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Covid-19: la levée des restrictions sanitaires ce lundi est-elle raisonnable?

Les salariés pourront retirer leur masque en entreprise, à partir du 14 mars

Les salariés pourront retirer leur masque en entreprise, à partir du 14 mars - Christof STACHE © 2019 AFP

Alors que le port du masque et le pass vaccinal ne seront plus obligatoires à partir de lundi, certains médecins et Français jugent précoce cette levée des restrictions.

Avec la fin de l'obligation du port du masque et la levée du pass vaccinal, le lundi 14 mars signera la fin de la plupart des restrictions sanitaires liées à la pandémie de covid-19 encore en vigueur en France. Mais est-ce bien raisonnable?

La question se pose d'abord au regard des chiffres de la pandémie. Après plusieurs semaines de décrue, le nombre de contaminations est de nouveau en hausse depuis quelques jours. Avec 72.443 nouveaux cas samedi, la moyenne des contaminations sur 7 jours s'établit à plus de 63.000, contre 52.000 samedi dernier. En revanche, les nombres d'hospitalisations et d'admissions en soins critiques baissent toujours.

"Extrêmement vigilant"

Face à ces données, le ministre de la Santé Olivier Véran s'est dit "extrêmement vigilant", quand le Premier ministre Jean Castex a de son côté reconnu dans une interview accordée au Parisien "une reprise des cas", en excluant toutefois de "changer de stratégie".

"Le conseil scientifique, que j'ai sollicité, nous dit que c'est surtout le sous-variant BA2 qui est à l'origine de ce rebond" épidémique, a-t-il expliqué, soulignant qu'il "est plus transmissible que l'Omicron initial, mais il ne semble pas plus dangereux".

Le Premier ministre a ainsi plaidé pour un maintien de la levée des mesures de restriction le 14 mars en raison de "l'amélioration à l'hôpital et de notre couverture vaccinale élevée", mais a tout de même dit vouloir "accompagner les personnes les plus vulnérables" en annonçant "dès à présent la quatrième dose aux plus de 80 ans."

"Une immunité s'est installée"

Du côté du personnel hospitalier, les avis divergent. Pour Yazdan Yazdanpanah, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Bichat à Paris et membre du Conseil scientifique, s'il n'y a jamais "une certitude totale", la situation épidémique est bien différente de celle constatée ces deux dernières années car "plus de 80% des gens sont vaccinés, 50% ont eu une dose de rappel, et une part non négligeable de la population, qu'on estime à 40%, a déjà été touchée par l'infection", a-t-il déclaré sur Franceinter.

Ainsi, "il y a une immunité qui s'est installée, et cette immunité probablement nous protège, en tout cas d'hospitalisations" a-t-il ajouté, soulignant que "les dernières modélisations de l'Institut Pasteur montrent que même s'il y a une reprise, elle ne sera pas comme celle du mois de janvier ou de décembre".

Yazdan Yazdanpanah a toutefois plaidé pour un maintien de "la discipline", c'est-à-dire de l'application des gestes barrières, comme le port du masque pour les personnes à risque, l'aération des pièces et le lavage des mains.

"Trop précoce"

Certains médecins se montrent toutefois plus méfiants face à la fin de l'obligation du port du masque en intérieur. "C'est beaucoup trop précoce" a assuré à BFM Paris Edouard Obadia, médecin réanimateur à l'hôpital privé Claude Galien dans l'Essonne.

"On va dans la bonne direction, [...] mais le port du masque quand on est nombreux ou dans des endroits confinés est encore important" a-t-il ajouté, craignant un nouveau "rebond" de l'épidémie.

Même son de cloche du coté de Djillali Annane, le chef du service réanimation de l’hôpital Raymond-Poincaré dans les Hauts-de-Seine. "D'un point de vue médical, il aurait été davantage prudent d'attendre", a-t-il déclaré sur RTL ce dimanche.

S'il "ne souhaite pas revenir en arrière", il aurait souhaité que cette levée des restrictions s'accompagne "d'une campagne de communication pour rappeler l'importance et l'intérêt des gestes barrières" et "de plus de nuance dans les annonces". Djillali Annane a ainsi accusé le gouvernement de "négligence" et de prendre des décisions en fonction de critères "politiques" plus que "scientifiques et sanitaires", en raison de la campagne électorale en cours.

Des Français veulent "continuer à se protéger"

Du côté des Français aussi, les avis sont partagés. Alors que nombreux d'entre eux se baladeront lundi dans les lieux publics sans masque, à l'exception des transports et des établisssements de santé, d'autres entendent rester encore prudents.

"C'est une décision du gouvernement, ma responsabilité c'est de faire en sorte de me prévenir des maladies", a témoigné l'une d'entre elles au micro de BFMTV. Son fils a aussi assuré vouloir garder son masque dans la cour de récréation. "Je vais le garder car c'est plus sûr, je vais me protéger, et puis c'est pas la fin du monde", a-t-il assuré.

Pourtant triplement vacciné, David craint quant à lui une reprise épidémique l'hiver prochain, c'est pourquoi il garde son masque "dans tous les lieux clôts, cinémas, supermarchés, petits magasins, et même chez mes amis la plupart du temps je le garde".

Outre l'obligation du port du masque, le pass vaccinal sera levé lundi même si sa version "sanitaire", qui fonctionne aussi avec un test négatif au virus, sera maintenue dans les établissements de santé.

Emilie Roussey