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Trois mois après les émeutes, une soixantaine d'élus demandent une "révolution" dans les quartiers prioritaires

Grégory Doucet, Jeanne Barseghian et Pierre Hurmic à Lyon, le 5 avril 2023

Grégory Doucet, Jeanne Barseghian et Pierre Hurmic à Lyon, le 5 avril 2023 - Jeff PACHOUD / AFP

Dans une lettre ouverte, une soixantaine d'élus de tous bords, dont de nombreux maires, appellent le gouvernement à agir pour prévenir les causes profondes du malaise régnant dans les quartiers défavorisés.

Une soixantaine d'élus, maires de métropoles et de banlieue pour la plupart, appellent, trois mois après la mort de Nahel, à "une véritable et vitale révolution" de la présence de l'État au sein des quartiers prioritaires dans une lettre ouverte au gouvernement révélée par Radio France et consultée ce samedi par l'AFP.

Dans cette lettre adressée vendredi, la soixantaine d'élus de l'association Ville et Banlieue de France ont appellé à "une véritable et vitale révolution dans le rôle et la présence de l'État", trois mois après les émeutes qui ont suivi la mort de Nahel.

Ils estiment que le changement attendu repose notamment sur "une politique volontariste de mixité sociale" alors que depuis les émeutes de juin, "la plupart des facteurs nourrissant le malaise sont toujours là".

Les maires de Lyon, Bordeaux ou Nantes signataires

Dans un peu plus de deux semaines doit se tenir un très attendu Comité interministériel des villes (CIV) présidé par la Première ministre Élisabeth Borne. Selon les signataires, il "doit à tout prix marquer une rupture quant à l'approche des politiques publiques".

"L'école, le sport, la culture, l'engagement citoyen et solidaire, la sécurité, la prévention, la santé, les mobilités et la prise en compte de la transition écologique", sont autant de leviers énumérés dans la lettre.

Parmi les signataires figurent le maire écologiste de Lyon Grégory Doucet, la maire EELV de Strasbourg Jeanne Barseghian et celui de Bordeaux Pierre Hurmic ou encore l'édile PS de Nantes Johanna Roland.

On recense encore les maires de Sarcelles, le Kremlin-Bicêtre, Étampes, Nogent-sur-Marne, Gennevilliers, Grigny, en région parisienne, de Saint-Étienne-du-Rouvray en Seine-Maritime, de Roubaix, dans le Nord, d'Arras, dans le Pas-de-Calais et de Vaulx-en-Velin dans le Rhône.

"Apporter des réponses au long cours"

"Nous sommes prêts, dans un dialogue constructif avec l'État, à apporter des réponses au long cours aux causes de ces émeutes urbaines, et au profond malaise sous-jacent", ont-ils déclaré, saluant "le temps d'écoute" marqué par la secrétaire d'État à la Ville Sabrina Agresti-Roubache, depuis sa nomination.

Émeutes: pourquoi les maires sont visés
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17:08

Celle-ci a annoncé mi-septembre une hausse de 40 millions d'euros du budget de son ministère pour 2024, à 640 millions d'euros. Un signal positif toutefois considéré comme une goutte d'eau pour certains maires, rappelant le faible poids de la politique de la ville dans le budget de l'État.

Des premières annonces sont attendues le 9 octobre, à l'occasion du CIV. La Première ministre avait plaidé début septembre pour une réponse "globale" incluant à la fois les questions de sécurité et "de respect de l'autorité, d'intégration, d'éducation, de lutte contre la précarité et de mixité sociale".

J.D. avec AFP