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Parti socialiste

Anne Hidalgo joue la carte de l'alternative au gouvernement

Anne Hidalgo veut jouer sa carte en solo.

Anne Hidalgo veut jouer sa carte en solo. - Patrick Kovarik - AFP

De plus en plus, l'édile parisienne prend de la distance vis-à-vis du Parti socialiste et de l'exécutif. Et redonne corps à une vieille tradition française: la mairie de Paris est un espace politique indépendant.

Anne Hidalgo, maire de Paris, mais pas seulement. En annonçant la création prochaine d'un camp d'accueil pour réfugiés à proximité de la capitale, l'élue se distingue une nouvelle fois des positions de son parti et du gouvernement. En faisant entendre sa petite musique, Anne Hidalgo redonne corps à un rôle historiquement lié à sa fonction: celui de contre pouvoir. 

De la Commune à Jacques Chirac 

Et l'histoire de l'indépendance politique commence il y a bien longtemps. En 1871, face à l'invasion prussienne, et alors que la France capitule, Paris organise le siège. Durant deux mois, du 18 mars à la "semaine sanglante" du 21 mai, la capitale entre en insurrection et installe un nouveau régime politique issu des idées révolutionnaires. Après 64 jours de gouvernement, les communards sont réprimés dans le sang par les "Versaillais", l'armée du gouvernement, installés dans la ville dont ils tirent leur nom. 

Passée la répression, le gouvernement de Versailles prend une décision radicale. La fonction de maire de Paris est supprimée pour éviter à l'avenir les velléités d'indépendance de la capitale. Elle ne sera rétablie qu'en 1977. Lors de la première élection depuis près d'un siècle, c'est Jacques Chirac qui est élu maire avec 45% des voix. Et, très vite, le patron du RPR d'alors remet au goût du jour l'indépendance toute parisienne.

Dès son élection, Jacques Chirac entre en conflit ouvert avec le clan du président Giscard d'Estaing. Le tout nouveau maire de Paris relance d'abord la construction de la voie sur berge rive gauche, voulue par Pompidou (dont elle porte désormais le nom) mais abandonnée par VGE. Il continue en remplaçant le projet artistique voulu par le président pour les Halles par le sien, réalisé par Jean Willerval.

Là où Bertrand Delanoë avait pour habitude de peu se mêler de politique nationale, préférant se consacrer pendant 13 ans à sa fonction municipale, celle qui lui a succédé ne l'entend pas de cette oreille. Depuis son élection en 2014, Anne Hidalgo veut imposer sa marque. 

L'écologie comme fer de lance

Ayant bâti une grande partie de sa campagne sur l'environnement, Anne Hidalgo en fait son premier cheval de bataille dans sa fronde contre le gouvernement. Quitte à se fâcher avec Ségolène Royal. Alors que la maire de Paris veut automatiser le système de la circulation alternée en cas de pic de pollution, la ministre de l'Ecologie bloque. 

Le conflit atteint son paroxysme le 1er novembre, alors que la pollution atteint un nouveau sommet dans le ciel parisien. La maire réclame la circulation alternée. "Trop tard" répond en substance la ministre de l'Ecologie, alors en déplacement en Chine. C'est finalement Anne Hidalgo qui aura gain de cause et fera reculer la ministre comme sur le sujet brûlant de l'extension de Roland Garros quelques mois plus tôt. 

Les réfugiés et 2017 pour enfoncer le clou

Pour bien faire comprendre au gouvernement qu'elle n'est pas une socialiste comme une autre, Anne Hidalgo a fait de l'accueil des réfugiés un nouveau combat. Depuis plusieurs mois, l'élue multiplie les piques à l'égard de l'équipe de Manuel Valls, accusée de ne pas en faire assez pour régler la crise humanitaire. 

Anne Hidalgo annonce même la création d'un centre d'accueil pour réfugiés à proximité de Paris, sur un terrain possédé par la ville. Un pied de nez radical aux socialistes qui se débattent depuis des mois avec le problème des milliers de migrants qui se massent aux portent de l'Europe. 

Dernier point d'achoppement entre Hidalgo et le gouvernement: la présidentielle de 2017. La maire de Paris n'est pas de ceux qui soutiennent de facto une nouvelle candidature de François Hollande. En avril, l'élue prévoyait "une alternance sauf miracle". Il y a quelques jours, Anne Hidalgo va plus loin et demande à François Hollande "d'assumer son bilan". Pendant que de son côté, la maire de Paris continue de faire cavalière seule. 

Paul Aveline