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Lissage brésilien: des chercheurs français alertent sur un produit toxique pour les reins

Des chercheurs français ont publié une étude concluant à la dangerosité d'une substance, l'acide glyoxylique, utilisée dans le cadre du lissage brésilien. Les scientifiques disent avoir fait part de leurs résultats aux autorités sanitaires françaises.

Les lissages brésiliens pourraient mettre en danger nos reins. L'acide glyoxylique, une subtance utilisée dans ce procédé de traitement capillaire, s'avère toxique pour nos reins, selon les conclusions d'une étude menée par des chercheurs français et publiée le 20 mars dans le New England Journal of Medecine, une prestigieuse revue scientifique américaine.

Ce produit, "s'il est absorbé (dans le corps), produit de l'acide oxalique, pouvant être responsable d'insuffisance aiguë" détaille auprès du journal La Provence le Dr Thomas Robert, nephrologue à l'hôpital de La Conception à Marseille et co-auteur de l'étude.

Ces effets toxiques n'avaient "pas pu être mis en évidence jusqu'ici parce que ces produits cosmétiques ne sont pas plus testés sur les animaux depuis 2013 en raison du bien-être animal, c'est un décret européen qu'a appliqué la France. Et donc forcément, on ne peut pas connaître les potentiels effets indésirables", précise le médecin auprès de BFMTV.

Un produit qui ne doit pas entrer en contact avec la peau

Surnommé aussi "lissage à la kératine", le lissage brésilien vise à lisser les cheveux sur la durée, tout en leur donnant un aspect brillant, souple et plus uniforme. Pour obtenir ce résultat, les professionnels appliquent d'abord un produit à base de kératine sur les cheveux avant de les passer plusieurs fois entre les plaques chauffantes d'un lisseur.

"C’est avant tout un soin profond, une sorte d''injection' de kératine dans la fibre des cheveux", précise au magazine Elle le coiffeur coloriste Romain, du salon parisien Romain Colors.

Mais selon les cinq co-auteurs de l'étude, issus d'hôpitaux parisien et marseillais et de l'université de la Sorbonne, ce "soin" pourrait donc causer des problèmes de santé amenés à s'aggraver à mesure que le lissage est répété.

Leur point de départ est le cas d'une jeune femme tunisienne qui a subi trois insuffisances rénales de ce type en l'espace de plusieurs années. Une coïncidence met alors les médecins sur la piste: ces crises sont à chaque fois intervenues après un lissage brésilien.

Cette femme a pu prendre une photo d'une bouteille du produit utilisé pour la transmettre à son médecin, qui a ensuite pu prélever un échantillon du produit. La liste des ingrédients indiquait la présence d'acide glyoxylique. En théorie, cette substance ne doit jamais rentrer en contact avec le cuir chevelu, pour éviter de potentielles irritations.

Thomas Robert explique que des cas similaires avaient déjà été documentés par des spécialistes israéliens pour 26 femmes, dont certaines ont durablement perdu des capacités rénales et sont dialysées.

Risque de troubles sévères et aggravés

Les chercheurs qui ont étudié le cas de la jeune Tunisienne présentent dans leur étude "la preuve qu'une crème de lissage contenant de l'acide glyoxylique est responsable d'une néphrotoxicité (toxicité pour les reins, NDLR)". "L'atteinte rénale ferait suite à une absorption par voie transcutanée au niveau du cuir chevelu", détaille Thomas Robert à La Provence, précisant, qu'"au fil des lissages, la répétition des agressions rénales aiguës est un facteur de risque majeur de développer à long terme une insuffisance rénale chronique".

"Les patientes déjà atteintes de maladies rénales pourraient voir leur état s'aggraver, jusqu'au stade de la dialyse", met-il en garde.

Dans l'étude du New England Journal of Medecine, les chercheurs expliquent également qu'ils ont testé, après avoir fait une demande à un comité d'éthique spécialisé, l'acide sur la peau d'une souris et obtenu des résultats mettant en avant sa toxicité.

L'acide glyoxylique a commencé à être incorporé dans les produits de lissage brésilien lorsque la substance habituellement utilisée, le formaldéhyde, appelé couramment "formol", a lui-même été progressivement interdit dans plusieurs secteurs d'activité depuis les années 2000.

Le Dr Thomas Robert affirme auprès de La Provence avoir transmis les résultats des conclusions de l'étude à l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), qui est "en train de documenter les choses", préconisant par ailleurs une interdiction de l'acide glyoxylique. Contactée par BFMTV.com, l'institution n'a à ce stade pas donné suite à nos sollicitations.

Glenn Gillet