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Cheveux crépus, calvitie: un député veut lutter contre les discriminations capillaires

Rola Amer, coiffeuse au salon "Curly Studio" pour cheveux crépus et bouclés, coupe les cheveux d'une cliente, le 2 mars 2022 à Paris

Rola Amer, coiffeuse au salon "Curly Studio" pour cheveux crépus et bouclés, coupe les cheveux d'une cliente, le 2 mars 2022 à Paris - Mohamed Hossam © 2019 AFP

Le député de Guadeloupe Olivier Serva veut déposer une proposition de loi pour "lutter contre toute forme de discrimination" liée aux cheveux. "On ne se rend pas compte de la violence que peut représenter le fait de devoir se lisser les cheveux pour trouver un emploi", résume l'ancien macroniste.

Des exemples à la pelle et une protection juridique jugée insuffisante. L'élu de la Guadeloupe Olivier Serva veut en finir avec les préjugés capillaires. Le député du groupe Liot, qui rassemble des anciens socialistes, des centristes et d'ex-macronistes, compte déposer une proposition de loi pour "lutter contre toute forme de discriminations liées à la texture, la longueur, la couleur et la coupe de cheveux".

Cet ancien membre de la majorité présidentielle multiplie les exemples pour justifier son combat. À commencer par Michelle Obama, qui n'a jamais porté ses cheveux au naturel lorsque son mari était le président des États-Unis, arguant que les Américains "n'étaient pas prêts à voir des tresses" à la Maison-Blanche.

Des cheveux crépus jugés "pas professionnels"

"On estime que 2/3 des femmes d'ascendance africaine changent de coupe de cheveux avant un entretien d'embauche (d'après une étude pour la marque de cosmétique Dove). On ne vous juge pas professionnelle si vous arrivez avec vos cheveux au naturel. On attend de vous que vous les lissiez", regrette Olivier Serva auprès de BFMTV.com.

Le député pointe également du doigt des études qui montrent que l'usage de produits lissants est dangereux pour la santé. Ils font courir un risque accru de cancer de l'endomètre en favorisant l'absorption des produits chimiques via des lésions ou brûlures sur le cuir chevelu.

La loi prévoit pourtant déjà de punir la discrimination sur l'apparence physique, mais elle est jugée insuffisante pour le parlementaire. Avec un exemple à l'appui: celui d'un employé d'Air France.

"On ne comprend pas les sujets liés à la discrimation"

Embauché en 1998 par la compagnie aérienne, le steward portait depuis 2005 des "tresses africaines nouées en chignon". La compagnie lui avait alors refusé d'embarquer "au motif qu'une telle coiffure n'était pas autorisée", avant de le licencier. Le steward s'était alors lancé dans une très longue procédure judiciaire pour contester son départ de l'entreprise.

"Il a fini par avoir gain de cause devant la Cour de cassation mais sur le motif qu'Air France autorisait les tresses pour les femmes et ne pouvait donc pas l'interdire aux hommes. Ça montre bien qu'on ne comprend pas du tout le sujet lié aux discriminations sur les cheveux", avance encore Olivia Serva.

La discrimination capillaire "n'est pas seulement pour les personnes noires", juge encore le Guadeloupéen qui regrette qu'"un tiers des femmes blondes soient contraintes de se teindre les cheveux pour paraître plus intelligentes au travail", en s'appuyant sur une enquête britannique.

Un consensus politique espéré

Le député pointe encore du doigt le cas des chauves. "Moi-même, je souffre de calvitie et ça a longtemps été un vrai traumatisme. On ne s'en rend pas toujours compte mais professionnellement, on préfère toujours un homme avec des cheveux".

Olivier Serva table sur un consensus à l'Assemblée nationale pour faire voter par tous les bancs du Palais-Bourbon sa proposition de loi d'ici l'automne. En attendant, la proposition de loi que le député dit signer par tous les groupes politiques, à l'exception du RN, doit bientôt atterrir sur le bureau de la présidente Yaël Braun-Pivet. Elle devra donner son accord pour l'inscrire à l'agenda parlementaire.

Marie-Pierre Bourgeois