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La majorité absolue du PS menacée, ses alliés se réjouissent

Avec 292 députés à l'Assemblée nationale, le groupe socialiste s'approche du seuil de la majorité absolue.

Avec 292 députés à l'Assemblée nationale, le groupe socialiste s'approche du seuil de la majorité absolue. - -

A chaque élection législative partielle, la majorité du Parti socialiste à l'Assemblée nationale s'effrite un peu plus. Ils étaient 297 députés socialistes l'an dernier, ils ne sont plus que 292 aujourd'hui. Les alliés du PS se frottent les mains.

Le soir du 17 juin 2012, ils étaient 297 députés socialistes à rejoindre les bancs de l'Assemblée nationale. Un an plus tard, la présence du PS au sein de l'hémicycle s'effrite à chaque élection partielle: plus que 292 élus, juste au-dessus du seuil de la majorité absolue, à 289 députés.

Le Parti socialiste fait désormais face à des législatives partielles compliquées à remporter, ce samedi en Amérique du Nord et les 16 et 23 juin dans le Lot-et-Garonne, l'ancien fief de Jérôme Cahuzac.

A l'occasion de ces scrutins risqués, BFMTV.com fait le point sur les difficultés de la majorité.

5 élections partielles, 0 victoire

L'hémorragie débute pour le PS à l'automne 2012. L'élection de Dolorès Roqué, élue dans la 6e circonscription de l'Hérault est annulée par le Conseil constitutionnel pour des "irrégularités" sur des procurations. Lors de la législative partielle qui suit, Dolorès Roqué échoue au second tour face à l'UMP Elie Aboud, qui remporte l'élection avec 61,91% des voix.

Le cas de la socialiste montre la difficulté des législatives partielles pour le PS. Dans ces scrutins, l'abstention est en générale nettement plus importante qu'aux législatives "traditionnelles", organisée à la suite de l'élection présidentielle. Dans ces conditions, les triangulaires deviennent rarissismes, car il faut, pour se maintenir, dépasser le seuil de 12,5% des inscrits.

Impossible donc de profiter de la division des voix à droite, qu'il s'agisse de la présence d'un candidat Front national ou d'un dissident UMP, parfois bien utile pour la gauche. En 2012, Dolorès Roqué avait gagné avec seulement 10 voix d'écart sur son rival UMP, miné par la présence d'un frontiste au second tour.

Dans des conditions similaires, la candidate PS Daphna Poznanski-Benhamou a été éliminée fin mai dès le premier tour de la législative partielle dans la 8e circonscription des Français de l'étranger. Les socialistes avaient remporté le siège en juin 2012.

Le poids des affaires

Jérôme Cahuzac
Jérôme Cahuzac © -

La majorité socialiste à l'Assemblée nationale est également minée par les affaires, celle de Jérôme Cahuzac en tête. L'ex-ministre du Budget a démissionné de son poste de député de la 3e circonscription du Lot-et-Garonne, après la révélation de sa fraude fiscale.

La partie est loin d'être gagnée pour le PS à la législative partielle, organisée les 16 et 23 juin 2013. Le candidat socialiste Bernard Barral affronte 16 autres prétendants, dont l'UMP Jean-Louis Costes et le FN Etienne Bousquet-Cassagne. Les socialistes auront également du mal ce samedi à regagner leur siège dans la 1e circonscription des Français de l'étranger, où l'UMP Frédéric Lefebvre a viré en tête au premier tour.

Une autre affaire a également fait perdre un élu au PS. La semaine dernière, la députée Sylvie Andrieux, a été condamnée à trois ans de prison dont un ferme. L'élue a certes fait appel, mais elle a été exclue du groupe PS à l'Assemblée nationale le 5 juin.

Le PS sauvé par les chevénementistes

La situation serait encore pire si Napole Polutélé, député de Wallis-et-Futuna, ne s'était pas décidé à rejoindre le groupe socialiste. Il avait pourtant été soutenu par l'UMP lors de son élection, le 24 mars dernier.

Reste que dans les faits, la majorité du PS n'est déjà plus que théorique à l'Assemblée nationale. Selon le décompte du Palais Bourbon, les socialistes seuls ne sont que 276 dans l'hémicycle, en-dessous du seuil de la majorité absolue donc.

Ils ne doivent leur salut qu'aux 16 "membres apparentés" du groupe: des dissidents aux dernières élections, ou des chevénementistes du Mouvement Républicain et Citoyen. "Les socialistes gardent pour l'instant la majorité absolue grâce à nous", déclarait d'ailleurs l'un d'entre eux, Jean-Luc Laurent, à L'Opinion.

Si la perte de la majorité absolue fait sourire les alliés des socialistes, c'est parce qu'elle devrait amener le parti à davantage prendre en compte leur avis et surtout leurs amendements au Parlement. Indispensable pour éviter de se retrouver en minorité lors du vote d'un texte.

Radicaux et écologistes en embuscade

Jean-Michel Baylet, président du PRG
Jean-Michel Baylet, président du PRG © -

"Dans la vie publique il est souhaitable de tenir compte de toutes les opinions et surtout d'écouter ses amis", réagissait ainsi le président du PRG (Radicaux de gauche) et sénateur du Tarn-et-Garonne au Figaro, "pas malheureux" de la situation.

Il prévient: les radicaux de gauche seront loyaux envers François Hollande, "mais loyauté ne veut pas dire être godillot et nous faisons donc entendre, si nécessaire, nos désaccords, notamment sur les textes institutionnels."

Les négociations s'annoncent encore plus ardues avec les écologistes, enfants terribles de la majorité. "Les Verts revendiquent leur indépendance à l'Assemblée, un coup dur pour le gouvernement", titrait ainsi Le Figaro, après leur vote à l'unanimité contre le projet de loi sur l'enseignement supérieur et la recherche.

Le 25 mai dernier, le conseil fédéral d'Europe Ecologie - Les Verts dénonçait même "la politique gestionnaire à courte vue" de l'exécutif et demandait un "changement de cap rapide et significatif".

Face à ces velléités d'indépendance, Harlem Désir, premier secrétaire du PS, a prévenu sur France Info: le parti "se battra" pour conserver sa majorité absolue. Pour Le Figaro, il pourrait surtout retarder toute législation sur le non-cumul des mandats, afin d'éviter de nouvelles législatives partielles.


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