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Santé

AstraZeneca: la HAS ne recommande le vaccin que pour les personnes âgées de 55 ans et plus

Jeudi, l'avis de l'Agence européenne des médicaments a qualifié le vaccin AstraZeneca, dont l'administration était alors suspendue dans plusieurs pays dont la France, de "sûr et efficace". La campagne reprend donc mais avec de nouvelles recommandations de la Haute Autorité de Santé.

Après avoir été réservé aux personnes âgées de 50 à 64 ans avec comorbidités en raison d'un manque de données concernant un public plus âgé, le vaccin AstraZeneca devrait à ce stade être destiné exclusivement aux personnes âgées de 55 ans et plus.

Une réorientation de la cible qui suit une interruption temporaire de son inoculation dans plusieurs pays, dont la France, suspension levée jeudi par la communication de l'Agence européenne des médicaments (EMA) qui l'a décrit comme un vaccin "sûr et efficace". Dans la foulée, Jean Castex a annoncé la reprise, pour aujourd'hui, de l'administration des doses d'AstraZeneca.

"Possible surrisque"

Dans un document émis ce vendredi, la Haute Autorité de Santé, ne pouvant écarter un "possible surrisque de thrombose veineuse cérébrale ou de coagulation intravasculaire disséminée chez les personnes de moins de 55 ans", a en effet recommandé:

"Au vu des données transmises par l’EMA, la HAS estime que la vaccination avec le vaccin AstraZeneca peut reprendre sans délai. L’EMA a toutefois identifié un possible surrisque de TVC/CIVD chez les personnes de moins de 55 ans." L'institution poursuit:

"Compte tenu du déroulement de la campagne vaccinale, qui va concerner au cours des deux prochains mois les populations âgées et de l’existence d’alternatives pour les plus jeunes, la HAS recommande à ce stade de n’utiliser le vaccin AstraZeneca que pour les personnes âgées de 55 ans et plus, qui constituent la très grande majorité des personnes prioritaires actuelles."

Pfizer et Moderna également concernés par l'avis

Cette préconisation a une influence sur le cours fixé aux deux autres vaccins circulant déjà dans le pays et fonctionnant selon une autre technologie: Moderna et Pfizer / BioNTech. "Dans l’attente de données complémentaires la HAS recommande donc d’utiliser les vaccins à ARNm chez les personnes éligibles à la vaccination âgées de moins de 55 ans", est-il écrit dans le communiqué.

Que faire, alors, quant aux personnes ayant pu recevoir une première piqûre d'AstraZeneca alors qu'elles sont âgées de moins de 55 ans? "Concernant les personnes de moins de 55 ans ayant déjà reçu une première dose du vaccin AstraZeneca, la HAS se positionnera très prochainement sur les modalités d’administration de la seconde dose."

Les données sur lesquelles se fonde l'inquiétude

La Haute Autorité de Santé a précisé sur quelles données se fondaient les inquiétudes conduisant à une telle restriction et modification du public désigné comme apte, pour le moment, à bénéficier des doses d'AstraZeneca.

"Le Prac (ou comité d'évaluation des risques en matière de pharmacovigilance de l'EMA, NDLR) estime que la possibilité d’un lien entre le vaccin, et des cas de coagulation intravasculaire disséminée (CIVD) et de thrombose veineuse cérébrale (TVC) ne peut pas être écarté à ce jour", note le document, continuant: "A la date du 16 mars 2021, 18 cas de TVC et 7 cas de CIVD ont été signalés à l’EMA par les États membres et le Royaume–Uni sur environ 20 millions de personnes vaccinées par le vaccin AstraZeneca. Ces 25 événements ont entraîné le décès dans 9 cas."

"En France, au 16 mars 2021, un cas de CIVD (femme de 26 ans) deux cas de TVC sans thrombopénies associées (homme de 51 ans et femme de 24 ans) ont été signalés pour 1,4 million doses du vaccin AstraZeneca administrées", peut-on encore lire. L'auteur de l'avis observe alors: "La quasi-totalité de ces cas sont survenus chez des personnes de moins de 55 ans dont une majorité de femmes."

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV