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Touraine envisage de limiter encore le niveau sonore des salles de concerts

Les jeunes privilégient l'écoute individuelle au casque, sans forcément penser à baisser le son. (photo d'illustration)

Les jeunes privilégient l'écoute individuelle au casque, sans forcément penser à baisser le son. (photo d'illustration) - Justin Tallis - AFP

Une étude révèle que plus des trois quarts des 15-30 ans ont déjà ressenti des troubles auditifs. Les médecins préconisent d'adopter le plus tôt possible de bons gestes pour préserver son audition.

Ils aiment écouter fort la musique, sont conscients des risques, mais ne changent pas leurs comportements pour autant: une étude sur le rapport des jeunes au son révèle que les troubles auditifs ne sont pas réservés aux populations les plus âgées.

Plus des trois quarts des 15-30 ans ont déjà ressenti des troubles auditifs comme des acouphènes (bourdonnements ou sifflements dans les oreilles) ou une perte d'audition à la suite d'une forte exposition sonore, indique une étude Ipsos réalisée à l'occasion de la douzième édition de la Semaine du son.

Touraine envisage de légiférer

Au point que la ministre de la Santé, Marisol Touraine, envisage de légiférer. Comment? En limitant le niveau sonore des casques audio et des enceintes dans les salles de concerts. "Nous avons réfléchi dans deux directions: s'assurer que les casques ne peuvent pas produire un son supérieur à un certain nombre de décibels", a déclaré Marisol Touraine sur RMC/BFMTV.

"C'est à dire, pour les casques qui sont vendus dans le commerce, voir si on peut faire en sorte que quelqu'un qui a un casque toute la journée ne puisse pas être exposé à des sons trop élevés en permanence", a-t-elle précisé. "La deuxième chose c'est: faut-il encadrer les sons qui sont émis dans certaines salles fermées, par exemple à l'occasion de concerts? C'est une réflexion que nous avons", a ajouté la ministre. 

"Ils ne s'imaginent pas vieillir"

Éviter d'écouter au casque pendant des heures, porter des bouchons d'oreille dans les concerts, s'éloigner des enceintes, autant d'attitudes que les 15-30 ans n'ont pas encore adoptées, alors qu'ils sont presque tous conscients (pour 98% d'entre eux) que "l'exposition excessive aux sons forts entraîne des problèmes auditifs". "Quand on est jeune, on a du mal à imaginer qu'on va vieillir, on a besoin de tester ses limites. Écouter de la musique forte, c'est un plaisir, dangereux, mais un plaisir", analyse le Dr Alain Londero, ORL à l'Hôpital Georges-Pompidou à Paris.

D'autant que les dommages sont le plus souvent définitifs, alerte le Dr Londero: "Si l'acouphène dure plus de quelques jours, il est très probable qu'il persiste pour toujours." Il ne s'agit pas d'arrêter d'aller aux concerts ou en boîte de nuit, met en garde le médecin, mais de "le faire de façon raisonnable et raisonnée". Or, seuls 7% des sondés utilisent des bouchons régulièrement.

Consultez dès les premiers troubles

Cette génération privilégie l'écoute individuelle de la musique puisqu'une très grande majorité (89%) utilise un casque ou des écouteurs, et ce pendant une heure et 43 minutes par jour en moyenne. 61% aiment tout particulièrement écouter au casque avant d'aller se coucher. Plus d'un jeune sur deux a l'impression que le niveau sonore est plus élevé que par le passé au cinéma, et 60% ont cette impression concernant les publicités à la télévision.

Enfin, fait préoccupant selon certains spécialistes, presqu'un quart d'entre eux (23%) ne fait jamais de pause dans l'écoute et un jeune sur dix ne baisse jamais le volume. S'ils écoutent aussi fort, c'est d'abord pour l'ambiance (40%), la qualité du son (34%), mais aussi par transgression. Quant à ceux qui ont déjà ressenti un trouble auditif, 55% déclarent n'avoir rien fait pour s'informer sur le sujet ou être pris en charge. Pour le Dr Landero, "Oreille cotonneuse, sifflement ou l'impression d'entendre tout trop fort... Si ça persiste après une nuit de sommeil, il faut consulter."

Cette étude a été réalisée en ligne entre le 23 et le 31 octobre 2014 sur un échantillon national représentatif de 501 personnes des 15-45 ans (données des 15-30 ans isolées).

A. G. avec AFP