INFOGRAPHIE - Résistance aux antibiotiques: les mauvais chiffres de la France

Malgré plusieurs campagnes de prévention, les Français consomment toujours trop d'antibiotiques. La hausse de la résistance de certaines bactéries rend les angines, les maladies pulmonaires et les infections urinaires plus difficiles à soigner qu'auparavant.

La résistance des virus aux antibiotiques, ou "antibiorésistance", pourrait devenir l’une des principales causes de mortalité en France et dans le monde. Elle remet en question la capacité à soigner les infections, même les plus courantes. Santé publique France a aggloméré tout un ensemble de données chiffrées sur la consommation d’antibiotique et la résistance des virus dans l’Hexagone. Et le constat est plutôt inquiétant: les Français ont du mal à réduire leur consommation d’antibiotique, rendant leur flore intestinale hermétique à certains traitements.

1000 Français consomment 30,3 doses d’antibiotiques par jour en moyenne. C’est 2 doses de plus qu’il y a 10 ans. Les habitants de l’Hexagone sont les 2e plus gros consommateurs d’antibiotiques en Europe, derrière la Grèce (36,1), selon les derniers chiffres publiés par l’OCDE. Cela représente environ 11 doses d’antibiotiques par an et par personne.

Infographie antibiotiques Europe © -

Les infections urinaires plus difficiles à soigner

Cette consommation élevée d’antibiotiques impacte directement les espèces bactériennes composant la flore digestive de l’être humain. En France, la proportion de souches tenaces d’Escherichia coli, entérobactéries responsables notamment des infections urinaires, augmente de manière significative. En 2005, seuls 1,4% se montraient résistantes aux céphalosporines de 3e génération. Dix ans après, ce traitement est inefficace sur 11% des souches.

Le hausse de la résistance est encore plus spectaculaire pour Klebsiella pneumonia, cause des infections pulmonaires et angines de l’hiver, avec une augmentation de 16 points entre 2005 et 2015.

Les traitements de dernier recours n’arrivent parfois plus à bout de ces coriaces bactéries. En 2015, 3.319 signalements d’entérobactéries devenues résistantes aux carbapénèmes, antibiotiques de remplacement aux céphalosporines, ont été adressés à Santé Publique France.

résistance aux antibiotiques © -

L’évolution des autres bactéries sont plus encourageantes. Les souches résistantes de Staphyloccus aureus, Enterococcus faecalis et autres Streptocossus pneumonia se révèlent plutôt à la baisse ces dernières années. Les antibiotiques à base de pénicilline et macroclides gagnent ainsi en efficacité.

Moins d'antibiotiques dans la viande

La France obtient de meilleurs résultats en santé animale. L’exposition des animaux aux antibiotiques a baissé de 37% de 2006 à 2016. Elle est même en dessous de la moyenne européenne (70,2 mg/kg vs 135,5 mg/kg). Les porcs restent les plus exposés aux antibiotiques: ils avalent deux fois plus de cachets que les bœufs.

Dans un même temps, on constate une nette diminution de la résistance aux céphalosporines de 3e et 4e générations chez la plupart des espèces animales. Pour Santé Publique France, ces résultats sont directement en lien avec la réglementation stricte de l’Europe sur les traitements vétérinaires des animaux d’élevage. "Ils doivent servir d’exemple et inciter au renforcement des actions pour une moindre consommation d’antibiotiques en santé humaine." recommande l’institut national.

Emeline Gaube