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Dose de rappel, test valide 24h: le pass sanitaire est-il en train de devenir un pass vaccinal?

Olivier Véran a dévoilé ce jeudi les nouvelles mesures décidées par l'exécutif afin de lutter contre la flambée du Covid-19. Quelques mesures se démarquent: l'extension de la campagne de rappel et son inclusion dans le pass sanitaire, et la réduction à 24h de la validité des tests. Des évolutions qui rapprochent sensiblement le pass sanitaire d'un pass vaccinal.

"Nous faisons le choix de concilier liberté et responsabilité". Cette garantie, c'est Olivier Véran qui l'a avancée ce jeudi lors d'une conférence de presse gouvernementale destinée à dévoiler les nouvelles mesures décidées dans le cadre de la lutte contre le Covid-19. Mais la liberté n'empêche pas l'incitation, et le ministre de la Santé a donné une orientation très claire à la notion de responsabilité: "Le choix de la responsabilité, c'est le choix de la vaccination".

Outre l'ouverture de la campagne de rappel à l'ensemble de la population adulte, deux dispositions s'inscrivent nettement dans cette logique: le conditionnement du pass sanitaire à l'obtention d'une dose de rappel (sans celle-ci, il pourra expirer 7 mois après la deuxième injection à compter du 15 décembre pour les 65 ans et plus, à compter du 15 janvier pour les autres publics), et la réduction, dès lundi prochain, de la validité d'un test PCR ou antigénique négatif à 24 heures au lieu des 72 heures actuelles. Des tests, qui en l'absence de symptômes, d'ordonnance, ou d'un statut de cas contact, sont d'ailleurs payants depuis le mois d'octobre.

Un enseignement découle naturellement de ces deux nouvelles donnes: l'exécutif a beau se récrier quand on évoque la mise en place d'une obligation en la matière, le pass sanitaire ressemblera désormais en de nombreux points à un pass vaccinal.

Les nuances d'Olivier Véran

Interrogé à ce propos lors de sa conférence de presse, Olivier Véran a observé: "La différence fondamentale entre le pass sanitaire et le pass vaccinal, c'est qu'il y a toujours la possibilité pour quelqu'un qui n'est pas vacciné de se faire tester, certes à ses frais, pour pouvoir accéder à un événement, à un établissement recevant du public, rentrer dans un bar ou un restaurant".

Il avait toutefois posé en préambule: "Le pass sanitaire fait partie pour certains de mesures de contrainte. Je peux comprendre que quand on n'est pas vacciné il soit contraignant de se faire vacciner pour accéder à un établissement recevant du public. Mais c'est encore plus contraignant pour les Français qui sont 90% à avoir été vaccinés et voient à nouveau le virus circuler et à nouveau des soins qui pourraient être déprogrammés, des hôpitaux qui pourraient revoir arriver des malades par dizaines ou par centaines".

"On change de paradigme"

Patrick Kanner, patron des socialistes au Sénat, et qui rappelle que sa formation pousse en faveur de "l'obligation vaccinale universelle", ne s'est pas embarrassé de tant de précautions dans la foulée de la conférence de presse. "Le pass sanitaire devient de fait un pass vaccinal!" a-t-il lancé sur BFMTV, expliquant:

"On change de paradigme. Nous étions dans une démarche volontariste pour aboutir à ce pass sanitaire. Aujourd'hui, si vous ne faites pas le rappel, vous n'aurez plus de pass sanitaire, ça signifie que vous tombez à un niveau qui est celui de ces Français que je voudrais appeler solennellement à se faire vacciner."

Pourquoi ne pas employer le terme?

Pourquoi alors reculer devant l'obstacle sémantique et se refuser à utiliser l'expression de "pass vaccinal"? Au-delà d'une éventuelle crainte de froisser un part de la population, notre éditorialiste politique Laurent Neumann a distingué l'intérêt pratique de cette pudeur:

"On ne l'appelle pas comme ça parce que si on avait voulu le transformer en pass vaccinal, il aurait fallu retourner devant les parlementaires, faire voter une nouvelle loi, bref, de nouvelles discussions politiques donc on pousse tous les curseurs le plus loin possible pour s'approcher d'un pass vaccinal tout en restant dans les clous d'un pass sanitaire."

68% des Français favorables à l'obligation vaccinale

D'autant qu'il n'est pas certain que parler de "pass vaccinal" aliène encore de trop nombreux Français à l'exécutif. Au contraire même: d'après un sondage Ifop pour le JDD publié ce jeudi matin, ceux-ci sont dans leur majorité partisans de l'obligation vaccinale pure et simple. Ils sont ainsi 68% à se dire favorables à la mise en place d'un vaccin obligatoire contre le Covid-19.

Un large consensus qui ne va pas sans nuance et division. Par exemple, tandis que les soutiens de la majorité se prononcent à 90% pour cet impératif vaccinal, la statistique chute respectivement à 56% et 55% du côté des sympathisants de la France insoumise et du Rassemblement national.

Les distinguos sont aussi d'ordre générationnel ou sociologique: quand 50% des 25-35 ans plébiscitent l'obligation vaccinale, les 65 ans et plus y inclinent pour 83% d'entre eux.

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV