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Santé

La survie des grands prématurés s'améliore en France

Prématuré dans un hôpital de Marseille. (Illustration)

Prématuré dans un hôpital de Marseille. (Illustration) - Gérard Julien - AFP

La survie des enfants grands prématurés en France s'améliore et le nombre de ceux qui survivent sans séquelles sévères augmente, selon les auteurs d'une étude française de l'Inserm.

Les grands prématurés survivent en plus grand nombre. L'amélioration globale de la prise en charge ces 15 dernières années des 8.500 enfants nés chaque année entre le 5e et le 7e mois de grossesse explique ces progrès.

La plupart (80 à 85%) naissent dans maternités de type 3, autrement dit pour grossesses à haut risque, dotées de réanimation néonatale, relève Pierre-Yves Ancel, responsable de l'équipe Inserm à l'origine de l'étude, et dont les premiers résultats ont été publiés dans la revue spécialisée Jama Pediatrics.

Des traitements moins agressifs

De plus, certains traitements (corticoïdes anténatals donnés à la mère, "surfactant" pulmonaire pour faciliter la respiration du nouveau-né) sont utilisés plus souvent, avec parallèlement une tendance à être "beaucoup moins agressifs", en particulier dans les techniques de ventilation respiratoires, ajoute le Pr Jean-Christophe Rozé, chef de service de médecine néonatale au CHU de Nantes.

L'étude "Epipage 2" a inclus près de 7.000 grands prématurés nés en 2011 (vivants ou mort-nés). A ce jour, plus de 4.000 enfants sont suivis. Coût: 6 millions d'euros pour les suivre seulement jusqu'à 6 ans.

Plus ils sont prématurés, plus les chances de survie diminuent

Tout enfant né avant 37 semaines d'aménorrhée, soit au 8e mois de grossesse, est considéré comme prématuré. La grande (et la très grande) prématurité se situant schématiquement entre la 22e semaine (5 mois) et la 31e semaine (7 mois).

C'est à partir de la 25e semaine que les chercheurs constatent une amélioration significative de la survie des prématurés ces 15 dernières années, et par comparaison avec la 1ère étude Epipage.

Plus les enfants sont prématurés, plus le taux de survie diminue: la survie est de 94% chez les grands prématurés, nés entre la 27e et la 31e semaine, de 60% à 25 semaines et de moins de 1% avant 24 semaines.

Une "zone grise" pour les naissances à 24-25 semaines

Le pourcentage d'enfants sortis de néonatologie sans pathologie grave (complications cérébrales, respiratoires ou digestives) est largement majoritaire (81%) chez les grands prématurés (nés entre 27 et 31 semaines d'aménorrhée). Ce taux de survie sans pathologie néonatale sévère est plus faible chez les enfants extrêmement prématurés: il est de 30% à la 25e semaine, et de 12% à la 24e semaine. Le pronostic peut par ailleurs varier s'il s'agit d'une fille ou d'un garçon, selon les spécialistes.

Il existe "une zone grise" - en gros pour les naissances à 24-25 semaines - où la prise en charge est proposée ou non en France, en fonction des équipes et des parents, relève le professeur Rozé, en évoquant là un "débat sociétal". "50% de la prématurité est provoquée par l'équipe médicale, soit pour sauver la mère, soit pour sauver l'enfant", selon le docteur Ancel, qui note que la prématurité a "très légèrement augmenté". L'âge tardif de la grossesse et les traitements de l'infertilité, entre autres, y contribuent.

D. N. avec AFP