Les 11 vaccins obligatoires sont sûrs, rappelle l'Inserm
Plus que quelques jours avant que les huit vaccins jusqu’alors recommandés pour la petite enfance ne deviennent obligatoires, en complément des trois vaccins qui le sont déjà. Actuellement, la France a des taux de couverture vaccinale meilleurs que les autres pays pour les vaccins obligatoires (diphtérie, tétanos, poliomyélite), mais ils sont en revanche très insuffisants pour les vaccins recommandés (haemophilius influenzae B, coqueluche, hépatite B, rougeole, oreillons, rubéole, méningocoque C, pneumocoque).
Cette couverture vaccinale insuffisante est à l’origine d’épidémies et a conduit à la réémergence de certaines maladies. Ainsi, en ce qui concerne la rougeole, la couverture vaccinale à 2 ans est de 78% mais tant qu’elle n’atteindra pas 95%, le risque de vagues épidémiques persistera. Entre 2008 et 2016, plus de 24.000 cas de rougeole ont été déclarés en France, selon le ministère de la Santé. Pres de 1.500 cas ont présenté une pneumopathie grave, 34 une complication neurologique et 10 sont décédés.
Mais cette annonce de la ministre Agnès Buzyn en juillet dernier avait fait polémique, car la France est un pays où la défiance vaccinale est forte. De fait, les parents peuvent se trouver mal informés, en raison des arguments avancés par des lobbys anti-vaccins et de la possible l'hostilité du corps médical. C’est dans ce contexte que l’Inserm a publié une mise au point sur les connaissances scientifiques, qui indique notamment que l’efficacité et l’innocuité des 11 vaccins concernés sont scientifiquement prouvées.
Près de 90% d'efficacité pour chaque vaccin
Preuve en est en ce qui concerne les trois vaccins déjà obligatoires: une protection de plus de 90% pour le vaccin contre la poliomyélite, de 100% pour celui contre le tétanos et de 96 à 98% pour celui contre la diphtérie. Or, les chiffres sont les mêmes en ce qui concerne les huit autres vaccins qui deviendront obligatoires (une efficacité comprise entre 85% à 90% pour le vaccin contre la coqueluche, de 100% pour la rougeole après deux doses de vaccin...).
La note de l'Inserm met également à mal l'une des idées reçues les plus courantes, celle qui concerne les effets indésirables communs à tous les vaccins: ceux qui sont prouvés sont généralement mineurs et de courte durée. Il s'agit en premier lieu d'une réaction sur le site de l'injection telle que douleur, rougeur, gonflement dans moins de 10 cas sur 100 personnes vaccinées. Viennent ensuite certains effets généraux comme de la fièvre et des douleurs articulaires et musculaires (1 à 10 cas sur 100 vaccinés).
Enfin, les experts admettent que dans 1 cas sur 450.000 vaccinés, "des réactions allergiques extrêmement rares peuvent être graves en l’absence de traitement adéquat." En revanche, les autres effets indésirables souvent attribués à certains vaccins sont scientifiquement infondés. "Des preuves scientifiques très fortes" indiquent ainsi qu'il n'y a pas de lien entre l'autisme ou les maladies inflammatoires de l’intestin et la vaccination contre la rougeole ou les vaccins rougeole-oreillons-rubéole (ROR).
On peut utiliser des sels d'aluminium comme adjuvant
Il en va de même pour la suspicion d'un lien entre la sclérose en plaques et la vaccination contre l’hépatite B. "Des études réalisées entre 1996 et 2004 ont infirmé le lien suspecté entre cette vaccination et des effets indésirables graves, concernant des atteintes neurologiques de type sclérose en plaques ou d’autres maladies auto-immunes", précise l'Inserm. L'institut revient surtout sur l'une des craintes les plus souvent évoquées, celle qui concerne les sels d'aluminium, qui figurent parmi les adjuvants les plus utilisés.
Parmi les 11 vaccins qui seront obligatoires, tous en contiennent à l'exception du ROR. Au vu des "données disponibles, du recul d'utilisation de 90 ans et des centaines de millions de doses injectées", les experts considèrent que leur innocuité ne peut être remise en cause. Une étude avait fait polémique dans ce domaine, mettant en avant un lien entre les sels d’aluminium et un risque chez certaines personnes prédisposées de développer une myofasciite à macrophages (une lésion musculaire).