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Sondage: pour 76% des Français la plupart des politiques privilégient leur intérêt personnel à l'intérêt général

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Le gouvernement projette une loi sur la moralisation de la vie publique. L'institut Elabe a sondé les Français à ce sujet pour BFMTV. Plus de trois Français sur quatre estiment que la majorité du personnel politique fait passer son intérêt personnel avant l'intérêt général.

Le gouvernement devra s'employer s'il veut que les personnalités politiques regagnent la confiance des Français. Selon le nouveau sondage Elabe "L'Opinion en direct" pour BFMTV, publié ce mercredi, 76% d'entre eux estiment que la plupart des femmes et des hommes politiques font passer leur intérêt personnel avant l'intérêt général. En face, on trouve 1% de sondés sans opinion sur la question et 23% jugeant que ce travers ne touche qu'une "petite minorité" de la classe politique.

Les jeunes et les ouvriers les plus désabusés

Ce sont les sondés dont l'âge est compris entre 25 et 34 ans et les ouvriers qui voient les choses de l'oeil le plus sombre. Les premiers (et le taux est le même pour les 35-49 ans) pensent que les responsables politiques privilégient leur intérêt sur celui de la nation pour 83% d'entre eux, et les seconds à 86%. Du côté des électorats, ce sont les Français sans attache partisane (83%) et sympathisants FN (89%) qui sont les plus nombreux à juger que les dirigeants et élus pensent à eux avant toute chose. Parmi les citoyens se revendiquant de la gauche non-socialiste, la méfiance atteint 74% et 73% chez les électeurs "Les Républicains". 

Les plus optimistes quant à cette question sont les sympathisants d'"En Marche!" et du MoDem. En effet, ils sont seulement, si on ose dire, 59% à estimer que l'intérêt personnel prime sur l'intérêt commun pour les politiques. Au sein de la population, les plus de 65 ans sont les moins durs. Ils sont 67% à partager l'avis mentionné. 

La possibilité de l'exécutif de moraliser la vie publique divise

Puisque la place actuelle éthique en politique laisse dubitatif une large majorité des Français, il convient donc d'y remédier. Or, lorsque l'institut Elabe demande à son panel s'il fait confiance ou non "à Emmanuel Macron et au gouvernement d'Edouard Philippe pour renforcer la moralisation de la vie politique", un projet de loi sur le sujet devant être présenté en Conseil des ministres le 14 juin prochain, la réponse obtenue est des plus mitigées. 51% des sondés déclarent ne pas faire confiance (et 18% n'ont "pas du tout" confiance) à l'exécutif pour redresser la barre de ce côté-là. 48% d'entre eux, en revanche, accordent leur confiance à la nouvelle équipe. Ce sont les personnes âgées de plus de 65 ans qui l'accordent le plus volontiers (55%) et les cadres (56%). Néanmoins, les 25-34 ans (54%), leurs aînés de 35 à 49 ans (58%) ne consentent pas à donner leur confiance. Les ouvriers sont 60% à se défier du sommet de l'Etat à ce propos. 

En parcourant les différentes sensibilités, on découvre que 93% des personnes interrogées se déclarant sympathisants d'"En Marche!" et du MoDem s'en remettent sereinement au gouvernement pour arranger les choses sur ce plan. 62% des électeurs proches du Parti socialiste tiennent la même ligne. A droite, 50% des sondés n'ont pas confiance, contre 48% d'opinions positives sur ce thème. 89% des sympathisants frontistes et 63% de la gauche non-socialiste se méfient. 

Les mesures concrètes plébiscitées 

Les Français sont donc un peu plus nombreux à juger que l'exécutif ne remplira pas la mission qu'il s'est fixée sur ce point mais plébiscitent les quatre mesures présentées par Elabe, censées contribuer à la moralisation de la vie publique. Exiger un casier judiciaire vierge pour toute candidature à une élection? Une bonne idée pour 95% des membres du panel, dont 81% de personnes se disant "tout à fait favorables" à cette proposition. 93% des Français, dont 72% de personnes particulièrement en faveur de cette hypothèse, approuveraient la formulation aux parlementaires d'exercer des activités de conseil. Une autre interdiction est envisagée: celle qui empêcherait les élus et les ministres d'embaucher des membres de leur famille. Elle est portée par 91% (dont 65% très favorables) des Français. La majorité est à peine plus restreinte à se prononcer pour une limitation à trois mandats successifs maximum pour une même fonction de parlementaire, de maire ou de président d'un exécutif local (87% dont 60% de personnes "tout à fait favorables"). 

Le consensus des Français autour de ces solutions possibles est décidément frappant. Tous les segments d'âge, politiques géographiques, politiques et sociaux sont très largement favorables à ces mesures. 

Echantillon de 1.000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée selon la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes : sexe, âge et profession de l’interviewé après stratification par région et catégorie d’agglomération. Interrogation par Internet les 30 et 31 mai 2017.

Robin Verner