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Santé

Fin de vie: le nouveau texte inquiète les religieux

La proposition de loi sur la fin de vie doit être examinée à l'Assemblée mardi 10 et mercredi 11 mars 2015

La proposition de loi sur la fin de vie doit être examinée à l'Assemblée mardi 10 et mercredi 11 mars 2015 - Loïc Venance - AFP

La proposition de loi PS-UMP sur la fin de vie, soutenue par François Hollande, arrive ce mardi à l'Assemblée. Soutenue par 124 députés PS, elle représente un risque pour les porte-paroles religieux qui s'inquiètent.

La proposition de loi PS-UMP sur la fin de vie sera examinée à l'Assemblée mardi et mercredi. Mais le débat est d'ores et déjà bien engagé au-delà des bancs des parlementaires. Alors que 124 députés socialistes ont signé une tribune lundi en soutien à cette proposition jugée "à la hauteur de l'enjeu", cinq représentants des "trois grandes traditions religieuses monothéistes" lancent un appel "inquiet et pressant" dans Le Monde pour que "l'interdit de tuer" soit préservé.

Le texte présenté n'autorise pas l'euthanasie ou le suicide assisté. Il instaure en revanche un droit à la sédation profonde jusqu'au décès pour les malades atteints d'une affection incurable dont le pronostic vital est engagé à court terme, et des directives anticipées contraignantes.

Un texte "qui dépasse les clivages"

Intitulée "Fin de vie: de nouveaux droits pour chaque personne", la tribune en faveur de la proposition de loi soumise au Parlement, à l'initiative de la porte-parole du groupe socialiste sur ce texte, Michèle Delaunay, est signée par l'ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault, le président du groupe Bruno Le Roux, le Premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis et encore les anciens ministres Benoît Hamon et Aurélie Filippetti notamment.

La proposition de loi Claeys-Leonetti "répond à la demande des Français", alors que "le mal mourir est encore trop présent dans notre pays", estiment-ils. 

Le droit à la sédation "s'accompagnera du respect, jusqu'à la dernière heure, de l'autonomie de décision du patient" grâce aux directives anticipées qui "s'imposeront aux médecins si le patient n'est plus en état de s'exprimer".

Selon les parlementaires, les auteurs de la proposition de loi ont abouti à un texte "qui dépasse les clivages habituels et constitue le socle majoritaire de notre Pays", même s'il n'a "pas vocation à épuiser le débat sur la fin de vie".

Les religieux redoutent un texte équivoque

Un avis que ne partagent pas cinq dignitaires religieux chrétiens, juifs et musulmans qui ont publié une tribune intitulée "L'interdit de tuer doit être préservé" sur le même site. Redoutant la "tentation" de "donner la mort" en "abusant de la sédation", le cardinal Barbarin, Haïm Korsia, grand rabbin de France, Mohammed Moussaoui, président de l'Union des mosquées de France, et deux autres responsables protestant et orthodoxe lancent:

"un appel commun, inquiet et pressant, pour qu’une éventuelle nouvelle loi ne renonce en aucune façon à ce principe fondateur: toute vie humaine doit être respectée spécialement au moment où elle est le plus fragilisée", tiennent-ils a préciser.

"Le contexte actuel manque de lisibilité, et la période que nous traversons est difficile, secouée par des crises à répétition, politique, économique, financière et morale. Un nouveau débat sur la fin de vie risque d’y ajouter de la confusion", estiment-t-ils, demandant "que cette loi civile soit civilisatrice, c’est-à-dire qu’elle aide à vivre et à mourir, sans jamais écourter la vie, sans jamais décider de donner la mort". 

D'un autre côté, quelque 120 autres députés PS ne se satisfont pas de la proposition de loi d'Alain Claeys (PS) et Jean Leonetti (UMP) car ils estiment à l'inverse qu'elle ne va pas assez loin. Ils ont signé un amendement pour une "assistance médicalisée active à mourir", c'est-à-dire le suicide assisté et l'euthanasie dans certains cas.

Le groupe PS à l'Assemblée compte 288 membres, dont 14 apparentés. La proposition sur la fin de vie était l'une des promesses de campagne de François Hollande.

A. D.