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Parti communiste français

"Régime d'apartheid": les communistes présentent un texte polémique sur Israël à l'Assemblée nationale

Le député communiste Jean-Paul Lecoq le 4 février 2020

Le député communiste Jean-Paul Lecoq le 4 février 2020 - Thomas SAMSON / AFP

Les députés du PCF défendent une proposition de résolution condamnant "l'institutionnalisation par l'État d'Israël d'un régime d'apartheid", à l'occasion de leur niche parlementaire ce jeudi. Un texte similaire avait déjà créé de vifs débats en juillet dernier.

Jour j pour les députés communistes. Le groupe Gauche démocrate et républicaine (GDR), dont ils font partie, a la main sur l'ordre du jour de l'Assemblée nationale ce jeudi à l'occasion de sa niche parlementaire. Autrement dit, ses élus pourront présenter des propositions de loi et les soumettre ensuite au vote de la représentation nationale en fonction de l'avancée des débats, qui se termineront quoi qu'il arrive à minuit.

Au menu: la réintégration des soignants non-vaccinés, la protection d'EDF, le retour de fonctionnaires d'État ultramarins dans les Outre-mer... Mais surtout, un texte qualifiant le pouvoir israélien de "régime d'apartheid" qui promet déjà des débats houleux. Et ce dès l'ouverture de la séance, à 9 heures, puisque cette proposition de résolution est au premier rang de l'ordre du jour.

"Voilà les nouveaux antisémites"

Portée par le député communiste Jean-Paul Lecoq, son objectif est de "réafirm[er] la nécessité d'une solution à deux États". Tout en "condamnant l'institutionnalisation par l'État d'un régime d'apartheid consécutif à sa politique coloniale".

L'initiative a déjà provoqué un indignation sur les bancs de la droite et de la majorité, avant même d'être débattue. Fin mars, Éric Ciotti l'avait qualifié de "texte infame". Le président du parti Les Républicains promettait de le "combattre de toute [ses] forces".

"Voilà les nouveaux antisémites", avait jugé Meyer Habib, apparenté au groupe de droite. Réélu le mois dernier après une législative partielle, organisée en raison d'irrégularités entachant sa première élection, il représente la 8ème circonscription des Français de l'étranger, dont fait partie Israël.

"Détestation d'Israël"

Parmi les troupes présidentielles, le député Mathieu Lefèvre avait fait part de sa stupeur face à une "proposition de résolution scélérate". "Comptez sur les députés Renaissance pour s'y opposer pied à pied", prévenait-il.

Des voix dissonantes se font également entendre du côté de la gauche et plus particulièrement chez les socialistes. Ce n'est d'ailleurs pas nouveau, tout comme le texte des communistes. En juillet, Jean-Paul Lecoq avait déjà déposé une proposition de loi similaire. Elle revenait à condamner "l'institutionnalisation par Israël d'un régime d'apartheid à l'encontre du peuple palestinien".

Député du parti à la rose, Jérôme Guedj avait alors dénoncé "24 pages", qui "transpirent la détestation d'Israël", expliquant ne "pas comprend[dre] en quoi une telle mise au ban d'un État fait avancer d'un millimètre la paix".

La position des socialistes n'a pas changé. Dans un communiqué publié ce mercredi, la direction fait ainsi savoir que la parti, "réuni en bureau national le mardi 2 mai, a exprimé son opposition à ce texte qualifiant Israël de 'régime d'apartheid'". Si la formation présidée par Olivier Faure "condamne l'utilisation [de ce] terme", elle est néanmoins favorable à la "reconaissance de deux États souverains, vivant côte à côte en sécurité".

"Paix"

Parmi les écologistes, le soutien est très loin d'être évident. Seuls deux députés - Aurélien Taché et Sabrina Sabaihi - ont co-signé le texte. Les communistes peuvent néanmoins compter sur des élus de la France insoumise. Une vingtaine d'entre eux - dont Louis Boyard, Danièle Obono et Thomas Portes - font partie des co-signataires.

De son côté, Jean-Paul Lecoq défend dans Le JDD un second texte différent du premier. "Je l’ai un peu modifié parce que j’ai compris que dans sa première version, il pouvait être blessant, notamment lorsqu’il était question de races et de politiques raciales de la part d’Israël", explique l'élu de Seine-Maritime, soulignant néanmoins que "ce sont des termes qui sont employés par l'ONU et de nombreuses organisations internationales".

Évoquant une issue à deux États, dans laquelle "les peuples palestiniens et israéliens pourraient cohabiter", Jean-Paul Lecoq assure au journal que son "seul objectif" est de "trouver la voie la plus rapide et la plus sûre vers la paix".

Baptiste Farge