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Parti socialiste

Martine Aubry, le coup de la tribune permanent

Martine Aubry avec Françis Hollande et le président de la Fédération française de tennis Jean Gachassin à LIlle pour la finale de la Coupe Davis en novembre 2014

Martine Aubry avec Françis Hollande et le président de la Fédération française de tennis Jean Gachassin à LIlle pour la finale de la Coupe Davis en novembre 2014 - Denis Charlet - AFP

Sans mandat politique national et sans avoir mené campagne pour les élections régionales ou pour la présidence du PS, la maire de Lille a plusieurs fois, depuis l'accession à l'Elysée de François Hollande, fait entendre son point de vue, divergent. Souvent par le biais de tribunes ou de longs entretiens donnés à la presse.

Alors que Martine Aubry doit passer une tête mercredi soir à une réunion sur une possible primaire à gauche, la charge est venue par écrit, peu avant 11 heures, dans une tribune publiée par Le Monde. Avec ses co-signataires, parmi lesquels Benoît Hamon ou Daniel Cohn-Bendit, ils se livrent à un véritable réquisitoire contre la politique menée par le tandem François Hollande-Manuel Valls. Toutes les principales lois présentées depuis 2014, du pacte de responsabilité en faveur des entreprises à la prochaine réforme du code du travail en passant par la déchéance de nationalité ou les positions tranchées du Premier ministre sur la crise des réfugiés en Europe, sont taillées en pièce. 

Passée maîtresse de la critique contre la politique gouvernementale, Martine Aubry multiplie les prises de positions, comme pour signifier au gouvernement qu'elle le surveille du coin de l'oeil. Et peaufine en même temps son image de caution de gauche, quand bien même elle se tient à bonne distance de la politique nationale. On murmure ainsi qu'elle a refusé une place au gouvernement en 2012, de prendre la tête du PS ou qu'elle a renoncé à affronter Marine Le Pen aux régionales de 2015.

Des "ambitions pour la France"...

Dès le 26 août 2013, soit un peu plus d'un an après l'élection de François Hollande à la présidence, Martine Aubry publie une tribune dans Le Monde où elle soutient le gouvernement (de Jean-Marc Ayrault) mais l'exhorte aussi à porter "pour la France une grande ambition, celle de lui redonner sa mission historique d'un pays qui ouvre des perspectives pour la culture, la science, l'imagination, la liberté, le bien-être." 

Un an plus tard, l'ouverture des commerces le dimanche, dans le cadre de la loi Macron donne lieu à un nouveau texte, toujours dans Le Monde (10 décembre 2014). Martine Aubry appelle notamment "à ne pas réduire l'existence à la consommation. (...) Sur un sujet qui touche à l’organisation du temps dans la société, à la façon dont nous voulons vivre ensemble, ce ne sont pas les sondages qui doivent servir de boussole". Un rappel aux valeurs de la gauche qui sonne comme un avertissement.

... aux attaques franches contre la politique économique

En octobre et décembre 2014, dans des entretiens à Libération et au Journal du Dimanche, la maire de Lille estime qu'il n'était "pas trop tard" pour "réussir le quinquennat" mais plaide fermement "pour une réorientation de la politique économique". La dernière attaque en date est frontale et vise sans conteste Manuel Valls alors que la fille de Jacques Delors avait plutôt ménagé jusqu'ici François Hollande, son ancien adversaire de la primaire de 2011. Et tant pis si elle use encore du "coup médiatique" qu'elle reprochait parfois à Arnaud Montebourg.

Ainsi lors du dernier congrès du PS mi-2015, Martine Aubry, qui avait déposé sa propre contribution, s'était finalement ralliée à la motion pro-gouvernement de Jean-Christophe Cambadélis. Quitte à devenir illisible, elle voulait alors préserver le PS. Un temps révolu, sauf si François Hollande parvient à rédiger la synthèse entre Martine Aubry et Manuel Valls.