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Une femme enceinte et son bébé meurent en Ille-et-Vilaine: quelles sont les règles de l'accouchement à domicile?

Alors qu'elle devait accoucher chez elle, une femme de 37 ans est morte, ainsi que son enfant à naître, après des complications. La pratique est légale en France, mais très peu fréquente.

Des accouchements possibles, mais peu encadrés. Une femme de 37 ans et son enfant à naître sont morts vendredi 17 novembre en Ille-et-Vilaine, alors que la future mère avait choisi d'accoucher à son domicile, une double autopsie étant menée ce lundi. Quelles règles régissent en France les naissances à la maison?

Une pratique légale...

Dans l'Hexagone, une femme enceinte est parfaitement libre d'accoucher chez elle si elle le souhaite, aucune loi n'interdisant cette pratique. "Les femmes sont libres de choisir où et avec qui elles souhaitent accoucher", rappelle l'Association professionnelle de l'accouchement accompagné à domicile (Apaad), sur son site.

"(L'accouchement à domicile) est légal, remboursé par la Sécurité sociale et par certaines mutuelles", précise l'association.

Depuis la loi Kouchner, votée en 2002, tous les professionnels de santé doivent acquérir une assurance professionnelle en responsabilité civile. Mais leur coût faramineux reste très difficilement accessible pour les sages-femmes en libéral et beaucoup ne sont donc pas assurées.

...mais rare

Actuellement, les mères sont pourtant peu nombreuses à donner naissance loin de l'hôpital. Entre 0,5% et 1,9% des accouchements sont réalisés hors hôpital, selon une vaste étude de l'Insee menée entre 1980 et 2016, dont une majorité est assistée médicalement.

L'Apaad, de son côté, indique que 1.439 femmes ont entamé en 2022 un suivi prénatal auprès d’une sage-femme libérale de l'association pour accoucher à domicile, dont 83% ayant effectivement accouché chez elles, le reste ayant dû renoncer pour raisons de santé.

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Les sages-femmes pouvant pratiquer des accouchements à domicile sont par ailleurs peu nombreuses, moins de 100 selon l'Apaad, insuffisant pour répondre aux besoins.

Découragé par les autorités

Pour autant, les autorités de santé n'encouragent pas ce type de naissance. En cause, le risque de mortalité, plus élevé lors de complications pour les accouchements à domicile que pour les accouchements en milieu hospitalier.

De fait, pour accoucher à domicile, une femme enceinte doit être en parfaite santé et ne présenter aucun facteur de risque notable. Médecins et associations médicales recommandent également aux futures mères d'accoucher à une distance maximale située entre 30 et 45 minutes d'une maternité, pour le cas où des complications apparaîtraient.

Pour la vice-présidente du Collège national des gynécologues obstétriciens français Alexandra Benachi, qui s'exprime auprès de BFMTV, les accouchements à domicile font encourir le risque d'un "retard" de "prise en charge de l'hémorragie, par exemple, ou d'infections".

"Il va falloir transporter la femme et le nouveau-né vers une maternité. Dans ces cas-là, on sait que le retard à la prise en charge est un élément majeur de morbidité et de mortalité", met-elle en garde.

La volonté d'un environnement moins médicalisé

Pourtant, certaines femmes continuent de faire ce choix, expliquant préférer accoucher dans un environnement familier, dans ce moment important. Sarah, une mère de famille qui a accouché à domicile à deux reprises, explique à BFMTV préférer "limiter les interventions médicales".

"Je ne comprends pas pourquoi on doit aller dans des hôpitaux pour quelque chose de naturel. Ce n'est pas une maladie", argue-t-elle.

Sur les réseaux sociaux, des vidéos font la promotion de l'accouchement à domicile, dont certaines récoltent plusieurs centaines de milliers de vues. On y voit des jeunes femmes prodiguer des conseils aux femmes enceintes pour donner naissance chez elles. Mais prudence, ces internautes ne disposent pas toujours de formation médicale et peuvent encourager des pratiques risquées.

Juliette Desmonceaux