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Les très grands prématurés ont 30% de risques d’avoir des séquelles

30% des très grands prématurés risquent d'avoir des séquelles (photo d'illustration).

30% des très grands prématurés risquent d'avoir des séquelles (photo d'illustration). - Philippe Huguen - AFP

Les parents de Titouan, né  prématurément à l'âge de cinq mois, demandent aux médecins du CHU de Poitiers de cesser les soins. Ils invoquent un risque de séquelles trop graves pour leur enfant après une hémorragie cérébrale à la naissance. Que risque au juste un très grand prématuré?

Titouan est un très grand prématuré. Il est né à 25 semaines d’aménorrhée, soit environ quatre mois avant la fin de la grossesse de sa mère. Immédiatement pris en charge par le centre hospitalier de Poitiers, il a été placé sous respirateur artificiel et sous perfusion, au service de réanimation néonatale du CHU. Depuis une semaine, ses parents ont fait leur choix et demandent l’arrêt des soins. Car les risques de séquelles, même faibles, existent.

Qu'appelle-ton bébé prématuré?

Les "très grands prématurés". “70% des enfants nés à moins de 28 semaines d’aménorrhée (arrêt des règles) ont une évolution normale”, précise d’entrée le professeur Yannick Aujard, ancien chef de service de réanimation néonatale à l’hôpital Robert-Debré à Paris. Cette catégorie, ce sont ceux que les médecins appellent les “très grands prématurés”. Entre 28 et 32 semaines de grossesse, ils parlent de grands prématurés. Au-delà de cette barrière, le terme s’emploie sans superlatif.

Les risques varient en fonction de l'âge. Pour chacune de ces catégories, les risques varient. Alors que les prématurés ont rarement des séquelles, 10% des grands prématurés risquent d’en avoir, contre 30% des très grands prématurés qui survivent. “On ne peut pas généraliser, souligne un médecin de la maternité Louis-Mourier. Le risque de séquelles dépend de beaucoup de facteurs, qui comprennent le poids de l’enfant ou le nombre de semaines de grossesse réalisées".

Que risquent les bébés nés prématurés?

Des risques moteurs et cognitifs. Si la barre des 28 semaines n’est pas franchie, comme c’est le cas de Titouan, un danger de complication existe donc bel et bien. Le professeur Yannick Aujard reconnaît toutefois qu’”il est difficile savoir avant l’entrée à l’école si un enfant aura des troubles de l’attention”. Car ce sont bien ces troubles qui touchent le plus souvent les très grands prématurés. “Une anomalie au niveau cérébral (telle qu’une hémorragie), multiplie les risques de séquelles”, ajoute le spécialiste, qui tient à souligner qu”il n’existe pas de critères absolus” pour définir ces séquelles.

Hyperactivité, trouble de l'attention, autisme... Les troubles de l’attention, également appelés troubles cognitifs, peuvent se développer à un degré plus ou moins élevé. “Il peut s’agir d’hyperactivité, de difficultés de compréhension, ou parfois même à une forme d’autisme”, précise le médecin de la maternité Louis-Mourier. Selon ce spécialiste, les troubles de la motricité font eux aussi partie des risques qu’encourent les très grands prématurés, allant “de la simple difficulté à tenir à crayon” à “l’hémiplégie, ou la paraplégie”.

Le risque de cécité, souvent mis en avant lors des discussions sur les enfants prématurés, a toutefois diminué. “Aujourd’hui, on parle plutôt de myopie”, précise-t-on à la maternité Louis-Mourier. Les problèmes d’audition ne peuvent pas non plus être écarté. Et encore une fois, leur gravité ne répond pas à des règles précises.

Peut-on anticiper des séquelles?

IRM et échographies. Difficile de savoir précisément quels sont les risques d’un très grand prématuré à la naissance, tant ils relèvent du cas par cas. "L’IRM et l’échographie comptent beaucoup, explique le professeur Yannick Aujard. Ils donnent un bon indicateur de l’état du cerveau. Mais il reste toujours une fourchette d’incertitude.” 

Une gestion au cas par cas. Un réseau de suivi a ainsi été mis en place, afin de détecter au plus vite des complications ou des séquelles chez les très grands prématurés. Outre le pédiatre, qui reçoit l’enfant tous les trois à six mois, un centre de dépistage, les centres d’action médico-sociale précoce (Camps) les prennent en charge et permettent de déceler avant l’entrée au cour préparatoire la moindre séquelle et d’y remédier.

Les médecins ont le dernier mot. Dans le cas où les lésions qui se développent après la naissance sont trop graves, les médecins ouvrent les discussions et entendent les parents. Mais la décision reste médicale.

A. Dt.