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Santé

Cancers du sein et de l'ovaire génétiquement prédisposés: les risques précisés

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Le groupe Unicancer a participé à une étude à grande échelle incluant plus de 10 000 femmes porteuses d’une mutation dans les gènes BRCA1 ou BRCA2. Les résultats devraient apporter aux médecins les outils pour une évolution des bonnes pratiques sur le suivi au quotidien de ces femmes afin de limiter le risque de survenue du cancer du sein ou de l'ovaire.

Le cancer est une maladie multifactorielle, ce qui signifie que plusieurs facteurs influent sur le risque de sa survenue. Ainsi, certains facteurs de risque sont dits "externes", c'est-à-dire liés à nos comportements (tabac, alcool, UV, surpoids) ou à notre environnement (contact avec certains produits physiques et chimiques). "On estime ainsi que 4 cancers sur 10 seraient évitables", indique l'institut national du cancer (INCa).

D'autres facteurs sont "internes", soit liés à l'âge ou à l'histoire familiale. De fait, certaines personnes présentent plus de risques de développer un cancer que d'autres parce qu'à leur naissance, elles portent certaines mutations dans un ou plusieurs de leurs gènes. C'est le cas des femmes qui présentent des altérations de deux gènes particuliers, BRCA1 et BRCA2, connues pour augmenter de façon importante le risque de cancer du sein et de l'ovaire.

Selon l'INCa, 2 femmes sur 1000 sont porteuses d'une mutation du BRCA1 ou du BRCA2, à l'instar de l'actrice Angelina Jolie. La mutation de ces gènes augmente le risque de développer un cancer du sein à un âge jeune, habituellement avant la ménopause. "Chez une femme porteuse d’une mutation du BRCA1 ou du BRCA2, le risque de cancer du sein varie de 40% à 80% au cours de la vie, selon les études, le type de gène concerné, l'histoire familiale de cancer du sein, et l'âge", indique l'institut.

Déterminer précisément les risques chez ces femmes

Ces mutations génétiques augmentent également le risque de cancer dans les deux seins (cancer du sein bilatéral) et de cancer de l'ovaire, essentiellement à partir de 40 ans, même si toutes les femmes qui en sont porteuses ne développeront pas systématiquement un jour ces maladies. C'est pourquoi le suivi clinique de ces femmes requiert de connaitre avec exactitude leurs risques de développer un cancer et de leur évolution en fonction de l’âge.

Pour mieux mesurer et connaître ces risques, le "Groupe génétique et cancer" (GGC) du groupe Unicancer a participé à une étude incluant plus de 10 000 femmes porteuses d’une mutation dans les gènes BRCA1 ou BRCA2. "L'étude à laquelle a contribué le "GGC-Unicancer" a permis de déterminer avec précision les risques de cancer de sein et de l’ovaire pour les femmes présentant une mutation du gène BRCA1 ou BRCA2.", indique le Dr Catherine Noguès, onco-généticienne au Centre de lutte contre le cancer (CLCC) de Marseille et Présidente du GGC-Unicancer.

"Avec plus de 1600 patientes, GENEPSO (cohorte nationale prospective de personnes porteuses d'une mutation sur les gènes BRCA1 ou BRCA2) est la deuxième cohorte la plus importante qui a contribué à cette étude internationale.", ajoute-t-elle. Cette cohorte, constituée il y a plus de 20 ans, se poursuit toujours actuellement. Les chercheurs ont trouvé que 72% de femmes porteuses d'une altération du gène BRCA1 développeront un cancer du sein et que 44% développeront un cancer de l’ovaire à 80 ans.

D'autres facteurs prédictifs au sein de ce facteur de risque

De la même manière, 69% des femmes porteuses d'une mutation du gène BRCA2 développeront un cancer du sein et 17% un cancer de l’ovaire à l'âge de 80 ans. "L'étude a montré que deux autres éléments clés influent sur le risque de développer un cancer: l'histoire familiale et la place de la mutation dans le gène.", indique Nadine Andrieu, directeure de recherche Inserm à l'institut Curie, CLCC de Paris et membre du GGC-Unicancer.

En clair, si une femme porteuse d’une de ces mutations a dans sa famille proche, une autre femme qui a un cancer du sein, alors son propre risque de cancer est plus élevé que celui d'une femme qui aurait la même mutation mais qui n'aurait pas d'antécédents de cancer du sein dans sa famille. "Les résultats ont aussi montré pour la première fois que les risques de cancer dépendent également de la position de la mutation dans ces gènes.", ajoute Nadine Andrieu.

Ces derniers pourraient donc "aider à personnaliser les conseils de surveillance et de prévention données aux femmes et aux membres de leur famille.", commente le Dr Catherine Noguès, la Présidente du GGC-Unicancer. Cette étude s'avère également utile pour compléter de ce fait les recommandations françaises concernant la prise en charge des femmes BRCA1 et BRCA2, publiées en avril 2017 par l'Institut national du cancer. 

Pour optimiser le suivi de ces femmes, les chercheurs recommandent de lever un obstacle: que la réglementation actuelle concernant l’accès aux dossiers médicaux puisse évoluer. "Il est possible de donner un risque de cancer personnalisé mais il faut disposer d’un maximum d'informations sur les antécédents familiaux de cancer et de la confirmation des principaux diagnostics, parfois difficiles à obtenir", conclut le Pr Christine Lasset, oncogénéticienne et secrétaire général du GGC-Unicancer.

Alexandra Bresson