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Santé

Mobilisation à Draguignan contre la fermeture des urgences la nuit

Les urgences du centre hospitalier de la Dracénie, à Draguignan

Les urgences du centre hospitalier de la Dracénie, à Draguignan - Capture d'écran Google Maps

La direction de l'établissement a pris cette décision radicale fin octobre à la suite "d'une situation d'épuisement" de l'équipe des urgences qui ne lui permet plus d'assurer correctement sa mission.

Plusieurs dizaines de personnes, élus locaux, personnel hospitalier et simples habitants, se sont rassemblées vendredi soir devant les urgences de l'hôpital de Draguignan (Var) pour dénoncer la fermeture de ce service la nuit, de 20h30 à 8h30.

La direction de l'établissement a pris cette décision radicale fin octobre à la suite "d'une situation d'épuisement" de l'équipe des urgences qui ne lui permet plus "de continuer à assurer sa mission dans des conditions compatibles avec les exigences de qualité et de sécurité des soins", a-t-elle expliqué dans un communiqué.

Ce service, qui accueillait entre 100 et 150 personnes avant sa fermeture la nuit, tourne actuellement avec 6 médecins alors qu'une vingtaine seraient nécessaires. Selon la direction, cette situation provient de la difficulté de recruter des praticiens "du fait d'une démographie médicale particulièrement défavorable".

Un manque de personnel

"C'est bien un manque de médecins qui nous amène à cette fermeture, et là-dessus on ne peut pas dire grand-chose, car ce serait mettre en danger tout le monde, autant le personnel que la population", remarque Frédéric Duthé, responsable CGT au centre hospitalier, qui affiche sa détermination à "lutter pour conserver ce service" et son ouverture 24h/24 avec l'intersyndicale formée également de FO et Sud.

"Nous travaillons 100 heures par semaine depuis plus de six mois", explique de son côté Pierre-Emmanuel Lebas, médecin-urgentiste. "Déjà, quand il y avait des intérimaires, on était au taquet, mais maintenant qu'il n'y en a plus, c'est un taquet qui est dépassé car on ne peut pas faire plus, physiquement et même légalement", poursuit le praticien. Selon lui, les nouvelles générations de médecins veulent bien travailler "48 heures, mais pas plus".

Face à cette situation, la population de la Dracénie, un bassin de 100.000 habitants situé autour de Draguignan, est aujourd'hui contrainte - en dehors des urgences vitales, obstétricales, psychiatriques et de l'accueil des femmes et des enfants victimes de violences -, de faire la nuit de nombreux kilomètres pour rejoindre les urgences de Fréjus, Toulon ou Brignoles.

Venu accompagner son épouse qui s'est déboîté l'épaule, Jean-Luc avoue son incompréhension face à cette décision. "C'est pas normal, un service d'urgences, comme son nom l'indique, c'est pour les urgences, et les urgences elles s'arrêtent pas à huit heures et demi" du soir, relève ce retraité.

Faute de médecins, la série de fermetures de lits d'hôpitaux se poursuit dans différents établissements à travers la France. Au total, un lit sur cinq est actuellement fermé dans le public une partie de la journée ou parfois pendant plusieurs jours voire semaines.

J.D. avec AFP