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Santé

La chimère homme-mouton, promesse d'avenir pour les transplantations d'organes

Un petit mouton

Un petit mouton - Kish Jogia - flickr - CC

Des organes grandissants dans d'autres espèces, mais déjà génétiquement compatibles avec les futurs bénéficiaires, tel est le but de recherches génétiques prometteuses de l'Université de Californie, à Davis.

Après les porcs, les moutons. La même équipe de scientifiques de l'université de Californie poursuit sa quête d'une nouvelle source d'organes pour les transplantations humaines. Très schématiquement, la manœuvre consiste à implanter dans des embryons de mouton des cellules humaines. Deux objectifs peuvent être ainsi visés: pallier l'insuffisance des dons d'organes et éviter les rejets par l'hôte de l'organe transplanté. Le but est d'adapter l'organe grandissant dans le corps de l'animal au système immunitaire du patient, grâce à l'utilisation des cellules souches de ce dernier.

L'équipe de Pablo Ross, qui avait déjà travaillé à cette solution de chimère-animale sur des embryons porcins, a annoncé l'avancée lors d'une réunion de l'Association américaine pour l'avancement des sciences (AAA) à Austin, au Texas.

Avantage 1000X du mouton sur le porc

"Même aujourd'hui, les organes les mieux adaptés, sauf s'ils proviennent de jumeaux identiques, ne durent pas très longtemps. Car avec le temps, le système immunitaire les attaque continuellement", a expliqué le Dr Pablo Ross. Le problème se répète à l'identique pour la xénotransplantation, qui consiste à greffer des organes provenant d'autres animaux. Par exemple, un rein de porc chez un humain ou des valves cardiaques provenant du même animal.

L'option ici envisagée garantit l'absence de rejet, par l'incorporation de cellules humaines dans l'animal. Et en la matière le mouton dispose d'un sérieux avantage sur le porc. "Environ une cellule sur 10.000 était humaine", dénombre le scientifique alors qu'avec les embryons porcins le ratio atteint était seulement d'une sur 100.000. Mais le compte semble encore loin, puisque d'après l'équipe, il faudrait atteindre 1% pour que la transplantation soit bénéfique.

Les embryons ont été développés 7 jours in vitro puis 21 jours in vivo, soit comme lors de la précédente expérience sur les porcs, 28 jours.

Bloquer l'organe animal pour favoriser l'humain

Revenons à nos moutons. Pour conduire l'embryon à produire un organe humain, le génome de l'animal est modifié. Ici, en l'occurrence, la croissance du pancréas du mouton avait été génétiquement empêchée afin que les cellules humaines développent l'organe (partiellement) humain en lieu et place.

Des organes ovins comme le cœur et les poumons présentent l'avantage de davantage ressembler à leur alter ego humain, dans leur forme comme dans leur taille, par rapport aux organes porcins. De même, le nombre d'embryons devant être transplantés dans la mère porteuse pour obtenir un résultat est de 4 pour le mouton contre 50 pour le porc.

Si de nombreux progrès restent à faire avant de véritables applications thérapeutiques, les chercheurs parlent d'une dizaine d'années, ces recherches posent beaucoup de questions éthiques. La possible migration de cellules humaines vers le cerveau de l'animal en est une. S'il constate une telle chose, Pablo Ross assure qu'il stopperait immédiatement le programme. Autre point d'incertitude, une possible transmission inter-espèces de virus.

David Namias