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Politique

Serge Dassault, militant et élu de droite pendant trois décennies

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Serge Dassault n'était pas seulement un patron de l'aéronautique et du secteur de l'armement. Il avait aussi embrassé une carrière politique à compter des années 80, après avoir pris sa première carte de militant à l'orée des années soixante-dix. Toujours à droite, il a obtenu plusieurs mandatures, et traversé quelques polémiques.

"Plus qu'un chef d'entreprise de dimension mondiale, il était un visionnaire", a déclaré ce lundi Nicolas Sarkozy. "C'est un pays tout entier qui voit disparaître un artisan acharné de la grandeur française", a-t-il renchéri. "J'avais de l'estime et de la considération pour lui", a marqué l'ex-Premier ministre et ancien maire d'Evry Manuel Valls. Ces hommages étaient destinés à Serge Dassault, milliardaire et ponte de l'industrie de l'armement, de l'aéronautique, longtemps élu dans l'Essonne comme le second, et mort ce lundi après un malaise cardiaque.

Signe du caractère incontournable de la figure de Serge Dassault, l'actuel président de la République a publié un communiqué en début de soirée. Emmanuel Macron y a déploré la perte pour la France d'"un homme qui a consacré sa vie à développer un fleuron de l'industrie française". 

Sénateur à 79 ans

Mais avant que ces personnages bien connus de la classe politique fassent chacun leur tour son éloge funèbre, Serge Dassault en faisait lui-même parti. Naturellement homme de droite dans une famille traditionnellement gaulliste, au sein de laquelle son père, Marcel Dassault, avait ouvert la voie en devenant député élu dans l'Oise, Serge Dassault s'engage activement en politique en 1974. Alors que le nom Dassault est déjà associé à celui de Jacques Chirac et des barons du gaullisme à l'époque, il ne choisit pourtant pas initialement de rejoindre l'UDR, qui prend le nom de RPR deux ans plus tard, mais le Centre national des indépendants et des paysans (CNIP). C'est le début pour lui d'une carrière plus chaotique que dans le monde des affaires. 

Dix-huit ans séparent ainsi sa première candidature à la mairie de Corbeil-Essonnes en 1977 et sa conquête en 1995. Mais il ne s'écartera jamais de son fief de l'Essonne. Conseiller municipal de cette commune en 1983, il devient par la suite conseiller régional puis général. S'il a toujours échoué à gagner un siège de député au Palais-Bourbon, il décroche, à 79 ans, un mandat sénatorial. Il est sénateur UMP de 2004 à 2017.

Sous l'œil de la justice 

Ses sympathies et son soutien sont d'abord acquis à Jacques Chirac, comme l'avaient été ceux de son père, puis s'attachent à Nicolas Sarkozy et, lors du dernier scrutin présidentiel, à François Fillon. Conscient que la politique est au moins autant affaire d'influence que de mandats ou de fonctions, il devient l'actionnaire unique du Figaro en 2004. 

Détenteur de 19 milliards d'euros, quatrième fortune française selon le dernier classements Forbes, Serge Dassault est toutefois soupçonné d'avoir illégalement mis à profit son argent à l'appui de sa trajectoire politique. C'est l'hypothèse de la mise en place d'un système d'achat de votes pour assurer sa réélection à la tête de la mairie de Corbeil-Essonnes, qu'il a dirigée de 1995 à 2009, qui a motivé l'annulation du suffrage de 2008 par le Conseil constitutionnel. En 2014, il est mis en examen dans une enquête sur des soupçons d'achat de votes à Corbeil-Essonnes en faveur de Jean-Pierre Bechter, son successeur, en 2009 et 2010. En février 2017, il est condamné pour avoir dissimulé au fisc des comptes à l'étranger pendant 15 ans et reçoit une peine de cinq ans d'inéligibilité et deux millions d'euros d'amende. 

Un homme de polémiques 

Il a aussi suscité la controverse dans les médias par ses propos. A la fin de l'année 2012, en plein débat sur l'adoption du Mariage pour tous par les parlementaires, il avait lancé à la radio: "Il n’y a plus de renouvellement de la population, à quoi ça rime? On va avoir un pays d’homos. Et bien alors dans dix ans il n’y a plus personne. C’est stupide."

Quatre ans plus tôt, le multimilliardaire s'était signalé à l'attention de l'opinion publique, en estimant "anormal" d'aider les chômeurs "des gens qui ne veulent pas travailler parce qu'on les paye trop".

Robin Verner