument les chercheurs.  

Or, "10% seulement de la population avait un score optimal. Cela montre qu'en termes de prévention et de promotion de la santé liées au sommeil il y a un gros travail à faire", estime par ailleurs Jean-Philippe Empana.

Des solutions pour les mauvais dormeurs

"Par rapport aux études existantes, on a pu regarder aussi comment ces troubles du sommeil évoluaient dans le temps et comment ces changements étaient associés aux risques d’événements cardiovasculaires", se félicite le directeur de recherche.

Que faire si on a un mauvais score? Selon l’INSERM il n’est jamais trop tard pour réduire les risques:

"Même si, initialement, on avait un score médiocre, le fait d'améliorer son score de sommeil au cours du temps réduit le risque de pathologies cardiovasculaires", explique Jean-Philippe Empana.  

Dans le détail, l’INSERM indique que "ce risque a diminué de 16 % pour chaque point de score gagné au cours du temps, quelle que soit la composante du score qui a été améliorée". "Chacune semble avoir autant d’importance que les autres"précise Aboubakari Nambiema.  

"Le message ce n’est pas de dire aux gens de passer de 0 à 5 (…) mais déjà si on améliore une dimension de son sommeil on réduit d’environ 20% son risque de pathologies cardiovasculaires", poursuit Jean-Philippe Empana. "C’est substantiel".

Pour les deux chercheurs que nous avons interrogés, cette étude souligne donc la nécessité de prendre conscience de l’importance d’une bonne qualité de sommeil. Ils estiment aussi que ce type de questionnaire pourrait être un outil utilisé par les professionnels de santé.  

Caroline Dieudonné