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Santé: espoir autour d'un antidouleur plus puissant que la morphine, mais non addictif

La nouvelle formule du Levothyrox n'a pas entraîné "de problèmes de santé graves".

La nouvelle formule du Levothyrox n'a pas entraîné "de problèmes de santé graves". - DAMIEN MEYER / AFP

Cette avancée pourrait permettre d'endiguer la surmortalité liée à l'usage massif d'opioïdes, en proposant un traitement alternatif qui n'entraîne pas de dépendance.

Pour les scientifiques œuvrant à l'élaboration d'antidouleurs nouvelle génération, on s'approche du Graal. Il s'agit de résoudre cette équation jusque-là hors de portée, d'un produit le plus puissant possible, mais sans les effets secondaires dévastateurs qu'entraînent les drogues habituellement plébiscitées et qui ont le funeste défaut d'être hautement addictives. L'AT-121, un nouveau composé testé sur des singes et des rats, semble en passe de réaliser cette quadrature du cercle.

En plus de constituer une innovation sanitaire de première importance, cette substance pourrait aider à juguler la crise liée à un usage immodéré de la morphine et de ses multiples dérivés. Comme le précise auprès du Guardian Naurlain Zaveri de Astraea Therapeutics, l'entreprise californienne à l'origine du nouveau produit, "les opioïdes constituent les antidouleurs les plus efficaces". "Malheureusement, ajoute-t-il, leur action s'accompagne du risque d'effets secondaires."

Une urgence de santé publique aux USA

Des effets secondaires souvent mortels. Aux Etats-Unis, la crise des opioïdes a atteint des niveaux inédits. Le président Trump en a fait urgence de santé publique. En 2016, 60.000 Américains sont morts d'une overdose de morphine ou de produits apparentés. "Dans notre étude, nous avons trouvé que l'AT-121 était sûr et non addictif, ainsi qu'un analgésique efficace", explique le pharmacologue Mei-Chuan Ko, du Centre médical baptiste de la forêt de Wake. 

"En outre, ce composé était également efficace pour bloquer le potentiel d'abus des opioïdes délivrés sur ordonnance, tout comme le fait la buprénorphine pour l'héroïne. Nous espérons donc qu'il pourrait être utilisé pour traiter la douleur et l'abus d'opioïdes."

Traitement contre la douleur et contre la dépendance

La nouveauté de l'AT-121 est qu'il agit sur deux récepteurs clés du cerveau. Il cible d'une part le récepteur opioïde mu, comme le font les analgésiques conventionnels, dont les produits apparentés à la morphine. D'autre part, il vise le récepteur de la nocipeptine, régulateur de diverses activités cérébrales, dont le sentiment de dépendance. La nouvelle substance lie des deux actions conjointes en une seule et même molécule.

Il pourrait aider à se sevrer d'autres médicaments

Les premiers résultats rapportés dans la revue Science Translational Medicine sont très encourageants. Les essais conduits sur des macaques rhésus ont montré qu'une dose 100 fois inférieure de ce médicament avait la même efficacité que la morphine. Mieux encore, le second volet de l'action de l'AT-121, à savoir sa capacité à juguler le sentiment de dépendance, a révélé son influence sur des animaux qui avaient développé une dépendance à l'oxycodone, un analgésique très puissant. Au fil des prises, l'addiction des sujets s'est réduite, laissant penser que le produit pourrait être utilisé dans le but d'aider les patients à se sevrer d'autres médicaments.

Les essais sur les primates ont en outre révélé que l'AT-121 n'a entraîné aucune dépression respiratoire, ni aucun problème cardiovasculaire - comme peuvent en entraîner les opioïdes -, y compris à fortes doses. La tolérance du produit à long terme doit être confirmée, mais là encore, l'impossibilité de faire une overdose représente un avantage considérable.
David Namias