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Reconquête

"Insulte à la France": 20.000 euros d'amende requis contre Éric Zemmour pour injure raciste

Eric Zemmour, le 10 avril 2022 à Paris

Eric Zemmour, le 10 avril 2022 à Paris - bERTRAND GUAY © 2019 AFP

La peine demandée par la procureure, 100 jours-amende à 200 euros, peut se transformer en emprisonnement en cas de non-paiement.

Le parquet a requis vendredi 20.000 euros d'amende à l'encontre du polémiste d'extrême droite Eric Zemmour, jugé à Paris pour injure publique à caractère racial pour avoir qualifié en 2018 le prénom de l'ex-chroniqueuse du groupe Canal+ Hapsatou Sy d'"insulte à la France".

La peine demandée par la procureure, 100 jours-amende à 200 euros, peut se transformer en emprisonnement en cas de non-paiement.

L'ex-candidat à la présidentielle de 64 ans et président de Reconquête, qui ne s'est pas présenté à l'audience, est renvoyé devant le tribunal correctionnel pour des propos tenus lors de l'enregistrement en public de l'émission de Thierry Ardisson "Les Terriens du dimanche" en septembre 2018 sur C8. La société de production avait coupé au montage l'extrait dans lequel Eric Zemmour déclarait que le prénom d'Hapsatou Sy était une "insulte à la France", en raison notamment d'un "fort risque de condamnation juridique".

La chroniqueuse avait diffusé sur les réseaux sociaux une vidéo filmée par une maquilleuse contenant ce passage coupé et porté plainte avec constitution de partie civile. La séquence telle que diffusée sur C8, et visionnée par le tribunal, s'arrête sur des échanges sur le choix des prénoms.

L'avocat de Zemmour demande sa relaxe

Hapsatou Sy rappelle son prénom à Eric Zemmour, qui rétorque: "Votre mère a eu tort". "Et vous voudriez que je m'appelle comment ?", rebondit la chroniqueuse. "Corinne", lui répond l'invité de l'émission, enregistrée en public.

Dans un face-à-face suivant, coupé au montage, la chroniqueuse déclare: "Ce que vous venez de dire est une insulte à la France". "Mademoiselle, c'est votre prénom qui est une insulte à la France", affirme en retour Eric Zemmour.

Pour la défense du polémiste, ces propos ayant été coupés au montage, ils ne peuvent être poursuivis. L'avocat d'Eric Zemmour, Me Olivier Pardo, a soutenu d'autre part que l'affirmation de son client, qui avait pu être ressentie par Hapsatou Sy comme "quelque chose de désagréable", ne constituait pas dans le droit "une injure à caractère racial". Il a plaidé la relaxe.

Un "habitué des polémiques"

Pour l'accusation, Eric Zemmour, un "habitué des polémiques" qui "maîtrise sa parole", s'est bien rendu coupable de ce délit. "Les limites de la liberté d'expression ont été franchies", a estimé la procureure.

"On ne peut pas insulter sous prétexte de la liberté d'expression", a déclaré Hapsatou Sy, 41 ans, qui a décrit à la barre la "vague de haine" qu'elle subissait depuis quatre ans.

"Mise au placard" après cette émission, l'ex-chroniqueuse avait finalement démissionné du groupe Canal+ en août 2021. Elle a indiqué être désormais "entrepreneur dans les cosmétiques".

S.C avec AFP