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"Attention à la grande confusion": les gynécologues appellent au discernement entre "examens médicaux et viols"

Image d'illustration d'un médecin

Image d'illustration d'un médecin - AFP

Après les accusations de viol visant la secrétaire d'État Chrysoula Zacharopoulou, certains gynécologues appellent "au discernement" pour faire la différence entre "examens médicaux et viols".

Les gynécologues devront-il repenser leur manière d'exercer? Depuis que la secrétaire d'État Chrysoula Zacharopoulou est visée par plusieurs plaintes et accusations de viols alors qu'elle exerçait en tant que gynécologue, les pratiques de ces professionnels de santé sont remises en question.

Les principaux intéressés ont pour certains choisi de s'exprimer, à l'image de Joëlle Belaisch-Allart, présidente du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF). Autrice d'une tribune dans le Journal du Dimanche dans laquelle elle appelait à faire "attention à la grande confusion" entre examens médicaux et viols, elle était invité de BFMTV ce lundi.

"Ce qu'on voudrait, c'est qu'il y ait un petit peu de discernement. Il y a dans ce qui est raconté un examen qui manque de bienveillance, mais attention, un viol il y a un caractère sexuel pervers, ce n'est pas du tout le cas là", tranche-t-elle.

Cadre juridique

Pour autant, la loi définit la notion de viol comme "tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, ou tout acte bucco-génital commis sur la personne d’autrui (...) par violence, contrainte, menace ou surprise". Elle souligne donc la notion de consentement, et intègre donc bel et bien les situations de violences gynécologiques racontées par les victimes. Ce qu'avaient tenu à rappeler de nombreuses associations féministes, ainsi que la députée de Paris Sandrine Rousseau.

Joëlle Belaisch-Allart déplore pour sa part cette absence de spécificité juridique, et dit remarquer, déjà, des conséquences sur la manière de travailler de ses confrères:

"J'entends bien que la loi actuelle ne permet pas de différencier, mais actuellement on va vers une avalanche d'accusation de viols qui est injustifiée", estime-t-elle. "Actuellement, les gynécologues sont tous terrorisés, ils renoncent à faire des touchers vaginaux et ça va nuire gravement aux patientes parce qu'on ne va plus dépister tout ce qu'il faut dépister."

Changement de pratiques

Faut-il donc que les gynécologues intègrent de nouvelles méthodes dans leur manière de travailler, en demandant systématiquement le consentement lors des consultations par exemple?

Joëlle Belaisch-Allart rappelle que le collège national des gynécologues et obstétriciens français a établi une charte de l'examen gynécologique "à afficher dans les salles d'attente de tous les médecins" selon elle.

"Si la dame ne veut pas être examinée, elle doit le dire d'emblée. La charte dit bien que oui, le consentement est fondamental. Mais il ne faudrait pas arriver à une société où avant d'examiner quelqu'un, il faudrait un avocat et un huissier avec moi", ironise-t-elle.

Néanmoins, la charte en question est basée sur le volontariat est n'est en rien punitive. Aujourd'hui, exceptée la plainte pour viol, il n'existe ainsi pas d'outil juridique qui permette à une potentielle victime de se retourner contre un gynécologue aux pratiques malveillantes.

Par L.A.