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Sarkozy détrôné dans le coeur des sympathisants UMP

Les deux rivaux, Alain Juppé (gauche) et Nicolas Sarkozy.

Les deux rivaux, Alain Juppé (gauche) et Nicolas Sarkozy. - Homas Samson, Lionel Bonaventure - AFP

En nette baisse dans plusieurs sondages, Nicolas Sarkozy perd des soutiens depuis son retour sur le devant de la scène, y compris auprès des sympathisants UMP qui lui préfèrent désormais Alain Juppé.

Juppé en passe de faire de l'ombre à Sarkozy? C'est ce que montrent plusieurs sondages. Le retour progressif de l'ancien Président sur l'estrade politique, depuis sa déclaration de candidature à la présidence de l'UMP mi-septembre, devait apparaître comme la "capsule d'astronaute qui rentre dans l'atmosphère", s'amusait son porte-parole, le député UMP du Nord Gérald Darmanin.

Mais l'atterrissage commence à ressembler plus à un crash qu'à un posé en douceur, même si l'ambiance dans les réunions publiques qu'il tient, où l'assistance est nombreuse, reste à l'enthousiasme.

Sarkozy derrière Marine Le Pen et devancé par Juppé

Dernier sondage en date, celui d'Ipsos, réalisé vendredi et samedi, le plus défavorable à l'ancien président: il perd neuf points à 31% d'opinions favorables, se situant derrière Marine Le Pen (34%), François Fillon (36%) ou Alain Juppé (54%, en tête du classement).

Dernier du classement chez les sympathisants PS, derrière même Jean-François Copé (8%) ou Marine Le Pen (9%), Nicolas Sarkozy est désormais devancé par Alain Juppé chez les sympathisants UMP, l'ancien maire de Bordeaux récoltant 76% d'opinions favorable (+4 points depuis septembre) contre 71% pour Nicolas Sarkozy, en chute de 11 points.

Anecdotique? Pas à en croire de précédentes enquêtes, comme celle de l'institut CSA les 30 septembre et 1er octobre et une autre encore de l'institut LH2. Elle a placé jeudi pour la première fois Nicolas Sarkozy (35%, -3 points) derrière Alain Juppé (47%, +15 points) auprès de l'ensemble des participants éventuels à la primaire UMP pour 2017. Nicolas Sarkozy semble donc désormais devancé par le maire de Bordeaux auprès du premier électorat qu'il cible, celui de droite et plus spécifiquement celui de l'UMP.

Ses soutiens sur la défensive

"Il faut rester calme, l'urgence n'est pas la présidentielle ni la primaire, c'est la reconstruction de la droite", en clair la présidence de l'UMP, a nuancé l'un de ses proches Gérald Darmanin. "Les instituts de sondage mesurent des choses qui n'existent pas. Le seul sondage, c'est le ressenti que les militants peuvent donner dans un meeting, et encore c'est extrêmement relatif", d'après lui.

Circulez, il n'y a rien à voir! répond de son côté le sarkozyste Brice Hortefeux, qui reconnaît toutefois implicitement qu'un duel s'installe avec Alain Juppé : "On compare aujourd'hui deux situations qui n'ont rien à voir: il y a un candidat à la présidence de l'UMP, et un qui ne l'est pas. Généralement on compare des compétiteurs, mais aujourd'hui, il n'y a pas de compétition. Voilà pourquoi c'est sans doute un peu particulier".

Mais si l'accession future de Nicolas Sarkozy à la tête du parti fin novembre ne fait guère de doute, se poser ensuite comme patron de l'UMP sera plus compliqué.

"Dans le marigot"

Ses adversaires en ont vite fait leur miel, jouant la musique attendue du retour raté. "En 6 mois, Juppé et Sarkozy ont inversé les rôles: Juppé a pris de la hauteur, Sarkozy est dans le marigot", commente un haut responsable FN, tandis qu'un dirigeant centriste constate que "ça ne marche pas du tout, techniquement le numéro est déjà vu".

Même dans son camp, des élus, comme le député Franck Riester, soutien de Bruno Le Maire pour la présidence de l'UMP, se mettent à cogner. Il n'y a "pas de dynamique autour de (son) retour": "même film", "même scénario", "même mise en scène", éreinte-t-il.

L'ancien Président "n'a que des coups à prendre à être président de l'UMP", explique un poids lourd du parti. Malgré quelques ralliements importants, "son retour ne se déroule pas comme il le souhaite: il n'a pas fait le vide autour de lui, et a échoué à noyauter les élus. On a l'impression d'avoir le même jouet cinq ans plus tard dans le magasin", condamne un de ses rivaux.

D. N. avec AFP