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"En pleine pandémie, je vais jeter des vaccins à la poubelle": un médecin s'insurge contre le rejet d'AstraZeneca

Médecin généraliste établi à Mulhouse, le Dr Patrick Vogt a publié une vidéo dans laquelle il jette un flacon de sérum périmé, faute d'avoir pu l'administrer à des patients.

C'est un coup de gueule poussé par un médecin. Obligé de jeter des doses du vaccin AstraZeneca faute de candidats à l'administration du sérum, le médecin généraliste Patrick Vogt a publié une vidéo sur les réseaux sociaux la semaine passée.

Sur les images, il désigne un flacon du médicament d'AstraZeneca, qu'il tient à la main: "Ce flacon a été entamé lundi, on est maintenant mercredi après-midi. J'ai réussi durant les trois jours de vaccination à faire 6 doses de vaccin. Toutes les autres personnes ont refusé le vaccin. Ce vaccin est à présent périmé, je suis obligé de le jeter", s'insurge le généraliste basé à Mulhouse (Haut-Rhin).

"En pleine pandémie, je vais donc jeter des vaccins à la poubelle parce que plus personne n'en veut", insiste-t-il en joignant le geste à la parole.

"C'est un tout petit risque par rapport à la réalité du Covid"

Sur BFMTV samedi, le soignant a déploré cette défiance vis-à-vis du vaccin développé par l'université d'Oxford et la laboratoire anglo-suédois AstraZeneca. En France, il a reçu l'aval des autorités sanitaires après une brève suspension et est administré en priorité aux personnes de plus de 55 ans.

"Les gens peuvent avoir des interrogations, des doutes", estime le soignant, mais face à un rejet aussi massif, il déplore qu'"il n'y ait pas une argumentation sérieuse qui dit: 'Il faut y aller, il y a un risque mais c'est un tout petit risque par rapport à la réalité du Covid et de ses dégâts".

"On risque quoi à l'échelon d'un département? 3-4 cas de thrombose, un cas de décès? Je crois qu'il faut arrêter d'être dans l'émotion, je crois qu'il faut argumenter sérieusement, scientifiquement, en disant: 'On a des outils intéressants, importants pour lutter contre ce Covid, il faut nous en servir, absolument.' C'est un outil majeur, on ne fait que repousser une échéance" qui est la fin de l'épidémie, estime le Dr Patrick Vogt, jugeant que ces refus risquent de "faire perdurer l'épidémie pendant des mois et des mois encore".
Clarisse Martin Journaliste BFMTV