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Réuni en séminaire gouvernemental, l'exécutif fait sa rentrée sous le signe de l'écologie

Les membres du gouvernement à leur arrivée à l'Elysée pour y suivre le séminaire gouvernemental.

Les membres du gouvernement à leur arrivée à l'Elysée pour y suivre le séminaire gouvernemental. - Ludovic Marin

L'intégralité du gouvernement se réunit ce mercredi autour d'Emmanuel Macron à l'Élysée pour un séminaire gouvernemental long d'une journée. Il doit fixer les priorités du gouvernement, préciser ses projets de loi, et surtout sensibiliser les membres de l'exécutif à l'urgence climatique. Un rendez-vous crucial pour le pouvoir que l'opposition et certains observateurs jugent cependant dérisoire au vu des enjeux.

Emmanuel Macron leur a demandé de bloquer leur journée. Ce mercredi, le chef de l'État réunit les ministres à l'Élysée pour un séminaire gouvernemental annoncé de longue date. Il faut dire qu'il en attend beaucoup: le rendez-vous doit préciser les grandes orientations de l'exécutif et son agenda pour les prochaine semaines. Surtout, l'événement doit servir à éclairer la lanterne des ministres quant aux grandes questions écologiques, au sortir d'un été calamiteusement chaud et sec, tandis que se lèvent les menaces énergétiques.

Déroulement, acteurs, enjeux mais aussi critiques autour d'une formule que l'opposition juge durement: BFMTV.com fait le point sur cette journée de séminaire pour le gouvernement.

Un ordre du jour serré

Emmanuel Macron et sa Première ministre Élisabeth Borne ont vu les choses en grand. Ainsi, ce sont les 42 ministres de plein exercice, délégués et secrétaires d'État qui ont été conviés à participer à ce séminaire de rentrée. On y trouve même des membres que le protocole n'appelle pas forcément à assister au Conseil des ministres habituellement. L'affluence a par conséquent conduit à pousser les murs. Ou plutôt à s'en trouver d'autres. Pour une fois, l'équipe exécutive ne se réunira pas au Salon Murat mais dans la Salle des Fêtes de l'Élysée.

Quant à l'ordre du jour, il est pour le moins serré. Dans la matinée, le gouvernement doit s'entretenir des "grands enjeux fiscaux et budgétaires du quinquennat", de "l'engagement pour le plein emploi", et régler "son action face au défi climatique". Chacun de ses items charrie avec lui l'examen de l'un des grands projets de loi à venir. Ainsi, il sera question de la réforme de l'Assurance-chômage, d'un texte sur la sécurité, du projet de loi de finances, et du dispositif sur l'accélération du déploiement des énergies renouvelables.

Car l'écologie s'impose bien comme le coeur du séminaire de ce mercredi. Non seulement le gouvernement doit profiter de la journée pour parfaire ses connaissances sur les problématiques environnementales actuelles et avancer de premières réponses, mais il s'agira pour lui de concilier la lutte contre ce dérèglement climatique et la défense du pouvoir d'achat, traduction concrète des appels à la sobriété que le président de la République et sa Première ministre ont multiplié ces derniers jours.

L'emploi du temps détaillé

Le déroulement de la journée a été détaillé. À l'issue du Conseil des ministres proprement dit, qui a eu lieu traditionnellement à compter de 10H, et l'examen des différents projets de loi, la quarantaine de participants doit faire un peu de place à une nouvelle arrivante: la climatologue Valérie Masson-Delmotte. Celle-ci est membre du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat des Nations unies, le Giec, qui alerte rapport après rapport sur la montée des menaces écologiques et milite pour l'adoption de politiques ambitieuses pour les contrecarrer.

La climatologue est attendue dans l'après-midi et filera un exposé de 30 minutes devant l'assistance. L'intéressée a déjà livré la couleur, si ce n'est la substance, de son intervention samedi dernier à Ouest France.

"On est dos au mur: si on n'agit pas, on ne va faire que subir, crise après crise", explique-t-elle.

Une prise de parole vue avec bienveillance par les acteurs associatifs, au premier rang desquels Laurence Tubiana, directrice de la Fondation européennne pour le climat sur franceinfo ce mercredi matin. "Dans ces trente minutes, Valérie Masson-Delmotte (...) peut les convaincre qu'il ne faut pas avoir peur", a-t-elle lancé, avant de postuler que l'opinion publique était mûre, en s'appuyant sur une enquête commandée par sa fondation, renforçant la pression autour du gouvernement: "On voit que 62% des Français pensent que le gouvernement est trop lent pour investir dans les énergies renouvelables et sept Français sur dix se déclarent en faveur de l'accélération de la transition, en particulier dans l'électorat d'Emmanuel Macron".

Les ministres se relaieront ensuite un à un, comme l'a noté ici le journal Les Echos, pour dévoiler les actions envisagées par leur propre ministère dans cet effort collectif en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique. Enfin, Élisabeth Borne doit clore la journée par un point-presse à 18h.

L'objet de nombreuses critiques

Si l'exécutif cherche à prendre date pour l'avenir immédiat à travers ce séminaire, le dispositif ne trouve pas grâce auprès de tout le monde. L'opposition a déjà fait part de ses réserves ou de ses critiques, et elles sont d'ordres divers. Laurent Jacobelli, député RN élu en Moselle et porte-parole de sa formation, cité ici par Ouest France, a accusé Emmanuel Macron de trop en faire:

"Il dit toujours que l'apocalypse arrive demain, et comme l'apocalypse n'arrive pas, il nous explique que c'est grâce à lui".

Yannick Jadot, eurodéputé et leader d'Europe Écologie-Les Verts nourrit une toute autre vision. Sur franceinfo ce mercredi, il a dénoncé un exécutif trop peu volontaire en matière écologique, et même timoré: "Le plan du gouvernement pour les mesures c’est d’appliquer la loi. La loi sur la température – 19°C – la loi sur les terrasses chauffées…". De surcroît, il a confié attendre davantage de stabilité:

"On change les règles tous les deux ans. Ce qui fait que ceux qui investissent sont toujours en difficulté."

La veille, sur le plateau de l'émission de France 5 C à vous, l'ingénieur engagé dans la lutte contre le réchauffement et lui-même membre du Haut Conseil pour le climat, Jean-Marc Jancovici, a pour sa part raillé l'aspect dérisoire de l'entreprise selon lui: "Il faut que les membres du gouvernement soient formés. J’avais proposé 20 heures, et c’était le talon bas. Là, c’est un séminaire où ils vont être formés une heure et parler aux médias pendant trois heures."

"Il faut qu’ils retournent à l’école! Être ministre ne fait pas de vous quelqu’un de compétent sur des sujets que vous n’avez pas vu durant vos études", a-t-il enchaîné.

Deux jours avant un Conseil de Défense énergétique

Ce rendez-vous écologique, postérieur à cet été de canicules et d'incendies que la ministre de la Transition énergétique a présenté comme "le plus frais" des vingt prochaines années selon les prévisions, revêt toutefois une importance d'autant plus grande que les tensions se font de plus en plus lourdes autour du gaz et de l'électricité en raison de l'évolution de la guerre russe en Ukraine.

Vendredi, l'Élysée organisera d'ailleurs un Conseil de défense d'un nouveau genre, exclusivement tourné vers cette thématique. Quelques options sont déjà sur la table, d'après les informations de notre antenne, comme une baisse de la tension sur le réseau, de 230 à 220 volts. Un Conseil de défense énergétique qui se tiendra cette fois en plus petit comité.

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV