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La "vie normale", c'est pour bientôt? Comment l'épidémie de Covid-19 peut évoluer avec la rentrée

Si le nombre de cas et les entrées à l'hôpital sont en diminution depuis plusieurs jours, la quatrième vague est encore là, et le gouvernement appelle les Français à rester vigilants, et à se vacciner.

"On est sur la bonne voie pour retrouver une vie normale." En déplacement ce mardi, Jean Castex s'est voulu optimiste sur l'évolution de la situation sanitaire, mais à à condition que les Français restent "mobilisés", en continuant de respecter les mesures barrières et en se vaccinant. Après une montée rapide du nombre de cas et des hospitalisations courant juillet, une baisse des indicateurs a en effet été observée au mois d'août, laissant entrevoir la possible fin de la quatrième vague estivale en cette rentrée.

"Les choses vont dans le bon sens, la quatrième vague est maîtrisée, contrôlée, nous préparons les rentrées", a lancé Jean Castex, mais "nous devons rester mobilisés", a-t-il exhorté: "On n'en est pas encore complètement sorti, c'est une affaire de responsabilité collective et individuelle."

Des "chiffres qui incitent à l'optimiste"

"Sur les chiffres qui incitent à l'optimisme, on a par exemple le nombre de cas, qui diminue de jour en jour depuis le milieu du mois", explique sur BFMTV Thomas Devlaeminck, contributeur de CovidTracker, plateforme de surveillance de l'épidémie de Covid-19. "Également du côté des admissions à l'hôpital ou en soins critiques, on a une baisse sur les derniers jours en terme d'admissions, ces chiffres sont plutôt positifs par rapport à cette quatrième vague."

"La bonne nouvelle de ces derniers jours, c'est la baisse du nombre d'entrées en hospitalisation", abonde sur BFMTV Luc Dauchet, maître de conférence en santé publique au CHU de Lille. Pour lui, cette tendance "confirme vraiment qu'il y a une baisse de l'épidémie actuellement ".

Le nombre d'hospitalisations quotidiennes sur une semaine a en effet atteint un pic la semaine dernière avec en moyenne 905 patients admis quotidiennement sur les sept derniers jours. La courbe redescend depuis, avec désormais en moyenne 740 admissions quotidiennes - un phénomène similaire est observé en réanimation. Le nombre total de personnes hospitalisées semble lui stagner depuis quelques jours au-dessus de 11.000 patients.

Concernant ce dernier chiffre, "on est encore sur un plateau, on a une progression légère de 2 à 3% en terme de nombre de personnes hospitalisées, que ce soit en soins classiques ou critiques, donc on n'a pas encore la certitude que la quatrième vague soit passée", note Thomas Devlaeminck.

La rentrée, un élément à "observer de manière attentive"

Le contributeur de CovidTracker invite à la prudence: il faut veiller à ce "que la rentrée se passe bien, et que l'on continue à observer les effets de la vaccination sur la majorité des Français".

Les précédentes baisses épidémiques n'ont en effet été, jusque-là, que des ralentissements éphémères dans la circulation du Covid-19, avant une remontée, et les scientifiques interrogés préfèrent rester prudents sur l'évolution prochaine de la maladie.

"La rentrée scolaire, c'est un élément qu'il va falloir observer de manière attentive", souligne ainsi Luc Dauchet. "C'est vrai qu'avant l'été l'école n'était pas forcément un facteur de contaminations beaucoup plus important qu'ailleurs, mais aujourd'hui elle va concentrer les personnes les moins vaccinées, les jeunes et les enfants qui n'ont pas accès à la vaccination, donc cela peut être un facteur de diffusion du virus important. (...) C'est un élément qui est à surveiller et qui pourrait remettre en cause l'embellie actuelle, mais ce n'est pas encore une certitude."

"On pense qu'il y aura 50.000 contaminations d'enfants par jour à la rentrée scolaire ou après la rentrée scolaire, c'est colossal" avait déclaré ce dimanche sur BFMTV Lila Bouadma, réanimatrice à l'hôpital Bichat et membre du Conseil scientifique. Elle soulignait dans le même temps que si les plus jeunes sont bien moins susceptibles de faire des formes graves, certains peuvent faire des Covid longs, pas forcément très symptomatiques mais avec à long terme un état de fatigue important.

"Même si on imagine que c'est moins, et qu'il y a 4 à 10% de ces enfants qui font un Covid long, cela fait des conséquences pour ces enfants qui sont importantes. Quand on est très fatigué, c'est difficile de faire son année scolaire normalement", explique-t-elle.

Vient ensuite la question de la transmission. "Ensuite ce qu'il faut voir c'est quelle va être la conséquence dans la population générale puisque ces enfants ne vivent pas seuls, ils sont au contact de leurs parents, de leurs grands-parents", alors qu'une partie de la population reste non-vaccinée, ajoute Lila Bouadma.

Une partie de la population encore non vaccinée

"Il y a quand même pas mal de personnes âgées fragiles qui ne sont pas vaccinées", rappelle sur BFMTV le docteur Boris Hansel, consultant santé pour BFMTV. Actuellement par exemple, environ 15% des plus de 80 ans n'ont encore reçu aucune injection.

"85% des gens vaccinés ce n'est pas suffisant", estime Lila Bouadma. "Il y a probablement plus d'un demi-million de personnes fragiles qui sont à risque de forme grave rien que du fait de l'âge, et qui ne sont pas vaccinées, il faut vraiment les pousser à se faire vacciner."

Boris Hansel note également que la vaccination progresse également beaucoup plus lentement dans certains territoires français, comme les Antilles où l'épidémie est repartie très fortement cet été. Alors que le taux d'incidence - légèrement en baisse - s'établit à 184 sur tout le territoire français, il est encore au-dessus de 1000 en Guadeloupe, de 500 à Saint-Martin et en Martinique. Le taux de couverture vaccinale est très bas sur ces mêmes territoires: 28,1% de la population a reçu au moins une dose en Guadeloupe, 29,1% en Martinique et 33,6% à Saint-Martin.

"Une grande hétérogénéité, c'est cela ce que beaucoup craignent: que dans les prochains jours ou prochaines semaines il y ait finalement une France à plusieurs vitesses avec des endroits où on continue d'avoir une évolution favorable et des endroits où on risque d'être surchargés", explique Boris Hansel.

"On a beaucoup d'éléments rassurants"

"D'un autre côté, les mesures sont installées, la vaccination, le pass sanitaire mais aussi le fait de maintenir les mesures barrières", note Boris Jansel. "On a vu un certain nombre de mesures qui vont être préconisées dans les écoles et dernière chose: les tests, les tests, et avec cela on peut peut-être être optimistes".

"Ce qu'il nous faut obtenir, c'est que le taux d'incidence soit à un niveau très très faible, qu'il ne perturbe pas le système de santé donc qu'il n'y ait pratiquement pas d'hospitalisation, qu'il ne perturbe pas la scolarité des enfants, la vie économique, la vie sociale, la vie affective... On doit pouvoir y arriver", a martelé Alain Fischer lundi.

L'objectif est de réussir à vivre avec le virus sans que ce dernier n'ait d'impact important sur la vie quotidienne. "Si on combine la vaccination, le fait de respecter encore un moment raisonnablement les mesures barrières et peut-être aussi les nouvelles thérapeutiques... On est déjà en situation, où on n'aura plus de confinement. Sauf nouveau variant, franchement je ne crois pas..." Pour lui, on a désormais "beaucoup d'éléments rassurants".

Salomé Vincendon
Salomé Vincendon Journaliste BFMTV