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4,5 fois moins en dix ans: l'aspartame, possible cancérogène, disparaît progressivement de nos assiettes

Aspartame, photo d'illustration

Aspartame, photo d'illustration - Pixabay

Un rapport publié ce mardi 19 mars par l'Agence nationale de sécurité sanitaire et alimentaire Nationale (Anses) révèle la présence importante de produits sucrants dans nos aliments. L'aspartame, lui, s'efface des compositions.

Le sucre est omniprésent dans notre alimentation. C'est le constat de deux études publiées par l'Agence nationale de sécurité sanitaire et alimentaire Nationale (Anses), ce mardi 19 mars. Après avoir passé en revue 54.000 produits de consommation courante, il en ressort que les trois quarts "contiennent au moins un ingrédient sucrant ou vecteur de goût sucré", même si le tableau tend à s'améliorer.

Du sucre, certes, mais pas seulement. Si l'on retrouve du bon vieux sucre "de table", du glucose ou du caramel, certains édulcorants sont aussi employés par les industriels. L'un d'eux, l'aspartame, autrefois populaire pour ses calories limitées, tombe en désuétude.

"Ces dix dernières années (...) l’utilisation des édulcorants intenses diminue fortement, en particulier celle de l’aspartame qui en dix ans environ est passée de 1,8 % à 0,4 % des produits", note l'Anses dans le compte-rendu de son enquête. Soit une réduction de l'ordre de 4,5 fois.

"C'est le sucre dont l'utilisation a le plus diminué, elle est désormais marginale", explique à BFMTV.com Julie Gauvreau-Béziat, cheffe de l’unité observatoire des aliments à l'Anses.

Un nom trop "chimique", un produit potentiellement cancérogène

D'une manière générale, les édulcorants "intenses" sont moins populaires. "On peut lier ça aux attentes de naturalité des consommateurs. L'aspartame c'est un nom qui fait beaucoup plus chimique que d'autres", souligne la directrice.

D'autres facteurs ont pu jouer sur ce désamour. C'est par exemple le cas des actions politiques: un accord entre pouvoirs publics et industriels puis la taxe sur les boissons sucrées, y compris sur les édulcorants, dont les modalités ont été renforcées en 2018.

Le désintérêt des consommateurs pour l'aspartame peut également être expliqué par les alertes sanitaires successives. La dernière date du 14 juillet dernier, lorsque l'Organisation mondiale de la santé a classé ce produit comme "peut-être" cancérogène, à fortes doses. L'autorité a appelé à "clarifier davantage la situation", constatant un défaut d'informations consolidées sur la question.

Un effort à poursuivre

Fait notable: l'une des deux études démontre que les taux de sucres diminuent dans les boissons sucrées sans alcool, comme les sodas, par exemple. Point positif, ils ne sont toutefois pas remplacés par des édulcorants, dans la grande majorité des cas (86%). Ce qui laisse toutefois 14% des cas où le sucre a été remplacé.

Cette marge illustre bien la position des autorités de santé publique, qui constatent une bonne tendance mais appellent les industriels à poursuivre leurs efforts dans un objectif de lutte contre le surpoids, lui-même facteur de risque pour d'autres maladies. L'Anses souhaiterait par ailleurs que des données similaires soient collectées dans d'autres pays afin de déterminer les actions publiques les plus efficaces.

Tom Kerkour