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Covid-19: doit-on reconfiner après Noël pour éviter une flambée épidémique?

Des personnes à la fenêtre de leurs appartements applaudissent les personnels soignants, le 30 mars 2020 à Paris pendant confinement instauré en France

Des personnes à la fenêtre de leurs appartements applaudissent les personnels soignants, le 30 mars 2020 à Paris pendant confinement instauré en France - GEOFFROY VAN DER HASSELT, AFP/Archives

À trois jours du réveillon de Noël, certains élus et certains médecins appellent à un reconfinement à partir du 26 décembre afin d'éviter une nouvelle flambée épidémique provoquée par la promiscuité des fêtes.

Allons-nous être reconfinés après les fêtes de Noël? C'est ce que demandent certains à trois jours du réveillon du 24 décembre, alors que le confinement a été levé le 15 décembre par le gouvernement, et que la France n'est désormais soumise qu'à un couvre-feu de 20 heures à 6 heures, exception faite du soir de Noël.

Par ailleurs ces derniers temps, nos voisins européens durcissent en choeur leurs mesures de restriction afin d'endiguer la propagation du virus, de l'Allemagne à l'Italie en passant par le Royaume-Uni. Et ce alors que le nombre de nouvelles contaminations repart doucement à la hausse en France depuis quelques semaines, avec près de 12.000 nouveaux cas identifiés mardi sur le territoire.

Des signes inquiétants dans le Grand Est

C'est la raison pour laquelle ce mardi sur BFMTV, le professeur Djillali Annane, chef du service réanimation de l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches dans les Hauts-de-Seine, a appelé à un reconfinement strict dès le lendemain de Noël.

"Je préconise qu’on fasse tous l’effort – certes difficile mais important – d’un reconfinement strict le 26 décembre et pour un mois, de façon à permettre de revenir à un niveau quotidien de contaminations aux alentours de 1000 par jour, comme en juin." Par "reconfinement strict", le professeur entend "un confinement comme au mois de mars".

Après Noël, c'est le moment de reconfiner" pour "mieux appréhender le début de l'année 2021", estime également Arnaud Robinet, maire Les Républicains de Reims au micro de BFMTV, qui juge "nécessaire" de donner une feuille de route claire aux Français pour l'après-fêtes.

"Aujourd'hui, nous voyons des signes qui ne sont pas optimistes concernant l'évolution de l'épidémie dans la région Grand Est", déplore également Arnaud Robinet. "Nous avons des taux qui sont supérieurs à la moyenne nationale".

"Anticipons! Faisons de la prévention même si cela est impopulaire! (...) Moi, je n'ai pas envie qu'on se réveille avec la gueule de bois à l'issue des fêtes de fin d'année. Il faut donner des perspectives aux Français, on parle de réouverture des restaurants, cafés et autres fin-janvier. Je pense qu'après le 25 décembre, ce sera le moment de reconfiner. Même si ce sont des mesures impopulaires, il faut faire preuve de solidarité pour mieux appréhenser le début de l'année 2021. C'est un investissement et une mesure responsable pour l'année 2021.

Les élus espèrent une annonce rapide

Un avis partagé ce mardi par le maire PS de Nancy Mathieu Klein, qui a dit souhaiter une décision rapide du gouvernement sur un éventuel reconfinement. "Si le gouvernement envisage un nouveau confinement, celui-ci doit être annoncé le plus rapidement possible, pour entrer en vigueur à compter du 28 décembre", a considéré Mathieu Klein dans un communiqué, sans évoquer de limite de temps.

Cette annonce rapide sera "l'une des conditions pour permettre à chacun" de se "préparer au mieux" au nouveau confinement et "d'en limiter au maximum les répercussions négatives, notamment en matière de déplacements", a ajouté Mathieu Klein.

Cette demande intervient alors que la situation s'est fortement dégradée dans le Grand Est en général qui en est "au même niveau qu'à la mi-octobre", et dans la métropole nancéienne en particulier où le taux d'incidence est passé de 108 cas positifs au Covid-19 pour 100.000 habitants le 3 décembre à 258 lundi 21 décembre, selon le maire.

Un scénario non envisagé par Olivier Véran

Constatant un accroissement du nombre de patients hospitalisés, de "118 à 140 en 10 jours", ce qui entraîne déjà plus de 50% de déprogrammation, tant en chirurgie qu'en médecine, le maire, également président du conseil de surveillance du CHRU, estime que "face à la progression de cette nouvelle vague, des décisions rapides et difficiles sont à prendre afin d'éviter une circulation incontrôlée du virus".

"Si le vaccin nous donne une perspective de sortie durable de cette pandémie, nous devons continuer à vivre avec ce virus et préserver la santé de chacun", fait-il valoir. "Dans ce cadre, et pour permettre à notre système de soins de faire face, il ne peut y avoir de statu quo face à la circulation galopante actuelle", insiste Mathieu Klein.

Mais pour l'heure, le scénario est exclu pour le ministre de la Santé. Ce mardi soir sur TF1, Olivier Véran a expliqué qu'une telle décision "se fait en fonction de la situation sanitaire". "Aujourd'hui, dans notre pays, il y a trop de cas quotidiens, plus de 10 000 cas. Nous ne sommes pas en flambée épidémique comme certains de nos voisins qui ont dû reconfiner en catastrophe", a-t-il défendu, assurant que la France avait "déjà pris ces mesures de confinement plus tôt".

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV