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Cas mortel de choléra à Mayotte: le gouvernement assure que l'épidémie est "contenue"

Le ministre délégué en charge de la Santé et de la Prévention, Frédéric Valletoux, au CHU de Toulouse le 20 février 2024

Le ministre délégué en charge de la Santé et de la Prévention, Frédéric Valletoux, au CHU de Toulouse le 20 février 2024 - Matthieu RONDEL / AFP

Depuis Mayotte où il est en déplacement, le ministre de la Santé a essayé de rassurer alors que l'épidémie de choléra a fait un premier mort dans ce département français mercredi 9 mai.

Le ministre chargé de la Santé Frédéric Valletoux a tenté de rassurer ce jeudi 9 mai lors d'un déplacement à Mayotte, estimant "contenue" l'épidémie de choléra qui sévit sur l'île depuis environ deux mois et qui a causé un premier décès mercredi.

"On a une poussée du choléra qui est contenue. Il n'y a pas d'explosion, mais ça ne veut pas dire que ça va s'arrêter du jour au lendemain", a dit le ministre à la presse, en marge d'une visite du CHU de l'île.

Si "le nombre de cas que l'on a aujourd'hui n'est pas stabilisé", l'intervention "rapide, coordonnée et proportionnée des services" a permis de garder la "situation sous contrôle", a-t-il ajouté.

Mort d'une fillette de trois ans

Plus tôt, le ministre a visité le quartier Kirson de Koungou, où au moins une cinquantaine de cas de choléra ont été déclarés à ce jour et où une petite fille de trois ans a succombé mercredi 9 mai au soir.

Frédéric Valletoux a fait remarquer qu'aux Comores voisines, "l'épidémie a démarré un mois et demi plus tôt mais aujourd'hui on compte des milliers de cas et presque une centaine de décès". "On voit qu'à Mayotte, la réponse est adéquate", a-t-il comparé. Sur place, il a échangé avec les équipes de l'Agence régionale de santé (ARS) chargées de désinfecter les foyers dès qu'un cas est suspecté.

"Nous distribuons également des antibiotiques aux proches et nous vaccinons le plus possible. La population est très réceptive", a expliqué Olivia Noël, coordinatrice terrain qui fait partie des 29 réservistes venus en renfort pour "contenir l'épidémie" dans cette île française de l'océan Indien.

Estelle Youssouffa, députée Liot de Mayotte, a rappelé que "la population, en majorité étrangère, n'a pas toujours de téléphone et a souvent peur des autorités," donc "les gens attendent le dernier moment" pour prévenir les secours.

L'élue préconise de relancer la distribution de bouteilles d'eau pour limiter les risques de contamination par une eau impropre, l'un des vecteurs de transmission de la maladie avec les aliments contaminés.

Les premiers cas de choléra à Mayotte avaient été recensés mi-mars chez des personnes revenant des Comores voisines, où l'épidémie flambe avec 98 décès selon le dernier bilan officiel. À Mayotte, les premiers cas diagnostiqués chez des patients n'ayant pas quitté l'île sont apparus fin avril.

"Tenir dans la durée"

Le choléra, maladie bactérienne, peut provoquer des diarrhées aiguës et entraîner la mort par déshydratation en un à trois jours. Depuis mi-mars, "65 personnes ont été touchées, avec une intervention des services de santé", a précisé Frédéric Valletoux sur RTL vendredi matin.

Un protocole élaboré en février pour éviter la propagation de la maladie prévoit la désinfection du foyer du malade, l'identification et le traitement des cas contacts et une vaccination en élargissant progressivement la zone concernée autour de l'habitation du patient atteint de choléra.

Au CHU de Mayotte, Alimata Gravaillac, cheffe de service des urgences, a souligné que des kwassas, ces bateaux qu'utilisent habituellement les migrants venus des Comores voisines pour rallier Mayotte, "arrivent directement à l'hôpital avec des personnes malades".

Ces convois, qu'elle appelle "kwassas sanitaires", provoquent une "pression supplémentaire pour les soignants". Les urgentistes, qui ont "40 patients à traiter" à leur prise de service, devront "tenir dans la durée", a-t-elle estimé. Estelle Youssouffa a souligné que les convoyés "peuvent en contaminer d'autres pendant le trajet".

Interrogé sur RTL, Benjamin Davido, infectiologue à l'hôpital de Garches (Hauts-de-Seine), a souligné que "pour fermer la vanne du robinet, il faudrait, entre guillemets, s'attaquer également à ce qui se passe aux Comores".

L'épidémie actuelle va être "très difficile" à "juguler, et on risque de se retrouver avec une augmentation très rapide des cas, peut-être même plusieurs autres décès qui vont arriver", prévient-il.

Jeanne Bulant avec AFP Journaliste BFMTV