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TOUT COMPRENDRE - Le papillomavirus, ce virus très répandu qui peut entraîner plusieurs cancers

Connu pour être à l'origine du cancer du col de l'utérus, ce virus peut également entraîner des cancers de la gorge, de l'anus, du pénis ou encore du vagin. Un vaccin à réaliser à l'adolescence existe.

Emmanuel Macron a annoncé ce mardi la mise en place d'une campagne de vaccination gratuite "généralisée" dans les collèges, à destination des élèves de 5e, pour éradiquer le papillomavirus. Ces annonces interviennent quatre jours avant la Journée mondiale de sensibilisation autour des maladies induites par le papillomavirus humain

En janvier, le patron du groupe mondial de communication Publicis Arthur Sadoun avait lancé un appel aux grandes entreprises pour "faire tomber le tabou du cancer au travail" et rappeler l'importance de la vaccination et ce quelques mois après avoir rendu public son combat contre une tumeur liée au papillomavirus humain.

· Le papillomavirus, c'est quoi?

Quand on parle de papillomavirus, le terme HPV est utilisé. Il signifie "human papillomavirus" en anglais, soit papillomavirus humain. Les HPV sont "une famille de virus communs qui se transmettent très facilement, quasiment exclusivement par contact sexuel (avec ou sans pénétration)", explique le site de l'Assurance Maladie. Il s’agit d’ailleurs "de l’infection sexuellement transmissible (IST) la plus fréquente."

"C'est une infection banale et extrêmement fréquente, c'est 80 à 90% de la population, hommes et femmes, qui va être en contact avec ce papillomavirus" au cours de sa vie, indique sur BFMTV Julia Maruani, gynécologue médicale.

"La majorité du temps l'infection est transitoire et s'en va toute seule, mais pour 5 à 10% elle persiste et peut causer des lésions sur différentes parties du corps", précise la médecin.

· Quels cancers peut-il entraîner?

Et ce sont ces lésions qui peuvent entraîner un cancer chez la personne infectée, parfois des années après qu'elle a été contaminée. Ce virus est surtout connu pour entraîner des cancers du col de l'utérus, maladie causée à 100% par le papillomavirus. Tous les ans environ 3000 nouveaux cas de cancer du col de l’utérus sont identifiés et environ 1000 femmes en meurent.

Mais les HPV peuvent également causer des cancers de la vulve et du vagin.

Ce virus peut d'autre part provoquer "des cancers de l'anus, que ce soit pour les hommes ou pour les femmes, des cancers ORL qui sont principalement chez les hommes, et aussi des cancers péniens, mais qui sont quand même moins fréquents", déclare Julia Maruani.

D'après les données de la Ligue contre le cancer, "chaque année, environ 6300 cas de cancers liés aux papillomavirus humains sont diagnostiqués en France, chez les hommes et les femmes, entraînant 2900 décès." Parmi les cancers provoqués par les HPV, 25% surviennent chez les hommes, souligne le ministère de la Santé.

"Le principal facteur de risque pour le cancer du col, le cancer du vagin, de la vulve et de l'anus, reste l'infection au papillomavirus", explique Julia Maruani. Concernant les cancers ORL, "il y a quand même toujours une co-infection, en lien avec le tabac et l'alcool, mais le papillomavirus est responsable d'un tiers des cancers de la gorge."

· Comment détecter une infection?

Actuellement, "le seul cancer lié au papillomavirus qui est dépistable c'est celui du col de l'utérus", déclare la gynécologue. En ce sens "pour cet organe il y a un dépistage organisé où les femmes doivent faire de 25 à 65 ans des prélèvements au niveau du col (...) Grâce à cela on soigne 35.000 lésions pré-cancéreuses par an, c'est autant de cancers évités".

Pour les femmes, "le dépistage par frottis doit être réalisé tous les 3 ans de 25 ans à 30 ans et tous les 5 ans de 30 à 65 ans", explique ainsi l'Assurance Maladie.

Pour les autres cancers, il n'existe pas de dépistage, mais des symptômes peuvent être observables en cas de développement d'une maladie. Concernant l'anus, "cela peut être une sensation de pesanteur, une gêne en allant à la selle, des saignements", détaille Julia Maruani, et "au niveau pénien cela peut être une lésion anormale, comme une rougeur, une lésion un peu surélevée, suintante."

En revanche, "pour les cancers de la gorge c'est très compliqué parce qu'il n'y a pas de symptômes à un stade précoce, ce sont des symptômes à un stade avancé."

· Peut-on se prémunir d'une contamination?

Il existe un vaccin qui permet de se prémunir de l'infection aux papillomavirus, recommandé depuis 2007 en France chez les jeunes filles. "Depuis le 1er janvier 2021, les recommandations s'appliquent également à tous les garçons", écrit le site Vaccination Info Service.

Il est recommandé de 11 à 14 ans mais un rattrapage est possible jusqu'à 19 ans. Il est également recommandé "jusqu’à l’âge de 26 ans, chez les hommes ayant ou ayant eu des relations sexuelles avec d’autres hommes", souligne la plateforme.

Tous les spécialistes appuient sur l'efficacité de ce vaccin car lorsque l'injection "est effectuée avant le début de la vie sexuelle, la protection conférée par le vaccin, contre les virus couverts par le vaccin, est proche de 100%", indique Vaccination Info Service. Tous les HPV ne sont en effet pas couverts par la vaccination, mais le vaccin Gardasil protège tout de même "contre les infections dues aux HPV de type 16, 18, 31, 33, 45, 52 et 58, qui sont en cause dans 90% des cancers du col de l'utérus", écrit l'Assurance Maladie.

En revanche, lorsque la vaccination est effectuée après le début de la vie sexuelle "la protection est moindre, car le vaccin ne protège pas contre les infections antérieures à HPV."

· Est-on assez vacciné en France?

La couverture vaccinale contre le papillomavirus est aujourd'hui très basse en France, en 2020 elle "était estimée à 41% pour une dose à 15 ans (vs. 35% en 2019) et 33% pour le schéma complet à 16 ans (vs. 28% en 2019)", écrit la Ligue contre le cancer. Et "seulement 6 à 10% des garçons seraient vaccinés. C'est une vraie problématique", ajoute Julia Maruani.

À l'inverse en Australie, "la couverture vaccinale d’au moins 80% de cette population a permis une réduction de plus de 77% des génotypes responsables de 75% des cancers du col de l’utérus", assure l'Assurance Maladie.

Les autorités sanitaires françaises visent elles 60% de couverture vaccinale contre les HPV chez les adolescents pour 2023 et 80% en 2030.

Salomé Vincendon
Salomé Vincendon Journaliste BFMTV