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Rentrée politique: Hollande et le gouvernement sous pression

François Hollande et Manuel Valls sont sous pression en cette rentrée politique.

François Hollande et Manuel Valls sont sous pression en cette rentrée politique. - Bertrand Langlois - AFP

La rentrée du gouvernement, qui sera effective mercredi avec un premier Conseil des ministres, s'annonce particulièrement agitée. François Hollande et Manuel Valls sont en difficulté sur le plan économique et voient leur majorité de plus en plus affaiblie.

Pour François Hollande et le gouvernement, c'est déjà la rentrée: le premier Conseil des ministres a lieu mercredi. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'exécutif est sous pression. Croissance nulle, désamour des Français, alliés écologistes très critiques, perte programmée du Sénat, retour annoncé de Nicolas Sarkozy... BFMTV.com revient sur les dossiers qui vont parasiter les prochaines semaines de Manuel Valls et de ses ministres.

> Une croissance nulle

La mauvaise nouvelle est venue de l'INSEE, jeudi 14 août: le PIB français a stagné au second trimestre avec une croissance de 0%. Conséquence première, la France ne pourra pas tenir ses objectifs de réduction des déficits en 2014, a indiqué Michel Sapin, le ministre des Finances. Cette croissance nulle pourrait avoir un impact direct sur l'emploi.

Une réalité qui risque d'affaiblir encore l'autorité de Manuel Valls et permettre à une UMP, elle-même en difficulté, de regagner en popularité en critiquant l'inefficacité du gouvernement.

Ces mauvais chiffres ne semblent toutefois pas effrayer le Premier ministre. A la rentrée, il sera "hors de question" de changer de politique, a déjà prévenu Manuel Valls, qui prône "un discours de vérité" et demande "du temps aux Français".

> Une défiance grandissante

L'exécutif demande du temps, mais il n'est pas sûr que les Français, une fois rentrés de vacances, lui en donnent beaucoup. Ainsi 8 Français sur 10 ne font pas confiance au gouvernement pour améliorer la situation économique, selon un sondage Ifop pour le JDD publié le 17 août. 85% des sondés ne font pas non plus confiance au gouvernement pour lutter contre le chômage. La cote de popularité de François Hollande, reste quant à elle extrêmement basse et se situe en permanence aux alentours des 20%.

> Une majorité fragile

Le manque de popularité de l'exécutif ne serait pas un problème si sa majorité au Parlement disposait d'une véritable assise. Mais de ce côté là aussi, la rentrée risque d'être mouvementée. Les écologistes d'EELV, qui se réunissent du 21 au 23 août à Bordeaux pour leurs journées d'été, pourraient mettre en difficulté François Hollande.

Cécile Duflot, ancienne ministre du Logement, s'apprête à publier Voyage au pays de la désillusion, un livre où elle raconte son expérience au sein du gouvernement Ayrault. L'ouvrage, qui paraîtra le 25 août, ne devrait pas être très favorable aux socialistes. Sur Twitter, Cécile Duflot a d'ailleurs prévenu

"cuisvis hominis est errare, nullius nisi insipientis perseverare in error", ce qui signifie "tout homme peut se tromper, mais seul l'insensé persiste".

Autres alliés des socialistes, autres problèmes: les radicaux de gauche menacent de quitter le gouvernement si l'exécutif n'accède pas à leurs demandes concernant la réforme territoriale. Emmenés par leur président, Jean-Michel Baylet, ils souhaitent le maintien du Conseil général dans les départements ruraux.

Par ailleurs, certaines voix au sein même du PS, à l'instar de celle de Marie-Noëlle Lienemann, se désolidarisent de plus en plus souvent du gouvernement. L'université d'été du Parti socialiste qui aura lieu du 29 au 31 août à La Rochelle risque d'être le théâtre de tensions.

> Le Sénat pourrait repasser à droite en septembre

La majorité de gauche au Sénat pourrait ne pas survivre aux prochaines élections sénatoriales. Le scrutin du 28 septembre, qui renouvellera la moitié des 348 sièges des sénateurs, risque de se traduire par un basculement à droite de la Haute assemblée. La gauche ne dispose que de cinq voix d'avance et, pour rappel, les sénateurs sont élus par des représentants des communes et le succès de la droite aux élections municipales devrait être fatal aux socialistes et leurs alliés.

> Sarkozy et Mélenchon de retour?

La rentrée sera-t-elle marquée par le retour de Nicolas Sarkozy? Selon Xavier Bertrand, cela ne fait aucun doute. L'ancien chef de l'Etat sera en lice le 29 novembre prochain pour la présidence de l'UMP, a estimé dimanche le député de l'Aisne dans une interview à Corse Matin. L'ombre de l'ancien chef de l'Etat va donc planer sur le "Campus du renouveau" des Jeunes Pop de l'UMP, qui se déroulera au Touquet les 30 et 31 août. Luc Chatel, François Fillon, Bruno Le Maire, Xavier Bertrand ou Henri Guaino devraient se rendre sur place.

Le retour de Nicolas Sarkozy pourrait redonner de la vigueur à l'UMP. Celui de Jean-Luc Mélenchon aura-t-il la même capacité de nuisance pour le gouvernement? Le Parti de gauche organise le 22 août son habituel "Remue-méninges".

Il ne fait aucun doute que cette journée permettra à Jean-Luc Mélenchon de faire son grand retour sur le devant de la scène politique. Ce dernier s'était mis en retrait à la suite de la déroute du Front de gauche aux élections européennes. Le parti de la "gauche de la gauche" devra panser ses plaies mais il devrait aussi en profiter pour tacler sévèrement la politique menée par l'exécutif.

Maxence Kagni avec AFP